Vous allez vous produire ce jeudi à Erbalunga. Quels rapports entretenez-vous avec la Corse ? Y venez-vous souvent ?
C’est un endroit dans lequel je viens depuis que je suis petite : mon grand-père était sicilien et il nous emmenait en vacances en Corse tous les étés quand on était enfants. J’ai gardé un lien très fort avec l’île. Ensuite, j’y suis aussi venue souvent avec mon mari et mes enfants. La dernière fois que je suis montée sur scène ici, c’était il y a quatre ans avec Slimane, à Ajaccio. J’ai aussi fait pas mal de plateaux ici par le passé. Je suis ravie de revenir enfin en concert. Et cette fois, j’ai même calé quelques jours de vacances après le concert parce que j’avais vraiment envie de rester un peu. C’est une île que j’aime énormément.
Est-ce important pour vous de proposer vos concerts dans des lieux plus intimistes, comme celui d’Erbalunga, loin des grandes salles parisiennes ?
Oui, bien sûr. Les festivals en plein air, c’est une ambiance totalement différente. C’est souvent très familial, très festif, les gens chantent. C’est très différent des grandes salles ou des zéniths, mais c’est ce que je préfère. J’aime beaucoup la proximité que j’ai avec les gens, le fait de les voir et de les entendre. Sur scène, je prends beaucoup le temps de parler avec eux, et c’est donc un plaisir de changer d’ambiance.
Erbalunga, c’est une scène face à la mer, sous les étoiles… Ça vous inspire ?
Ah oui, ça fait rêver ! Je n’ai pas encore vu la scène, mais rien que d’en parler, ça me donne envie d’aller voir. Dès que j’ai découvert l’endroit, je me suis dit que j’allais rester quelques jours. C’est ce que j’aime le plus dans ce métier : voyager, aller à des endroits où je n'ai pas forcément l'habitude d'aller, rencontrer des publics différents. C’est magique de pouvoir chanter dans des endroits magnifiques et tester les publics, qui sont très différents. On ne sait jamais vraiment comment on va être accueilli. J’ai la chance d’avoir un public fidèle, qui me suit depuis 15 ans, qui connaît mes chansons par cœur. Ça devient un peu intergénérationnel, avec des femmes de mon âge qui ont grandi avec moi et qui viennent maintenant avec leurs enfants. Ce n’est que du bonheur.
Votre dernier album, Charlotte, est un succès critique et commercial. Quelle part de vous avez-vous mis dans ce projet ?
Je pense que c’est l’album le plus intime que j’ai jamais fait. On dit souvent que nos albums sont personnels, et c’est vrai, j’ai toujours raconté ma vie dans mes chansons, sans jamais me créer un personnage. Mais Charlotte, c’est encore autre chose : c’est le plus authentique, le plus privé, le plus sincère. J’ai eu le sentiment qu’il était temps de boucler une boucle, notamment en révélant mon prénom, une chose que que je n’avais jamais fait jusque-là. Dans cet album, je montre la femme derrière l’artiste, une femme comme tout le monde, remplie de failles, de doutes, de complexes, une maman qui essaie de bien faire et qui est remplie de culpabilité. On s’arrête souvent à l’image qu’on voit à la télévision ou sur scène. On pense connaître l’artiste, alors qu’on ne voit qu’une façade. Moi, par exemple, je suis incapable de me regarder à la télévision. J’avais besoin de raconter cette partie de moi, et d’aborder mes inquiétudes sur tout ce qu’il se passe dans le monde, sur la façon dont mes enfants vont grandir, sur le monde qu’on va leur laisser. Cet album, c'est une espèce de mise au point sur l’endroit où je me trouve, et c’est pour ça que je trouvais ça assez symbolique de l’appeler Charlotte.
En quoi cet album diffère-t-il de vos précédents ? A-t-il marqué un tournant dans votre carrière ?
Oui ! Cet album, c'est mon dernier album solo : je l'ai dit avant de rentrer en studio et de commencer à travailler dessus. Je pense que la musique est en train de changer, et je pense même que le format album est en train de disparaître. J'ai vraiment conçu cet album comme la boucle qui boucle mon premier album À fleur de toi, avec une introduction assez puissante, qui s'appelle Charlotte, et qui est un constat de tout ce que je vis. L’album se termine par Ton amoureuse, qui est une espèce d'ode dédiée à mon fils aîné.
Vous êtes l'une des artistes les plus populaires de la scène francophone depuis plus de 15 ans. Comment avez-vous traversé ces années ?
Une carrière, c’est compliqué, c’est des hauts et des bas, et c’est quelque chose que je dis beaucoup sur scène. J’ai traversé ces années en faisant mes propres choix, en montant mon propre label, en devenant productrice il y a plus de 10 ans maintenant, en récupérant les rênes de tout ce que je fais, parce que j'ai toujours écrit et composé. J’ai toujours essayé de me renouveler à chaque album, tout en suivant les courants qui changent, parce que la musique évolue. J’ai toujours été à l'aise avec les collaborations, avec le fait de m'entourer de gens talentueux, comme Renaud Rebillaud, avec qui j'ai composé tout cet album, et qui va justement me pousser dans mes retranchements. J’essaie toujours de m'entourer de gens exigeants, qui ne sont pas là pour me brosser dans le sens du poil, et c’est comme ça que j'ai construit ma carrière.
