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Vient de paraître : "Paroles de précaires " de Jérôme Camilly


le Mercredi 7 Novembre 2012 à 00:28

" Il suffit, quelquefois, de quelques mots pour servir de révélateur… Pour ce qui me concerne, il m’a fallu deux phrases pour comprendre comment vivent et ce qu’endurent ceux qui ont la rue pour domicile : « Ces rescapés de la misère, ils errent dans nos rues ou ils sont les hôtes de nos prisons. Pour certains d’entre eux, leur premier hôtel, le ventre de leur mère était déjà un taudis. Leur mère était, elle-même, une héritière de la misère. Comme la fortune, l’infortune se transmet. »



Vient de paraître : "Paroles de précaires " de Jérôme Camilly

L’auteur de cette analyse, sans concession, est Jacques Essekheri, psychologue, clinicien et psychanalyste. La seconde formule est une mise en garde. Elle est signée Xavier Emmanuelli, l’homme du SAMU social : « La précarité est devant nous.»
Durant un an, je suis allé à la rencontre des SDF, en accompagnant les maraudes de nuit de la Croix-Rouge, dans des squats, à l’abri d’un auvent, dans des bistros où ils se donnent rendez-vous, devant des portes cochères. Le premier contact a été rugueux. Et puis, jour après jour, j’ai trouvé les mots simples qui favorisent le dialogue… Quand il y avait dialogue ! J’ai vu, de près, les nouveaux pauvres qui ont un salaire si petit qu’il ne leur permet pas d’accéder à un logement. Ceux-là, souvent, couchent dans leur voiture qui leur sert de logement « précaire ». L’étape voiture, c’est le dernier stade avant la rue. Imaginez le froid, à l’aube, vers les cinq heures du matin, quand on a seulement un peu de tôle pour se protéger. Et maintenant, imaginez le froid quand on dort à même le sol.
Plus je rencontrais ces précaires, plus un sentiment d’injustice m’envahissait, je me disais qu’il était indécent qu’une société repue mette au rebut des hommes, des femmes (parfois avec des enfants), des jeunes aussi en rupture familiale, sociale et professionnelle, puisqu’ils n’ont, en général, pas exercé de métier.
Ces « enfermés dehors » se dégradent physiquement et mentalement parce que, m’a dit l’un d’entre eux, « la rue, ça escagasse. ». Et c’est vrai, qu’au bout de deux ans, ils n’ont plus de repères. Une étude affirme que l’espérance de vie d’un précaire est de 44 ans.
Au bout d’un an, j’avais accumulé des notes, des réflexions, des mots injurieux, des expressions touchantes. J’ai mis tout cela, bout à bout, et j’ai écrit « Paroles de précaires », avec des illustrations originales de Laurie.
Un volume destiné à sensibiliser tous les publics et dont les bénéfices seront reversés à l’association, la CLE, qui lutte contre l’exclusion.
Jérôme CAMILLY 

Vous pouvez vous procurer ce livre sur le site www.editeur-corse.com 
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