Vanina Chiarelli-Luzi, Conseillère exécutive en charge de la politique de l’eau Présidente de l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse (OEHC).
- Vous avez récemment pris vos fonctions à la tête de l'OEHC. Vous inscrivez-vous dans le droit fil de votre prédécesseur ?
- En effet, cela fait un peu plus de trois mois que j’ai pris mes fonctions. Permettez-moi donc, en premier lieu, de souligner l’engagement de mon prédécesseur, Gilles Giovannangeli, ancien conseiller exécutif en charge de la Politique de l’eau et Président de l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse (OEHC), ainsi qu’ancien vice-président du Comité de Bassin de Corse. Il a insufflé une dynamique nouvelle dans la gestion de cette ressource, tout en ouvrant la voie à une gouvernance plus ancrée dans les territoires. Cette évolution s’est notamment concrétisée à travers une programmation pluriannuelle d’investissement, la stratégie opérationnelle 2022-2035 de la Collectivité de Corse mise en œuvre par l’OEHC, les rencontres territoriales, I Scontri di l’Acqua, ainsi que la mise en œuvre des Plans de gestion de la Transition écologique (PTGE). Aussi, je m’inscris dans le droit fil de ces engagements, afin de poursuivre le travail de fond engagé depuis 2021.
- Quelles sont vos priorités ?
- Mes priorités sont celles définies dans le rapport sur la politique de l’eau en Corse, adopté à l’unanimité, fin avril 2023, par l’Assemblée de Corse. Les objectifs, que nous nous sommes fixés, visent à mettre en œuvre une nouvelle politique de l’eau pragmatique et résiliente, en menant des actions concrètes visant à réaliser des économies d’eau, tout en résorbant le retard historique en matière d’infrastructures. Cette stratégie opérationnelle permettra d’engager sur 10 ans plus de 240 millions € d’investissement, dont 160 millions € sur les grandes infrastructures et 80 millions € sur les extensions et créations de nouveaux périmètres. A savoir les rehausses de plan d’eau existants de Figari, d’E Cotule et de Peri, la création de nouvelles retenues collinaires comme celle de Vadina à 10 millions de m3 et celle du Sambucu, également des extensions de réseaux sur Pianottoli, Figari, le bassin ajaccien ou la vallée de Conca et des créations de nouveaux périmètres agricoles sur le Rizzanese, le Niolu ou le Marzulinu. Nous souhaitons également établir un contrat social et écologique, centré sur une gestion publique de l’eau, et un modèle de développement économique et d’aménagement du territoire en lien avec la disponibilité de la ressource. Enfin, nous entendons ajuster les modalités de gouvernance de l’eau pour répondre aux enjeux actuels avec, dans le cadre des discussions sur l’autonomie, la mise en place d’une agence de l’eau Corse et le développement d’une démarche territorialisée, notamment par la poursuite des PTGE.
- Avec ce renforcement des infrastructures, quel volume d'eau sera disponible ?
- Notre stratégie infrastructurelle 2022-2035 se base sur une combinaison d’opérations permettant une augmentation du stockage, des conditions de desserte et des économies d’eau. Elle permettra une augmentation du volume de stockage de la concession de l’OEHC à horizon 10 ans d’environ 16 millions de m3 dans les territoires prioritaires définis par le PBACC (Plan de bassin d’adaptation au changement climatique). En Plaine Orientale, ce seront 10 millions de m3 disponibles par la création du barrage de Vadina et 1 million de m3 supplémentaire avec la réhausse du plan d’eau du barrage de Peri. Dans le Sud-Est, on aura 2 millions de m3 supplémentaires par la rehausse du plan d’eau du barrage de Figari. En Balagne, on obtiendra 1,3 million de m3 en plus par la rehausse du plan d’eau du barrage d’E Cotule. Dans le Rizzanese, on aura 1,6 million de m3 supplémentaires par utilisation du droit d’eau de l’OEHC sur le barrage EDF dont 10% pour la Haute-vallée et 90% pour la moyenne et basse vallée. Nous comptons également faire des économies d’eau à hauteur d’environ 5 millions de m3 par les efforts appliqués sur les rendements et le remplacement de canalisations vétustes sur les réseaux de l’OEHC. Cette stratégie permettra donc une disponibilité à terme d’un volume de substitution supplémentaire d’au minimum 20 millions de m3. Aux 80 millions de m3 de stockage actuels sur les ouvrages de la concession et les droits d’eau sur les ouvrages EDF, s’ajouteront 16 millions de m3 progressivement d’ici 2033-2035. Sur les 15 années après, d’ici 2050, il faudra poursuivre l’effort afin d’atteindre 115 millions de m3 de stockage.
