Parmi l'uniformisation souvent aseptisée des spectacles de l'été, une affiche – certes modeste, mais voulue comme telle – fait exception : U teatru nustrali, et ses « tarucconi » qui sillonnent l'île, de village en village, pour porter la bonne parole de l'humour insulaire.
A chaque fois, salle comble et une reconnaissance qui ne se dément pas. A l'origine de cette compagnie qui a su relever le pari de l'authenticité, dans ce beau parler du Sud aujourd'hui injustement dévalorisé : Marie-Jo Peri-Calabro et Petru Squarcini, la villageoise et l'Ajaccien du Borgu. Ils étaient destinés à travailler ensemble, d'autant plus qu'ils sont cousins : elle amoureuse du théâtre et lui inconditionnel de la langue, avec l'exigence de préserver ce que ces deux pratiques ont d'enraciné et de populaire.
Deux passionnés que le hasard fait se retrouver il y a cinq ans à Ajaccio, dans le même stage de « langue et culture corse ». Ils créent des petites histoires en synergie et ça marche : inspirés par le jeu de Teatru Mascone, par la verve de fabuliste de Noël Rochiccioli, ils mettent en scène des caractères, des personnages, des Corses comme chacun en connaît dans son entourage, avec leurs travers, leurs expressions et quelquefois leurs ridicules – souvent, ils n'ont d'ailleurs pas à forcer le trait... Les voilà lancés dans l'aventure.
Comme Molière en son temps, les membres de la petite troupe se présentent en andacciani et vagabondi, à l'écart de l'identitaire servi à toutes les sauces comme des grands réseaux des sjo' de la culture, qui ont confisqué la langue et l'ont académisée à leur convenance.
Leur tournée communale touche à sa fin en quelques dates. Le 13 septembre, ils présenteront à l'Espace Diamant d'Ajaccio leur nouvelle création « A(si)nnus horribilis ». Et nul doute que, comme à chaque fois dans la ville impériale, le public sera au rendez-vous.
Représentation ce soir 14 août à Coggia, le 19 août à Soccia, 13 septembre à Ajaccio et le 29 septembre à Cargèse.