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Yann Arthus-Bertrand aux élèves du Lycée Jean-Nicoli : "on a tous un rôle à jouer"


Laurent Hérin le Vendredi 22 Janvier 2021 à 17:48

A l’occasion de la Semaine Green*, M6 diffusera « Legacy », le nouveau film événement de Yann-Arthus Bertrand, ce mardi 26 janvier à 21 heures. Le réalisateur photographe a souhaité le proposer en avant-première aux scolaires de 13 académies. 20 lycées participent à ce dispositif exceptionnel articulé autour d’une projection suivie d’un échange en visioconférence. Plusieurs élèves des cursus professionnels du Lycée Jean-Nicoli de Bastia, encadré par l’équipe pédagogique, ont pris part à ce débat.



L'équipe pédagogique et les élèves du Lycée Jean Nicoli sont prêt à échanger avec Yann-Arthus Bertrand
L'équipe pédagogique et les élèves du Lycée Jean Nicoli sont prêt à échanger avec Yann-Arthus Bertrand
On sent un peu d’agitation dans la salle multimédia Napoléon du Lycée Jean-Nicoli de Bastia, ce vendredi aux alentours de 13 heures. Dans quelques minutes, les élèves, tous éco-délégués, pourront échanger avec le réalisateur Yann Arthus Bertrand à propos de son film Legacy qui trace les grandes lignes d’une planète en danger. Ils l’ont découvert en avant-première ce vendredi matin.
Damien, élève en 1ere sécurité, nous explique : « C’est un film engagé qui évoque les difficultés de notre monde face à l’urgence climatique. » Il compte bien interroger le réalisateur sur « ses motivations, sur ce qui l’a poussé à faire ce film. »
A ses côtés, Renato, en classe de terminale, confirme : « Legacy est un film choc qui réussit son objectif, nous interroger sur l’urgence climatique et la biodiversité. En le voyant, on pourrait être pessimistes sur notre avenir mais aussi optimistes sur le fait qu’on peut encore agir. » En tous cas, ces images et le discours de Yann-Arthus Bertrand l’on fait réfléchir : « Je veux agir plus pour la planète, même à mon petit niveau, même ici au lycée tous les jours. »

Une belle initiative
On sent l’investissement des enseignants et des membres de l’équipe pédagogique qui encadrent ces élèves. Sur l’écran de la salle Napoléon, un délégué du ministère de l’Education fait une courte introduction et laisse la parole à Yann-Arthus Bertrand. Après avoir rappelé les fondamentaux de son film – l’urgence climatique et la biodiversité – il invite les élèves à prendre la parole. Les interrogations tournent autour du film et plus globalement autour de l’écologie. Le réalisateur confirme : « La catastrophe climatique est imminente mais on a tous un rôle à jouer. Surtout vous, la jeune génération. Les mentalités doivent changer. Nous sommes tous responsable de ce qui arrive, il faut maintenant réfléchir à nos actes : quand on prend l’avion, quand on met de l’essence dans sa voiture ou quand on consomme de la viande industrielle par exemple. »
 
Echanges
A Bastia, les yeux rivés sur l’écran, les élèves sont attentifs, on les sent impliqués et même inquiets. Ils attendent leur tour pour intervenir tandis que Yann-Arthus Bertrand continue de répondre aux questions. « J’ai fait ce film à l’économie contrairement à Home [son précédent, 2009] qui avait coûté de l’argent. On a beaucoup utilisé d’images d’archives, le montage a duré pratiquement un an. Et quand il nous fallait des images, plutôt que de nous déplacer, on faisait appel à des équipes sur place qui nous envoyaient ensuite leurs vidéos. » Il se souvient d’ailleurs « avoir eu les larmes aux yeux en découvrant certaines séquences. J’ai beaucoup de tendresse pour ce film. »
Il prend le temps de répondre à chaque question et lance même les élèves : « C’est un combat permanent ! C’est à vous, à nous de bouger. Arrêtons d’en attendre trop des autres. » Il concède à une jeune fille qui trouve le film trop dur : « mais ce film regarde la réalité en face. Il est dur parce que notre planète est en danger. Il ne faut pas attendre et espérer…il faut agir ! Maintenant. » Il avoue aussi parfois ses limites : « Je suis écologiste, pas économiste. Ni devin. Je ne peux pas vous dire exactement ce qu’il en sera dans 30 ou 40 ans. » Il étaye son propos d’exemples : « Le Bangladesh est un pays pauvre qui souffre et va encore souffrir du changement climatique, alors que son impact carbone est 100 fois moindre que celui des Etats-Unis. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a de vivre en Europe. Nous sommes des privilégiés. »
 
Questions
Les jeunes du Lycée Jean Nicoli sont enfin récompensés de leur attente, c’est à eux de prendre la parole. C’est Damien, l’élève de 1ere, qui intervient : « Votre film va donner un nouvel élan mais qu’attendez vous de nous ? »
« De la colère ! Je veux que vous soyez en colère. Que vous manifestiez, sur les réseaux sociaux par exemple » lui répond Yann-Artus. « On essaye ! » réplique Damien. « Et moi aussi j’essaye, tout comme toi. De convaincre les politiques, mes amis, mes proches. Il ne faut pas baisser les bras. L’engagement rend heureux. »
Mais déjà le temps de parole est terminé. Un autre lycée prend la place. Ce qui n’empêche pas Damien d’être applaudi par ses camarades.

L’attention descend alors d’un cran tandis que l’intervention touche à sa fin. Jean-Michel Blanquer, « très solennel » comme lui fait remarquer Yann-Arthus Bertrand, intervient finalement depuis son ministère de l’éducation. Il salue d’un geste les élèves et se dit heureux de leur adresser un petit message : « Je vous félicite pour votre engagement. Vous pouvez faire progresser les choses concernant le changement climatique et la sauvegarde de la biodiversité. Il n’est pas trop tard. » Sur cette note d’espoir, il en profite aussi pour leur souhaiter « une belle année 2021. »
 
* Cette opération intitulée #semainegreen fait partie d’un dispositif exceptionnel qui se déroule du 24 au 31 janvier sur toutes les chaines du groupe M6 : W9, 6Ter, Téva, Gulli, 6play et la radio RTL.