- Les agriculteurs dénoncent la lenteur dans la mise en œuvre des projets de nouvelles retenues d'eau. Où en est-on ?
- Notre stratégie opérationnelle permet la concrétisation pragmatique des projets en s’adaptant aux besoins réels des territoires dans un délai de 10-20 ans. Un choix clair a donc été fait pour répondre à la priorité numéro un : résorber rapidement le retard infrastructurel. La stratégie la plus rapide était de rehausser les ouvrages qui pouvaient l’être, avec l’avantage d’une durée d’opération plus courte et moins coûteuse. Afin de sécuriser le Sud-Est, la rehausse du plan d’eau du Barrage de Talza à Figari sera effective courant 2027. En Balagne, la rehausse du plan d’eau d’E Cotule sécurisera la région au moins jusqu’à 2050. En Plaine Orientale, l’ouvrage de Peri fait actuellement l’objet de grands travaux visant sa mise en conformité avec à la clé, 1 million de m3 supplémentaires. La mise en eau de la retenue collinaire majeure de Vadina est prévue d’ici 2028-2030. In fine, cette stratégie mobilise plus de 20 millions de € par an de crédits.
- Vous avez évoquez une nouvelle stratégie d'aide aux communes rurales. Comment va-t-elle se traduire ?
- L’OEHC continue d’apporter un appui technique aux communes de montagne en les accompagnant dans la gestion et l’optimisation de leurs infrastructures hydrauliques. Il poursuit ses missions auprès des collectivités locales dans le rural et en montagne pour concevoir de nouveaux aménagements hydrauliques multi-usages pour le compte de communes ou d’intercommunalités, comme c’est le cas dans le Niolu sur les villages de Calacuccia, Lozzi, Albertacce, Corscia et Casamaccioli en termes d’irrigation, d’hydroélectricité, de photovoltaïque, de soutien au réseau AEP et de défense incendie. Dans le Marzulinu, également avec des aménagements à vocations multiples avec irrigation et production photovoltaïque, ou encore sur Quenza avec irrigation, hydroélectricité, soutien au réseau d’eau potable et défense incendie. L’OEHC, dans le cadre d’une gestion publique de l’eau et des orientations fixées par la Collectivité de Corse pour l’aménagement hydraulique de la Corse, est évidemment à disposition des communes et territoires en soutien sur l’ingénierie financière et technique.
- Quel est le projet sur Pianottoli ?
- C’est un projet d’extension de réseau qui permettra l’irrigation de 170 hectares de terres agricoles. Pour être précis, ce sont même 5 extensions du réseau actuel sur 4 secteurs de la commune.
- D'autres vont-ils suivre ?
- D’ici 2030, de nombreux projets d’extensions de réseau ou de création de périmètres sont prévus. Ces aménagements se situent dans la vallée de Conca à Grossa, Bilia, Sartè, dans le Bassin ajaccien à Afa, Appiettu, Listincone, Peri, dans le Rizzanese sur la Haute vallée à Santa Lucia di Tallà et sur la moyenne et basse vallée à Santa Lucia à Pruprià et dans la Plaine de Baracci. Il y en aura aussi dans l’Alta Rocca à Quenza, dans le Marzulinu, le Niolu, le Désert des Agriates, etc.
- À l'aube de la saison estivale, quel est l'état de la ressource hydraulique ? Doit-on craindre des restrictions d'eau ?
