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Air France dans le collimateur de la CCI de Corse


Philippe Jammes le Mercredi 15 Juillet 2020 à 19:46

Pour le président de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie de Corse « la coupe est pleine » et lors d’une conférence de presse qui a eu lieu ce 15 juillet à Bastia, Jean Dominici a tiré à boulets rouges sur la compagnie aérienne Air France. Autour de la table de nombreux socioprofessionnels mécontents, eux aussi, des errances de la compagnie aérienne.



Air France dans le collimateur de la CCI de Corse
Avant de lister ses griefs contre Air France, Jean Dominici a tenu à revenir sur les actions de la Chambre dans la lutte contre la crise du Covid-19. «Nous avons travaillé durant de longues semaines avec les autorités, les socioprofessionnels, nos équipes pour créer, recréer les conditions du redémarrage des connexions aériennes et maritimes de la Corse en dehors et en plus des lignes du service public ».

Le président a ainsi annoncé des mesures de marketing avec une aide aux compagnies pour reprogrammer la destination Corse, mesures d’un budget dépassant les 5 M€, pour éviter le risque d’une saison totalement blanche.

Autre mesure, celle de sécurisation des flux et des populations en lien avec l’ARS, les services préfectoraux et les compagnies de transport. Un vaste plan a été activé sur les 10 ports et aéroports de l’île comprenant notamment des contrôles de températures aux arrivées. Si le Jean Dominici se félicite du bon travail accompli, il souligne que tous les opérateurs n’ont pas joué le rôle attendu «La compagnie Air France s’est illustrée de bien sombre manière sur le réseau OSP (Obligations de Service Public) avec des annulations en cascade pour finalement 32 lignes de moins que l’an dernier, et, pire, près de 130 000 sièges annulés alors qu’ils avaient été programmés pour 2020 au début du mois de mai. Tout ceci doublé d’une quasi-absence de services clients, d’information et a fortiori d’accompagnement des usagers désorientés pour leur proposer des solutions de re-routage raisonnables ».

Jean Dominici a également dénoncé les prix pratiqués par la compagnie aérienne. «Les prix pratiqués sont apparus très élevés, bien plus élevés que les autres années, ce qui chacun en conviendra constitue dans le contexte un effet d’aubaine inacceptable ».

En résumé, pour la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie, ce sont 2 «vrais et sérieux problèmes qui sont venus entraver nos efforts et ceux des acteurs économique de la Corse dans la lutte contre la crise : le para commercialisme dans l’hébergement marchand et l’attitude contreproductive du groupe Air France qui est loin de démontrer l’engagement que  nous attendions pour soutenir la Corse dans cette épreuve ».

Jean Dominici a souligné que le préfet de Corse avait été saisi et qu’un rendez-vous au plus haut niveau de la compagnie avait été demandé. «Nous sommes déterminés à ce que des solutions urgentes soient mises en face de chacun des problèmes identifiés ».


Du coté des socioprofessionnels on se range en ordre de bataille derrière la CCI
 «Une question se pose » déclare Jean-Pierre Pinelli, propriétaire de l'hôtel La Villa à Calvi, membre du Cercle des Grandes Maisons Corses, «Dans le cadre de l’OSP et de la continuité territoriale, cela dotation et le cahier des charges sont-ils toujours d’actualité ? Le cahier des charges n’est pas abouti, il convenait il y a quelques années, plus aujourd’hui. Ne pensez-vous pas qu’il serait possible de le réviser ? Au sujet de l’OSP, il convient de réfléchir à ce qui conviendrait le mieux à l’économie, comme l’étalement de la saison touristique ».


Absence de rencontres avec les élus territoriaux
L’hôtelier souligne aussi avoir rencontré la direction d’Air France qui lui a fait part de son regret de l’absence de rencontres avec les élus territoriaux. Pour Jean-Baptiste Ceccaldi, hôtelier à Calvi et lui aussi membre du Cercle des Grandes Maisons Corses « Ce qui est préoccupant c’est ce problème d’annulation des sièges du soir au lendemain. On programme des sièges pour faire face à la demande et au dernier moment on annule. Je pose moi aussi une question : Ont-ils subi des pressions ? ».


La pénurie de voitures de location
L’hôtelier pointe aussi, dans un autre registre, le problème de pénurie de voitures de location, problème toutefois que certains loueurs n’ont pas connu : «Avec cette pénurie qui a été très médiatisée, on a renvoyé une image négative de notre destination. Il faut faire des efforts pour gommer cette catastrophe ». Coté positif, Philippe Albertini, directeur la CCI, se réjouit lui de la bonne programmation des autres compagnies, les fameux low cost. «Ils ont renforcé leurs lignes et leurs sièges. C’est une bonne chose. Mais on doit réfléchir aujourd’hui sur les conditions d’attribution à Air France. La compagnie bénéficie d’un polygone de points d’appui et elle est à la traine. On critique les low cost, qui ne disposent d’aucune aide,  mais ils sont bien là cette année et c’est bien. Celles qui bénéficient d’aides ne sont pas présentes. Il y a vraiment deux comportements différents. On va demander un rdv à Air France. Coté location de voiture, le problème est désormais résolu». Jean-Pierre Pinelli revient aussi sur la crise sanitaire : «Avec cette crise du Covid, on s’est aperçu de l’emprise du tourisme au niveau mondial. Depuis 3 mandatures, on bénéficiait d’un affectif dans nos relations avec Paris. Aujourd’hui on pêche vraiment dans ce domaine. Il faut renouer avec les transporteurs, redonner ses lettres de noblesse à notre île. Je constate que la Corse est entourée de grosses destinations touristiques : Italie, Sardaigne, Monaco, Côte d’Azur. Or ces destinations refusent aujourd’hui des touristes. Il faut en profiter ».

Jean-Noël Marcellesi, hôtelier et président du Cercle des Grandes Maisons Corses dénonce lui aussi de la part d’Air  France «une politique totalement incompréhensible  puisque erratique qu’on pourrait qualifier de politique gribouille qui consiste à mettre en ligne des vols, puis de les annuler, puis de les reprogrammer, puis de les annuler définitivement. Autre observation,  Air France et Air Corsica se partagent 60 M€ de subventions d’équilibre et cela confère à Air France une obligation morale qui n’est pas remplie dans les conditions aujourd’hui. On veut qu’Air France nous rencontre et s’explique car il y a aujourd’hui un préjudice à l’image de  la destination Corse. Heureusement  aujourd’hui existent les low cost qui contribuent à sauver ce qui peut l’être. »

Enfin Karina Goffi, présidente  de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) de Haute-Corse reproche elle aussi toutes ses annulations de vols qui ont eu pour effet des annulations de réservation, faute de vols de remplacement. «Et là-dessus nous n’avons aucune explication d’Air France. C’est pourquoi aujourd’hui notre collectif qui regroupe  CPME, U2P, MEDEF, Les Gîtes, les campings, le Cercle des grandes maisons, l’UMIH, Strada Corsa,  souhaite avoir des explications via la CCI car individuellement on ne nous répond pas ». Pour K.Goffi, après plusieurs  mois de diète, une petite reprise est perceptible en juillet. «On constate que nos clients jouent le jeu en nous appelant directement sans passer par les plateformes de réservation. Nos locaux aussi jouent le jeu. Aujourd’hui nous avons cette problématique des transports avec ces annulations dans l’aérien mais aussi des billets de bateau très chers. On peut penser que malheureusement mi septembre,  on aura des problèmes avec nos collaborateurs, nos salariés qu’on devra mettre au chômage ».


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