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Voce Cani Corsica, un nouveau collectif pour agir contre la maltraitance canine


le Samedi 19 Avril 2025 à 10:46

Créée il y a quelques semaines par des défenseurs de la cause animale, cette nouvelle structure veut agir avec détermination contre la maltraitance canine en Corse. Si dans un premier temps ses membres prévoient de s'intéresser aux conditions de vies des chiens de chasse en chenil - en soulignant ne pas vouloir stigmatiser l’ensemble des chasseurs-, ils souhaitent par la suite s’attaquer thème par thème à l’ensemble de cette problématique.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Lassés de voir des dossiers qui n’avancent pas ou peu, ces défenseurs de la cause animale ont souhaité unir leurs forces pour avoir plus de poids. Afin de lutter contre la maltraitance canine en Corse, le collectif Voce Cani Corsica a vu le jour il y a quelques semaines, à l’initiative de Laurence Constantin, la présidente de l’ONG Global Earth Keeper, de Dominique Guillerm, la vice-présidente de l’association Pietranimalia, et de Me Joëlle Acquaviva, avocate en droit animalier et présidente de l'association Salva. Une nouvelle structure sur laquelle les trois femmes travaillent depuis déjà quelques mois aux côtés d’acteurs associatifs, mais aussi des refuges de l'île, de vétérinaires, ou encore de comportementalistes. 
 
« Notre objectif c’est de s’occuper de la maltraitance canine, thème par thème », indique Laurence Constantin. « Nous avons décidé de nous intéresser en premier lieu aux chiens de chasse vivant en chenil, parce qu’il y a de plus en plus de personnes qui viennent vers nous, ou directement vers les forces de l’ordre, pour signaler que selon eux – et souvent cela s’avère vrai – des chiens vivent dans de mauvaises conditions de vie. On voit des animaux vraiment très maigres, qui vivent sans abri, ou avec des abris très sommaires, directement dans le maquis. À force de constater que ces cas se multiplient, on s’est dit qu’on allait commencer par travailler sur ce sujet », ajoute-t-elle. 
 
Dans ce droit fil, le collectif entend essayer d'améliorer les conditions de ces animaux qui vivent dans des enclos de fortune, sans espace suffisant ni contrôle sanitaire. « Ce sont des situations qu’on nous signale ou qu’on constate nous-mêmes sur le terrain. Ce sont souvent des lieux cachés, que personne ne voit », explique Laurence Constantin en pointant le fait que les conditions de vie d’un animal qui reste enfermé toute la journée ne répondent pas à l’article L.214-1 du Code rural, qui dispose que « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». « Un chien a besoin de contact et de courir. Lorsqu’il est enfermé en permanence et qu’il ne court que de temps en temps, il ne subvient pas à ses nécessités biologiques », déplore-t-elle en ajoutant : « Et puis, on voit beaucoup de chenils où les chiens n’ont pas vraiment de niches, mais des bidons en plastique renversés. Quand les chiennes mettent bas, les petits ne sont pas à l’abri et traînent dans la boue ». 

" Il y a beaucoup trop de chiens de chasse qui souffrent
 "
 
Si les membres de Voce Cani Corsica soulignent ne pas vouloir jeter l’opprobre sur l’ensemble des chasseurs, ils souhaitent alerter sur ces pratiques bien présentes sur l’île mais souvent passées sous silence, qu’ils jugent inacceptables. « Il y a des chasseurs qui sont exemplaires, bien sûr. Mais en attendant, il y a beaucoup trop de chiens de chasse qui souffrent », appuie Laurence Constantin en glissant que de plus en plus de cas sont remontés aux oreilles des membres du collectif. Ce qui a décidé ses membres à faire une série de propositions au président de la fédération régionale de chasse. Une demande restée lettre morte à ce jour. « Nous avons tenté de joindre la fédération régionale de chasse mais nous n’avons réussi à joindre personne », regrette Laurence Constantin en notant que le président a toutefois réagi à la demande du collectif sur les ondes de RCFM en milieu de semaine. « Il a dit qu’il n’a jamais reçu de signalement pour des faits de maltraitance. Mais les gens ne vont pas faire remonter ce genre d’informations à lui, car ils ne pensent même pas à contacter la fédération. Par contre, nous nous avons des dossiers, nous disposons de preuves, des photos et des films. Dernièrement, j’ai déjà fait retirer 17 chiens qui étaient dans un état lamentable. Sans dire que tous les chasseurs maltraitent leurs chiens, l'idée c'est quand même de ne pas être dans le déni et d'apporter des solutions », indique Laurence Constantin en appuyant : « L'idée, ce serait d’abord d’essayer d’apporter des solutions. Et petit à petit, de faire entrer dans les consciences que l’animal est un être sensible, qu’il y a des lois, et qu’un partenariat puisse naître avec les fédérations. Nous avons une liste de propositions écrites qu’on souhaite leur soumettre ».

Une action en justice envisagée pour les cas les plus graves
 
Plus loin que les chiens de chasse parqués dans des chenils, le collectif Voce Cani Corsica prévoit dans un second temps de s’attaquer à d’autres problématiques de la maltraitance canine. « Nous commençons par ce sujet pour ne pas nous disperser car on ne peut pas être partout, mais nous prévoyons aussi de nous intéresser rapidement aux animaux que j’appelle “des fonds de jardins”, “des fonds de cours”, ou “des fonds de balcons” », dévoile Laurence Constantin. Son association, Global Earth Keeper, a d’ailleurs rédigé un livret sur les risques que fait courir une attache prolongée à un chien. Un document qui insiste sur le fait que cette pratique s’apparente à de la maltraitance. « Ce livret explique les problèmes pathologiques, physiologiques et psychologiques que peut avoir un chien lorsqu'il est trop attaché et qu'il ne reçoit pas d'affection. Nous allons nous appuyer dessus pour faire de la sensibilisation. C'est un document que je donne aussi aux forces de l’ordre pour les former à la question », dévoile-t-elle. 
 
Dans cette optique, s’il souhaite avant tout agir de façon proactive pour sensibiliser les propriétaires de chiens à l’ensemble de ces questions, le collectif Voce Cani Corsica affirme en outre qu’il ne s’interdira pas d’ester en justice face à des cas de maltraitance importante ou face à des récidivistes. « Quand on est face à de tels profils, il faut qu'on agisse pour que la personne n'ait plus possibilité d’avoir des animaux, et qu’elle paie pour ceux qu’elle fait souffrir », martèle Laurence Constantin en invitant les personnes témoins de cas de maltraitance canine à contacter Voce Cani Corsica. « On peut nous envoyer un résumé des faits le plus précis possible, accompagné de photos et autres preuves. Et tant que cela est possible, une personne du collectif sera mandatée pour faire un constat sur place avant d’agir », précise-t-elle.
 
 
Pour contacter le collectif : vocecanicorsica@gmail.com
 Ou via sa page Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=61575144670502