- Les ouvrages de stockages sont pour la plupart pleins, exceptés d’une part, l’ouvrage de Peri qui est en travaux et donc déconnecté du réseau pour cette saison estivale 2025, et d’autre part, celui de Figari-Talza qui est rempli à quasiment 70% de son volume. Cet ouvrage poursuit sa reconstitution comme prévu. La situation ne nous inquiète pas pour l’instant, elle est sous contrôle. Aucune restriction n’est pour l’heure envisagée par les préfets. Rien ne permet de penser qu’ils auront besoin d’utiliser cet outil pour la saison estivale à venir. La météo est favorable avec des températures qui restent mesurées pour la saison et une saison de recharge particulièrement humide. Cependant, les conditions climatiques pourraient changer à l’approche de l’été, ce qui obligerait, dans ce cas, à envisager une gestion plus fine des stocks et des mesures adaptées.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- En effet, cela fait un peu plus de trois mois que j’ai pris mes fonctions. Permettez-moi donc, en premier lieu, de souligner l’engagement de mon prédécesseur, Gilles Giovannangeli, ancien conseiller exécutif en charge de la Politique de l’eau et Président de l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse (OEHC), ainsi qu’ancien vice-président du Comité de Bassin de Corse. Il a insufflé une dynamique nouvelle dans la gestion de cette ressource, tout en ouvrant la voie à une gouvernance plus ancrée dans les territoires. Cette évolution s’est notamment concrétisée à travers une programmation pluriannuelle d’investissement, la stratégie opérationnelle 2022-2035 de la Collectivité de Corse mise en œuvre par l’OEHC, les rencontres territoriales, I Scontri di l’Acqua, ainsi que la mise en œuvre des Plans de gestion de la Transition écologique (PTGE). Aussi, je m’inscris dans le droit fil de ces engagements, afin de poursuivre le travail de fond engagé depuis 2021.
- Quelles sont vos priorités ?
- Mes priorités sont celles définies dans le rapport sur la politique de l’eau en Corse, adopté à l’unanimité, fin avril 2023, par l’Assemblée de Corse. Les objectifs, que nous nous sommes fixés, visent à mettre en œuvre une nouvelle politique de l’eau pragmatique et résiliente, en menant des actions concrètes visant à réaliser des économies d’eau, tout en résorbant le retard historique en matière d’infrastructures. Cette stratégie opérationnelle permettra d’engager sur 10 ans plus de 240 millions € d’investissement, dont 160 millions € sur les grandes infrastructures et 80 millions € sur les extensions et créations de nouveaux périmètres. A savoir les rehausses de plan d’eau existants de Figari, d’E Cotule et de Peri, la création de nouvelles retenues collinaires comme celle de Vadina à 10 millions de m3 et celle du Sambucu, également des extensions de réseaux sur Pianottoli, Figari, le bassin ajaccien ou la vallée de Conca et des créations de nouveaux périmètres agricoles sur le Rizzanese, le Niolu ou le Marzulinu. Nous souhaitons également établir un contrat social et écologique, centré sur une gestion publique de l’eau, et un modèle de développement économique et d’aménagement du territoire en lien avec la disponibilité de la ressource. Enfin, nous entendons ajuster les modalités de gouvernance de l’eau pour répondre aux enjeux actuels avec, dans le cadre des discussions sur l’autonomie, la mise en place d’une agence de l’eau Corse et le développement d’une démarche territorialisée, notamment par la poursuite des PTGE.
- Avec ce renforcement des infrastructures, quel volume d'eau sera disponible ?
- Notre stratégie infrastructurelle 2022-2035 se base sur une combinaison d’opérations permettant une augmentation du stockage, des conditions de desserte et des économies d’eau. Elle permettra une augmentation du volume de stockage de la concession de l’OEHC à horizon 10 ans d’environ 16 millions de m3 dans les territoires prioritaires définis par le PBACC (Plan de bassin d’adaptation au changement climatique). En Plaine Orientale, ce seront 10 millions de m3 disponibles par la création du barrage de Vadina et 1 million de m3 supplémentaire avec la réhausse du plan d’eau du barrage de Peri. Dans le Sud-Est, on aura 2 millions de m3 supplémentaires par la rehausse du plan d’eau du barrage de Figari. En Balagne, on obtiendra 1,3 million de m3 en plus par la rehausse du plan d’eau du barrage d’E Cotule. Dans le Rizzanese, on aura 1,6 million de m3 supplémentaires par utilisation du droit d’eau de l’OEHC sur le barrage EDF dont 10% pour la Haute-vallée et 90% pour la moyenne et basse vallée. Nous comptons également faire des économies d’eau à hauteur d’environ 5 millions de m3 par les efforts appliqués sur les rendements et le remplacement de canalisations vétustes sur les réseaux de l’OEHC. Cette stratégie permettra donc une disponibilité à terme d’un volume de substitution supplémentaire d’au minimum 20 millions de m3. Aux 80 millions de m3 de stockage actuels sur les ouvrages de la concession et les droits d’eau sur les ouvrages EDF, s’ajouteront 16 millions de m3 progressivement d’ici 2033-2035. Sur les 15 années après, d’ici 2050, il faudra poursuivre l’effort afin d’atteindre 115 millions de m3 de stockage.