Votre style musical a évolué au fil du temps. Aujourd’hui, comment définiriez-vous l’univers de Vitaa ?
Je dirais qu’il est assez hybride, et c’est sûrement ce qui m’a permis d’entrer dans le cœur des gens. Mes chansons racontent mes histoires. On me demande souvent où je puise mon inspiration : c’est dans ma vie, dans ce que je vis au quotidien, dans mes relations, dans le rapport homme-femme, dans mon hypersensibilité. Musicalement, je me situe à la croisée de plusieurs genres : la pop, la variété, la chanson française - parce que mes parents n’écoutaient que ça - mais aussi le R’n’B, la soul et le hip-hop, qui sont les musiques de mon adolescence. J’ai toujours mélangé toutes ces influences pour créer quelque chose qui m’est propre. À l’époque, il n’y avait pas vraiment de case pour ça, alors j’ai créé la mienne.
Y a-t-il des moments où vous avez songé à vous éloigner de la musique ? Qu’est-ce qui vous y ramène toujours ?
Comme beaucoup d’artistes, oui, j’ai traversé des moments de doute. Mes débuts ont été très difficiles. Pendant plus de six ans, on a démarché toutes les maisons de disques avec mon premier album, qui était déjà prêt, maquetté… et personne n’en voulait. On me disait toujours : “C’est du R’n’B ? Qui est la cible ?” On galérait vraiment. Et puis un jour, il y a eu Confessions nocturnes avec Diam’s. Soudain, tout le monde nous a rappelés en criant au génie, sur les mêmes chansons qu'ils avaient déjà écoutées. Là, j’ai compris que c’était un monde d’opportunistes, et pas toujours sincère. Mais malgré tout, ce qui me ramène toujours à la musique, c’est ce lien que j’ai avec le public.
Comment vivez-vous cette tournée ? Chaque concert est-il encore un défi ?
Non, ce n’est pas un défi, c’est vraiment du bonheur. Je vis actuellement la plus belle tournée de ma carrière. On a commencé en octobre dernier, avec une tournée ambitieuse dans des zéniths et des arénas, et forcément, on se demande toujours si le public sera au rendez-vous. Mais honnêtement, je vis des moments merveilleux sur scène. Je vois des gens de toutes les générations chanter des titres qui ont parfois plus de 15 ans. Je descends dans le public, je vais les voir, je parle avec eux. C’est fort de voir que des petits bouts de ma vie, comme Avant toi que j’ai écrit avec Slimane, sont aussi leurs histoires. Après presque 20 ans de carrière, je me dis à chaque fois : quelle chance d'avoir un public au rendez-vous, d'avoir un public aussi fervent.
Vous êtes très proche de votre public, cela se sent sur scène. Qu’est-ce qui vous touche le plus dans ces échanges ?
Ce qui me touche le plus, c’est d’avoir commencé ce métier il y a plus de 15 ans sans aucune prétention, sans vouloir être connue, sans vouloir être une star, et d’avoir le sentiment d’être entrée dans le cœur des gens. Quand je suis sur scène, je vois parfois des petites mamies qui chantent Ma sœur, À fleur de toi ou Confessions nocturnes. Ces chansons, c’était mon premier album, mon journal intime, mes histoires de vie. Le public a grandi avec moi, et ça me touche par-dessus tout, au-delà des chiffres et des trophées. Ce qui me touche profondément, c’est de transmettre quelque chose de personnel à travers mes textes, et de voir que ça résonne chez les gens.
Un documentaire autour de votre parcours est sorti récemment. Pourquoi ce besoin de raconter votre histoire maintenant ?
J’étais vraiment dans cette démarche de vérité, avec la création de l’album. Au début, quand on m’a proposé de réaliser un documentaire, j’étais un peu réfractaire. Ensuite, je me suis dit que c’était peut-être le moment de le faire, parce que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Mais à une condition : que ce soit sincère, que ce ne soit pas juste un film qui retrace ma carrière. C’est pour ça que je l’ai coproduit, pour raconter des choses que les gens ne savent pas. D’ailleurs, je l'ai surtout pensé pour les gens qui ne me connaissent pas, plus que pour mes fans. On a eu un très bel accueil, mon public a été très touché, mais beaucoup de gens qui ne me connaissaient pas, notamment des médias, m'ont dit qu’ils ne s’attendaient pas à ça, et c’est vraiment ce que je voulais montrer.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Il y a quelques semaines, je me suis essayée à la comédie, dans la série Tout pour la lumière, diffusée sur TF1. Vous pourrez me découvrir à partir du 6 août dans le rôle d’Ophélia, une chanteuse française qui vient au Studio Lumière pour donner des masterclass et qui va se lier d'affection avec un élève très éprouvé par la vie et un peu marginal. La fiction, c'est une porte que je ne m'étais jamais autorisée à ouvrir, et c’était une erreur de ne pas avoir essayé avant, parce que j’ai adoré ça ! On est en discussion sur certaines choses, peut-être que ça fera partie de mes projets futurs.
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