Se faire prendre en photo pour soutenir une association qui accompagne les familles endeuillées après la perte d’un enfant : c’est l’objectif de l’opération Un portrait pour Souvenange, organisée chaque année par l’association du même nom. À l’occasion de la journée mondiale du deuil périnatal, qui a lieu le mercredi 15 octobre, Souvenange organise cette opération solidaire sur tout le territoire français, du 11 au 19 octobre. Pendant toute cette période, des photographes proposent des séances photo au tarif unique de 25 euros, qui seront entièrement reversés à l’association. Ce don permet de financer les actions de l’association, qui soutient les parents confrontés au décès d’un bébé en fin de grossesse ou dans les premiers jours de vie en leur offrant des photos de leur enfant.
En Corse, cette initiative est portée par Sylvie Lezier, photographe à Lucciana et bénévole auprès de Souvenange depuis l’année dernière. « Tout le monde peut venir se faire photographier du moment qu’on est sensible à l'association », explique-t-elle. « Pour s’inscrire, il faut d’abord faire un don auprès de l’association, et on peut ensuite prendre rendez-vous avec moi, et j’offrirai le portrait à toutes les personnes présentes. » Pour l’instant, six personnes sont déjà inscrites pour participer à cette journée solidaire. Les séances auront lieu le samedi 11 octobre, dans le studio de la photographe, de 9h30 à 12h et de 14h à 17h, uniquement sur rendez-vous. « Les gens peuvent se poser la question de savoir si c’est réservé aux personnes qui ont perdu un bébé, mais en fait, tout le monde qui est sensible à cette association et au deuil périnatal peut venir », précise-t-elle.
« On ne photographie pas la mort, on photographie l'amour »
Association nationale composée de photographes bénévoles, Souvenange intervient à la demande des parents ou à l’appel des maternités pour réaliser, gratuitement, des photos de bébés décédés avant, pendant ou peu après la naissance. « Parfois, les parents n’ont qu’une photo prise avec leur téléphone, de mauvaise qualité. Avec l’association, ça permet d’avoir de vraies photos et des souvenirs, et ça fait partie du travail du deuil », explique la photographe, qui a rejoint l’association après que sa fille ait perdu son bébé à huit mois et demi de grossesse, et qui a réalisé elle-même les clichés de son petit-fils. « Ma fille m’a dit qu’elle avait eu la chance d’avoir une maman photographe, parce qu’elle garde maintenant des souvenirs de lui. Ça a été un déclic : je n’osais pas m’engager dans l'association mais je me suis dit qu’après l’avoir fait pour mon petit-fils, je pouvais le faire pour les autres. »
Si elle n’a pas encore été appelée, Sylvie Lezier se tient prête. « Je me dis que c’est tant mieux, parce que ça veut peut-être dire qu’on n’a pas eu besoin de moi, mais je sais qu’il y a beaucoup de grossesses qui ne vont pas à leur terme, de bébés qui décèdent in utero, de bébés qui décèdent juste après la naissance… Je pense que l'association n'est pas encore assez connue. » Selon l’OMS, le deuil périnatal concerne plus de 7 000 familles chaque année en France, et c’est sur notre territoire que le taux de mortinatalité (naissances d’enfants sans vie) est le plus élevé d’Europe, avec un taux de 9,2 pour 1 000 naissances.
En plus de son action sur le terrain, Souvenange milite aussi pour faire évoluer les mentalités autour du deuil périnatal, encore largement tabou dans la société. Pour beaucoup, il reste difficile à évoquer. « Quand c’est arrivé à ma fille, on en a parlé autour de nous, et là, on s’est rendu compte que beaucoup de gens avaient vécu la même chose. En fait, nous connaissons tous quelqu'un à qui c'est arrivé, c'est sûr et certain. Et on ne veut pas du tout que ce soit tabou parce que ce bébé a existé pour ma fille, pour nous. On veut le rendre moins tabou parce que ça fait tellement de bien aux parents parfois d'en parler. » À travers l’opération Un portrait pour Souvenange, Sylvie Lezier souhaite rendre l’action de l’association visible auprès d’un public plus large. « C'est gratuit ce qu'on fait, c'est vraiment pour donner des photos aux parents. Ça peut paraître glauque pour beaucoup de monde mais quand on voit l'apaisement et ce que ça apporte aux parents, mon métier a encore plus de sens. On ne photographie pas la mort, on photographie l'amour. »
Un portrait pour Souvenange, le samedi 11 octobre au Studio Carpediem à Lucciana
Pour faire un don à l’association Souvenange et réserver un créneau pour la séance photo
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