Corse Net Infos - Pure player corse
Corse Net Infos Corse Net Infos

CorseNetInfos


Vacances scolaires : en Corse, la convention citoyenne annoncée par Emmanuel Macron ne passe pas


Léana Serve le Lundi 5 Mai 2025 à 13:40

Alors que l’Élysée lance une convention citoyenne sur les rythmes scolaires, enseignants et parents d’élèves corses réclament un transfert de compétence à la Collectivité de Corse. Objectif : construire un calendrier adapté aux réalités climatiques et sociales de l’île.



Photo d'illustration
Photo d'illustration

Après le climat ou la fin de vie, c’est désormais l’école qui sera soumise à l’avis d’un panel de citoyens tirés au sort. Ce vendredi, l’Élysée a indiqué à l’AFP la mise en place d’une nouvelle convention citoyenne sur “les temps de l’enfant”, devant réunir 150 citoyens pour réfléchir à la réorganisation du temps scolaire en France. Au cœur du projet : les rythmes scolaires, mais aussi des vacances d’été jugées trop longues. “Il y a beaucoup de pays qui ne partent en vacances qu’à partir du 14 juillet. On a des vacances qui sont très longues l’été. [...] Le temps des enfants, c’est quelque chose qu’on va ouvrir, mais il faut que ce soit un peu discuté”, avait annoncé le président de la République au mois de février.

Pour le chef de l’État, cette initiative s’inscrit dans une volonté de moderniser le système éducatif. “Il me paraît nécessaire que l'on travaille à faire en sorte que l'organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu'un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles”, a-t-il expliqué au Parisien. Ce n’est pas la première fois que le président de la République recourt à ce format. La convention citoyenne pour le climat, lancée en 2019, avait permis à des citoyens de formuler 149 propositions sur la transition écologique. Celle sur la fin de vie avait quant à elle remis un rapport sur le sujet en 2023, donnant lieu à une proposition de loi examinée à l’Assemblée nationale.

Dans le cas de l’éducation, la convention citoyenne réunira 150 citoyens tirés au sort, qui se retrouveront pour débattre, s’informer et formuler des propositions. Encadrés par des experts et des professionnels de l’enfance, ils devront réfléchir à une réorganisation des rythmes scolaires adaptée aux besoins des élèves et des familles.


Une convention citoyenne jugée déconnectée des réalités en Corse
En Corse, l'annonce de cette convention citoyenne ne suscite pas l’enthousiasme du côté des syndicats enseignants et représentants de parents d’élèves. “C’est une véritable mascarade”, estime Fabien Mineo, représentant du SNUIPP-FSU. Pour lui, la méthode interroge plus que le fond. “Pourquoi tirer 150 citoyens au sort, dont beaucoup seront totalement éloignés de la réalité de l’école et des problématiques qui existent ? Pour nous, cette convention citoyenne est un écran de fumée pour éviter les vrais problèmes de notre métier : la rémunération, la violence à l'école et nos conditions de travail.” Même rejet du côté des parents d’élèves. Denis Luciani, président de l’associu di i parenti corsi, ne cache pas son scepticisme : “Tirer au sort des citoyens ? Ça ne veut strictement rien dire.” Il indique cependant que “débattre de manière globale sur les rythmes scolaires” serait “intéressant”.
 

Jean-Pierre Luciani, secrétaire national du STC Éducation, lance : “Réfléchir aux rythmes scolaires, pourquoi pas. Mais il ne faut pas que l’histoire se résume aux vacances scolaires qui sont jugées trop longues.” Pour Fabien Mineo, “ça fait un moment qu’Emmanuel Macron trouve que les enseignants ne travaillent pas assez”. “Mais ces vacances sont nécessaires, à la fois pour les enseignants, mais aussi pour les enfants, parce qu'il n'y a pas que l'école. On a en plus la chance en Corse d'avoir un tissu familial qui existe encore, et qui permet aux parents et aux grands-parents de faire découvrir ce qu’est le monde en dehors de l'école.”
 

Un calendrier adapté aux réalités locales ?
Plutôt que de passer par une convention nationale, les syndicats appellent à des solutions négociées localement, en lien avec les réalités spécifiques de la Corse. "On voudrait travailler sur les rythmes, mais à l'interne, avec les fédérations de parents d'élèves, les syndicats et l'administration. Vu qu'il fait chaud en juillet et en septembre, on aimerait revoir la journée, pour avoir, dans le premier degré notamment, une journée de classe de 6h30 au lieu de 6h, ce qui permettrait de dégager 12 jours de vacances supplémentaires. Les élèves ne rentreraient plus le 1er septembre, mais après le 8 septembre, et ils ne partiraient plus le 6 juillet, mais plutôt le 30 juin”, détaille Fabien Mineo.
 

Un avis que partage Denis Luciani. “On demande le transfert de la gestion des calendriers et des rythmes scolaires à la Collectivité de Corse. On propose un calendrier alternatif et on voudrait que le calendrier et les rythmes scolaires soient adaptés à la réalité géographique, culturelle, environnementale et climatique de la Corse. Ce serait une aberration de travailler en juillet, et au début du mois de septembre. Ça devrait commencer après le 8 septembre, pour des raisons culturelles et climatiques. On pourrait aussi avoir des apprentissages le matin et des activités l'après-midi, comme ça se fait en Espagne ou en Italie, mais c'est à décider en coopération avec les différents acteurs de la communauté éducative.”

Pour Jean-Pierre Luciani, il faut surtout réfléchir à la formation des enseignants, afin qu’ils puissent mieux adapter leur pédagogie au rythme réel des enfants. “Le fond du problème, pour moi, c'est de former les enseignants pour qu’ils puissent être en phase avec le rythme des enfants, pour leur proposer un temps de travail et un temps un peu plus souple. Est-ce qu'il ne faut pas, justement, mieux former les enseignants, et alterner les activités qui demandent de l’énergie, et celles qui en demandent moins ?”