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À Ajaccio, l'arrivée des premiers touristes a son lot de désagréments


Julia Sereni le Vendredi 27 Mai 2022 à 18:10

Embouteillages, pollution, parkings et commerces bondés, ces quatre jours de pont de l’Ascension donnent aux Ajacciens un avant-goût de la saison touristique estivale... et de son lot d’inconvénients.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
« Ça y est, on ne peut plus se garer ! » À certaines heures de la journée, particulièrement durant cet avant week-end de l’Ascension, les Ajacciens l’auront remarqué, impossible de trouver une place en centre-ville. Même les parkings affichent complet. Quant aux embouteillages, déjà quotidiens  pour certains trajets, ils ne font que s’accentuer à mesure que la saison approche.
 
Ce constat, Laura, qui travaille dans le paramédical, le dresse sans détour : « Plus de voitures, plus de monde, plus de temps sur la route pour les trajets quotidiens. Entre la saison qui arrive en force et l'école toujours présente, ce n'est pas facile ! ». Épuisée par ces difficultés, Marina, vendeuse en centre-ville, a récemment renoncé à utiliser sa voiture. « Si je la prends, je suis bloquée sur le trajet par l’arrivée ou le départ des bateaux de croisières, et je me retrouve en galère. Donc maintenant, je fais tout à pied. Heureusement que je n’habite pas trop loin ! », lance t-elle. Mais parfois, la jeune femme est bien obligée de prendre son véhicule. Et l'expérience est rarement concluante : la veille, elle a mis « 45 minutes pour faire Ajaccio-Porticcio ».

Files d'attente et pollution

Des embouteillages, il commence à y en avoir aussi dans les commerces et les supermarchés. À certaines heures, les files d’attente rallongent. C’est ce qu’a remarqué Françoise, une retraitée de 70 ans. « Ça y est, l’avant-saison a commencé, on le voit. Autour de nous, on entend parler italien, allemand… Il y a bien plus de monde. Heureusement qu’il y a les caisses rapides ! », raconte t-elle, ses quelques articles à la main.
 
Autre conséquence, bien plus néfaste cette fois, la pollution générée notamment par les bateaux de croisière. Or, avec 340 escales prévues en Corse-du-Sud, dont 228 à Ajaccio, l’année promet d’être record. Mercredi 25 mai, la venue de l'Aida Cosma - et ses 6 000 places - dans la cité impériale n'est pas passée inaperçue. En avril dernier, avec l'arrivée des premiers mastodontes des mers, la Coordination Terra, qui regroupe plusieurs associations de protection de l’environnement et de la santé sur l'île, avait critiqué « le ballet incessant et polluant des navires de croisière », élément d’un « cocktail polluant toxique qui empêchera le Golfe [d’Ajaccio] d’atteindre le bon état écologique espéré ».

« Une manne dont on ne peut se passer »

Pourtant, les Ajacciens devront prendre leur mal en patience, car ces inconvénients ne sont pas près de s’arrêter. La fréquentation de la saison devrait être à l’image de celle de ce week-end. Selon l’Office intercommunal de tourisme (OIT) du Pays Ajaccien, « pour l’instant, nous sommes quasiment sur les chiffres de 2019, où nous avions enregistré 15 000 visiteurs sur le week-end de l’Ascension. Là, ce n’est pas fini, à notre avis nous allons faire pareil, voire mieux. C’est très encourageant pour la saison ». Selon les chiffres des plateformes concernant les réservations estivales, « nous sommes à plus 15% sur Booking et plus 70% sur Airbnb par rapport à 2019 ».
 
Si la présidente de l’OIT Christelle Combette ne nie pas les difficultés qui peuvent être rencontrées par les Ajacciens, elle considère toutefois que « le tourisme est une manne dont on ne peut se passer ». L’élue assure que l’OIT « travaille beaucoup sur l’étalement des flux, aussi bien au niveau de la temporalité qu’au niveau de l’espace. En organisant des évènements tout au long de l’année, sur les quatre saisons, nous incitons à venir en dehors de cette période de pic, et, sur place, les conseillers-séjours orientent les visiteurs sur l’ensemble du territoire », conclut-elle.