- Les agriculteurs dénoncent la lenteur dans la mise en œuvre des projets de nouvelles retenues d'eau. Où en est-on ?
- Notre stratégie opérationnelle permet la concrétisation pragmatique des projets en s’adaptant aux besoins réels des territoires dans un délai de 10-20 ans. Un choix clair a donc été fait pour répondre à la priorité numéro un : résorber rapidement le retard infrastructurel. La stratégie la plus rapide était de rehausser les ouvrages qui pouvaient l’être, avec l’avantage d’une durée d’opération plus courte et moins coûteuse. Afin de sécuriser le Sud-Est, la rehausse du plan d’eau du Barrage de Talza à Figari sera effective courant 2027. En Balagne, la rehausse du plan d’eau d’E Cotule sécurisera la région au moins jusqu’à 2050. En Plaine Orientale, l’ouvrage de Peri fait actuellement l’objet de grands travaux visant sa mise en conformité avec à la clé, 1 million de m3 supplémentaires. La mise en eau de la retenue collinaire majeure de Vadina est prévue d’ici 2028-2030. In fine, cette stratégie mobilise plus de 20 millions de € par an de crédits.
- Vous avez évoquez une nouvelle stratégie d'aide aux communes rurales. Comment va-t-elle se traduire ?
- L’OEHC continue d’apporter un appui technique aux communes de montagne en les accompagnant dans la gestion et l’optimisation de leurs infrastructures hydrauliques. Il poursuit ses missions auprès des collectivités locales dans le rural et en montagne pour concevoir de nouveaux aménagements hydrauliques multi-usages pour le compte de communes ou d’intercommunalités, comme c’est le cas dans le Niolu sur les villages de Calacuccia, Lozzi, Albertacce, Corscia et Casamaccioli en termes d’irrigation, d’hydroélectricité, de photovoltaïque, de soutien au réseau AEP et de défense incendie. Dans le Marzulinu, également avec des aménagements à vocations multiples avec irrigation et production photovoltaïque, ou encore sur Quenza avec irrigation, hydroélectricité, soutien au réseau d’eau potable et défense incendie. L’OEHC, dans le cadre d’une gestion publique de l’eau et des orientations fixées par la Collectivité de Corse pour l’aménagement hydraulique de la Corse, est évidemment à disposition des communes et territoires en soutien sur l’ingénierie financière et technique.
- Quel est le projet sur Pianottoli ?
- C’est un projet d’extension de réseau qui permettra l’irrigation de 170 hectares de terres agricoles. Pour être précis, ce sont même 5 extensions du réseau actuel sur 4 secteurs de la commune.
- D'autres vont-ils suivre ?
- D’ici 2030, de nombreux projets d’extensions de réseau ou de création de périmètres sont prévus. Ces aménagements se situent dans la vallée de Conca à Grossa, Bilia, Sartè, dans le Bassin ajaccien à Afa, Appiettu, Listincone, Peri, dans le Rizzanese sur la Haute vallée à Santa Lucia di Tallà et sur la moyenne et basse vallée à Santa Lucia à Pruprià et dans la Plaine de Baracci. Il y en aura aussi dans l’Alta Rocca à Quenza, dans le Marzulinu, le Niolu, le Désert des Agriates, etc.
- À l'aube de la saison estivale, quel est l'état de la ressource hydraulique ? Doit-on craindre des restrictions d'eau ?
- Les ouvrages de stockages sont pour la plupart pleins, exceptés d’une part, l’ouvrage de Peri qui est en travaux et donc déconnecté du réseau pour cette saison estivale 2025, et d’autre part, celui de Figari-Talza qui est rempli à quasiment 70% de son volume. Cet ouvrage poursuit sa reconstitution comme prévu. La situation ne nous inquiète pas pour l’instant, elle est sous contrôle. Aucune restriction n’est pour l’heure envisagée par les préfets. Rien ne permet de penser qu’ils auront besoin d’utiliser cet outil pour la saison estivale à venir. La météo est favorable avec des températures qui restent mesurées pour la saison et une saison de recharge particulièrement humide. Cependant, les conditions climatiques pourraient changer à l’approche de l’été, ce qui obligerait, dans ce cas, à envisager une gestion plus fine des stocks et des mesures adaptées.
Propos recueillis par Nicole MARI.










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