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Transports maritimes : Patrick Rocca, patron de la MCM, enfin propriétaire de l’ex-SNCM !


Nicole Mari le Jeudi 18 Février 2016 à 23:19

Deux nouvelles audiences concernant l’ex-SNCM, rebaptisée MCM, au tribunal de commerce de Marseille, ce jeudi. La première, en matinée, pour examiner le recours concernant la légalité de Corsica Linea, la nouvelle compagnie lancée par Corsica Marittima, au regard de la clause de non-concurrence. Le tribunal rendra sa décision le 22 février. La seconde, l’après-midi, pour statuer sur le rachat effectif des navires de l'ex-SNCM, toujours pas acquis par Patrick Rocca, et son projet de fusion avec Corsica Marittima. Décision attendue le 25 février. L’entrepreneur corse a déclaré, à l’audience, avoir débloqué les fonds pour le rachat et être, désormais, propriétaire de la compagnie.



« Les choses avancent. Aujourd’hui, les actes de cession ont été signés, nous sommes les propriétaires de la flotte ». Cette déclaration de Patrick Rocca, lancée, jeudi après-midi, dans les travées du tribunal de commerce de Marseille, est certainement le fait majeur de cette énième journée d’audience à huis-clos consacrée à l’épopée navale de l’ex-SNCM. Le chef d’entreprise corse, qui a repris les rênes de la compagnie, rebaptisée MCM, début janvier, était assigné par les administrateurs judiciaires de la SNCM qui exigeaient la signature, au plus vite, des actes de cession des navires et, donc, de leur paiement, pour finaliser l’achat. Malgré qu’il dispose de six mois pour le faire, avec la date butoir au 20 avril, les liquidateurs craignaient que les récentes tempêtes, qui secouent les transports maritimes entre la Corse et le continent, ne fragilisent les capacités de financement de Patrick Rocca et ne lui permettent pas de mener son offre de reprise à terme. D’autant qu’il ne semblait guère pressé de le faire. Les actes ont, donc, été signés, ce jeudi. Patrick Rocca, qui précise « s’être adapté », aurait obtenu le déblocage des fonds par la Caisse d’épargne. « Patrick Rocca a pris ses responsabilités, il a racheté l'entreprise et rassuré les salariés », a commenté Me Bordet, l'avocat du Comité d’entreprise (CE) de l’ex-SNCM. L’entrepreneur corse est, donc, désormais, pleinement propriétaire de l’ex-SNCM. Mais, peut-être pas pour longtemps.
 
Un acte de piraterie
Le tribunal examinait, le matin même, un recours en référé sur la légalité de Corsica Linea, une nouvelle compagnie créée conjointement par Corsica Marittima et Daniel Berrebi, pour contrer la MCM. Au mépris d’une clause de non-concurrence qu’ils ont signée pour un délai de six mois, les deux candidats malheureux à la reprise de la SNCM ont lancé, début janvier, une ligne de fret entre la Corse et Marseille. Ce recours, déposé par le CE de l’ex-SNCM et les administrateurs judiciaires, accuse Corsica Linea de concurrence illicite et déloyale et de mettre en péril la MCM. « Nous sommes en présence d'un acte de piraterie, d'un coup de force pour étrangler Patrick Rocca, émanant d'un candidat évincé qui veut revenir dans le dossier », a plaidé Me Bordet. Il réclame une astreinte de 150 000 euros pour toute nouvelle infraction constatée. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 22 février. 
 
Un nouveau scénario
Cette ouverture de ligne, jointe à la volonté de la Collectivité territoriale de Corse de créer, avant l’automne, sa propre compagnie maritime régionale pour effectuer les liaisons entre la Corse et le Continent, a, effectivement, contribué à plomber l’avenir de la toute jeune MCM, obligeant Patrick Rocca à une fusion avec son rival insulaire, Corsica Marittima. L’accord, conclu le week-end dernier, prévoit la cession de 100 % des parts de la MCM au consortium Corsica Marittima pour ne former qu’une seule entité. Pour envisager cette fusion, MCM doit être propriétaire de l’ex-SNCM, c’est désormais chose faite ! Ce préalable levé, l’autre question majeure de cette journée d’audience était de savoir si le tribunal de commerce allait autoriser cette reconfiguration. Pour cela, Patrick Rocca va présenter un nouveau projet d'entreprise, incluant la modification du capital, le 23 février devant le CE et déposer, le 25 février, auprès de l’instance judiciaire : « une demande de requalification d'ouverture du capital ». Il espère convaincre les juges que c’est le seul moyen de sauver les 900 emplois. Les salariés, qui craignent un nouveau scénario chausse-trappe, estiment, pour leur part, que la messe est déjà dite en sa défaveur : « On peut penser que ce scénario s'éloigne, surtout que le ministère public a clairement déclaré qu'il n'était pas favorable au retour autour de la table d'un candidat qui n'a pas été retenu dans un passé récent », indique Jean-François Simmarano, secrétaire CGT du CE. Réponse dans six jours.
 
N.M.