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Un anniversaire en Forêt pour le PEFC Corsica


Laurina Padovani le Mardi 24 Septembre 2019 à 17:50

Le PEFC organisait une journée d’informations et d’échanges pour fêter les 10 ans de sa relance en Corse. Les acteurs de la filière bois, Collectivité de Corse, ODARC, ONF, professionnels du bois, usagers de la forêt, ont pu assister à un contrôle de l’association de certification qui est ainsi revenue sur l’importance de la gestion durable des forêts.



photo : Michel Luccioni
photo : Michel Luccioni
Dès les premiers pas de la visite de terrain, un rappel s’impose.  
« La récolte du liège s’effectue entre mai et septembre, introduit Emilie Bernardi en charge des contrôles au PEFC-Corsica Les troncs doivent avoir un minimum de 70cm de circonférence. Chaque arbre doit avoir une période de repos de 10 à 12 ans. Ne levez pas le liège s’il y a du vent. Utilisez une hache, pas une tronçonneuse … »
Voici un petit échantillon du cahier des charges à respecter pour obtenir la certification PEFC. Le but : « donner une meilleur compréhension au propriétaire de l’écologie de son terrain. » La vingtaine de personnes présente ce mardi sur le sentier de la forêt domaniale de Coti-Chiavari semblait parfaitement d’accord avec ces critères de sélection. Les propriétaires de forêts, Collectivité de Corse, communes, privés, mais aussi les transformateurs, menuisiers, charpentiers, tout comme les usagers de la forêt que sont les membres de l’association mycologique avaient fait le déplacement. Pour les 10 ans de sa relance, l’association PEFC-Corsica leur a fait visiter une exploitation de suberaie. Créée il y a 20 ans, la déclinaison régionale du PEFC avait été relancée en 2008 avec l’aide de l’ONF, de l’ODARC et de l'Association des amis du Parc Naturel Régional de Corse. L'ODARC verse chaque année  60 000 € à l'association .  Aujourd’hui,  15 % de la forêt Corse est certifié, soit plus de 60 000 ha.
«  Le PEFC a une mission de contrôle et promet une qualité durable  au consommateur, assure Daniel Luccioni, président du PEFC-Corsica et propriétaire forestier. De nos jours, le public comprend mieux la nécessité de prioriser des produits en bois certifié. Ils sont la garantie du bon soin de nos forêts mais aussi de la protection de l’eau, de l’air et de la biodiversité. L’association permet aussi aux gens de se rencontrer. La filière forêt-bois n’a pas de structure interprofessionnelle en Corse. C’est un moyen pour nous d’échanger et d’avancer ensemble. »
Dans cette organisation vertueuse, c’est le propriétaire qui est en charge de l’application du code du PEFC. L’ONF, gestionnaire des forêts, effectue ces contrôles de la levée ( récolte de l’écorce) jusqu’au départ du liège. La Collectivité de Corse, propriétaire de 34 forêts, est rentrée dans le plan de contrôle en 2018. A la fin de l’année 2019, 7 forêts devraient avoir été inspectées.

La filière bois à la traîne en Corse

Emilie Bernardi est la seule employée de la structure Corse du PEFC - Photo- Michel Luccioni
Emilie Bernardi est la seule employée de la structure Corse du PEFC - Photo- Michel Luccioni
La volonté de certifier une qualité du bois et des produits forestiers (dont fait partie le liège) semble donc tout à fait réelle. Pour relancer la filière, l’ODARC lançait en mars dernier une campagne de sensibilisation des maires pour que ces derniers exploitent leurs forêts. Les communes sont propriétaires de 150 000 ha. Une économie qui ne peut être mise de côté. Pas moins de 55% de l’île est recouvert de forêt soit 480 000 ha. La Corse est la région la plus boisée de France. Pourtant, l’exploitation du bois reste limitée. La filière est vieillissante et les métiers mal valorisés. Pour le liège de Coti-Chiavari, la récolte et l’exploitation sont prisent en charge par une entreprise italienne. La Collectivité de Corse a en effet porté son choix sur cette société qui semblait selon elle avoir répondu au mieux à l’appel d’offre et proposée les tarifs les plus élevés. La Corse n’a que très peu de sociétés spécialisées dans la récolte de liège. En revanche, plus aucune entreprise de transformation du liège n’est implantée sur l’île.
Pour Olivier Riffard, responsable à l’ODARC de 1997 à 2012, cette activité n’est pas rentable à l'échelle de la Corse.
« Nous avons fait des études avec l’ODARC et l’ADEC. Ce qui en ressortait c’est que la quantité n’est pas suffisante. La densité de suberaies ne permet pas cette activité. De plus, une usine coûte chère. C’est une initiative privée qui n’est pas du ressort de la collectivité. Actuellement, aucune entreprise ne prend le risque de se lancer dans cette voie. Il faudrait, comme en Sardaigne que des entrepreneurs prennent ce risque. Mais personne ne le fait ici parce que notre tissu économique est trop fragile.»
Malgré ce constat, le président du PEFC-Corsica ne semble pas perdre de vue que cette activité peut être développée. D’autres arbres, comme le pin Laricio ou le châtaignier, peuvent selon lui connaître un autre dessein .
« Aujourd’hui, la forêt a le vent en poupe, assure Daniel Luccioni. Le public est attiré par ce matériau.  Il est une proposition alternative au béton. De plus en plus de gens sont contre l’industrie pétrochimique et la pollution qu’elle génère. Le conseil de l’ordre des architectes travaille sur les habitations en bois. C’est une matière noble et elle a de beaux jours devant elle. »

Dans le cadre du plan pour le développement de la filière bois, une appellation bois de Corse, baptisé « Linium Corsica » a été demandée par l’ODARC. Une qualification qui exige que le bois soit Corse, traité en Corse et ai la certification PEFC-Corsica. La filière semble donc vouloir continuer sur le chemin de l’excellence. 

photo :Michel Luccioni