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Tricentenaire de Pasquale Paoli : conférence et table ronde au Parc de Saleccia


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Lundi 8 Septembre 2025 à 19:29

La communauté de communes de Lisula Balagne a marqué, samedi 6 septembre, le tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli par une après-midi d’échanges au Parc de Saleccia, alliant mémoire, histoire et patrimoine. Le moment également pour mettre en avant le projet pour obtenir le label "Pays d’art et d’histoire".



Une conférence s'est déroulée au parc de Saleccia autour de la figure de Pasuale Paoli ( Photo Maria Serena Volpei-Aliotti)
Une conférence s'est déroulée au parc de Saleccia autour de la figure de Pasuale Paoli ( Photo Maria Serena Volpei-Aliotti)
À l’invitation de la CCIRB, de nombreux intervenants, historiens, auteurs et élus ont pris part à ce rendez-vous gratuit et ouvert à tous, placé sous le signe de « u Babbu di a Patria ». Deux temps forts ont rythmé l’après-midi. Tout d’abord, une conférence de l’historien Erick Miceli sur Les Révolutions corses et l’idée républicaine, suivie d’une table ronde sur le label « Pays d’art et d’histoire » et le patrimoine lié à Paoli et à son époque, en présence, notamment, de représentants de la communauté de communes de la Castagniccia Casinca, également engagée dans cette démarche de labellisation.
 
Une démarche commune autour du patrimoine
Dans son mot d’accueil, Lionel Mortini, président de la CCIRB, a rappelé l’importance de cet événement. « Il y a une présentation sur les 300 ans de Pascal Paoli, avec des historiens, des conférences sur Paoli, la République, l’éthique dont nous avons tant besoin, puis une table ronde sur le label Pays d’art et d’histoire. Nous espérons la labellisation dans les prochaines semaines. Nous sommes heureux de partager cette journée avec la communauté présidée par Tony Poli, car il est essentiel de s’enrichir les uns les autres ». 
Le label, attribué par le ministère de la Culture, est en effet un enjeu stratégique pour les territoires corses. « C’est toujours un avantage de construire une identité, de montrer que nous avons un patrimoine matériel et immatériel à transmettre, notamment aux enfants. Aujourd’hui, il n’existe pas encore de Pays d’art et d’histoire en Corse. Cette action a valeur d’exemple », a ajouté Lionel Mortini. 
De son côté, Stéphane Orsini, chef du service patrimoine de la CC Castagniccia Casinca, a précisé la complémentarité des démarches engagées. « En fait, chaque communauté de communes est indépendante dans ce programme-là. Il se trouve qu’on fait le même et qu’on a commencé à peu près en même temps. Nous collaborons bien entendu, mais c’est vraiment deux démarches autonomes »
Un point confirmé par Tony Poli, président de la CC Castagniccia Casinca. « Notre opération a débuté en 2019, et pour les 300 ans de Paoli, nous avons mené plusieurs actions en lien avec le patrimoine. Un festival à Loretu di Casinca, ou encore des événements autour d’Orezza ou du couvent de Casabianca. Tout cela participe à notre candidature au label Pays d’art et d’histoire ». Enfin, Stéphane Orsini a tenu à rappeler la dimension institutionnelle de cette reconnaissance. « La labellisation, avant tout, c’est un contrat. Normalement, il est signé pour dix ans entre la collectivité candidate et le ministère de la Culture. Mais en Corse, du fait de la décentralisation de 2002, ce sera un contrat tripartite : ministère de la Culture, Collectivité de Corse et intercommunalité retenue. La candidature de Lisula Balagne est pratiquement mûre pour être examinée, la nôtre avance sur d’autres points. »
 
Un programme culturel étendu jusqu’en décembre
Chargée de mission Patrimoine et Pays d’art et d’histoire à la CCIRB, Manuella Leupin a replacé cette journée dans un cadre plus large. « Aujourd’hui, la communauté de communes organise à travers son service patrimoine une conférence suivie d’une table ronde dans le cadre de son projet Nantu à i passi di Pasquale Paoli. Nous avons répondu à un appel à projet de la Collectivité de Corse pour le tricentenaire et, dans ce cadre, un programme d’actions a été conçu d’avril à décembre ». Ce programme, destiné à la fois au grand public et aux scolaires, comprend un cycle de conférences dans plusieurs piève, des visites guidées de L’Île-Rousse, des projections, ainsi que des interventions en milieu scolaire. « Plus de 260 enfants visiteront le musée de Morosaglia, nous avons financé les transports pour une quinzaine de classes. Il y aura aussi des conférences dans les collèges et lycées, des ateliers et une pièce de théâtre proposée au COSEC. L’objectif est de sensibiliser toutes les générations à l’héritage paoliste », a précisé Manuella Leupin. 
Elle a également détaillé la démarche du label. « Depuis 2021, je suis en charge de la rédaction de la candidature. C’est un processus en trois étapes. Délimiter le périmètre, établir un diagnostic de territoire et bâtir un projet. Nous avons déposé notre dossier et attendons désormais la validation de la DRAC. Si tout est favorable, nous serons le premier Pays d’art et d’histoire de Corse. Ce label est un outil de médiation et de valorisation qui permettra de mieux connaître, protéger et transmettre notre patrimoine. »
 
Paoli, une résonance contemporaine
Au-delà de la labellisation, le tricentenaire était l’occasion de rappeler l’actualité des idéaux paolistes. « C’est très important de se souvenir de l’idéal de justice et de démocratie que portait Pascal Paoli. Cela reste le fondement même de ce que nous sommes. La démocratie demeure le pivot essentiel, garante de la liberté et de la vérité », a insisté Lionel Mortini.
 
Des historiens et auteurs engagés
De nombreux spécialistes ont enrichi les débats : Erick Miceli, auteur de Les révolutions corses et l’idée républicaine ; Jean-Pierre Poli, historien de la période 1769-1789 ; Sampiero Sanguinetti, journaliste et auteur ; ou encore Stéphane Pergola.
La rencontre s’est conclue par des dédicaces et un verre de l’amitié, scellant une journée où le patrimoine et l’histoire ont trouvé un terrain commun d’expression.