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Tourisme : une année noire pour les tours opérateurs corses


Livia Santana le Lundi 31 Août 2020 à 11:05

Les tours opérateurs corses ont largement souffert de l'épidémie de Coronavirus. L'arrière-saison qui habituellement constitue une bonne partie de leur activité, s'annonce désastreuse.



Photo archives Michel Luccioni
Photo archives Michel Luccioni
A l’image des différents secteurs touristiques, les tours opérateurs ont fortement souffert des conséquences de la Covid-19 sur l'afflux de voyageurs en Corse. La société porto-vecchiaise  "Corsicatours" ou encore celle d'Ajaccio "Ollandini voyages", déplorent une avant-saison au point mort et une arrière-saison qui, contre toute attente, ne la rattrapera pas.
Chez les voyagistes, le mois de septembre représente habituellement, un pourcentage de réservation supérieur au mois de juillet. Cette année, Jean-Marc Ettori, directeur du groupe "Corsicatours", affirme que les taux d'occupation pour les mois de septembre et octobre "n'atteignent pas les 50% quand habituellement ils sont de 90%." 
Même constat, pour son concurrent d'Ajaccio, Jean-Marc Ollandini, qui explique cette baisse de 50% par "une clientèle d'arrière-saison âgée, vulnérable, qui a peur de voyager à cause de l'épidémie." 

Il faut dire que les touristes d'automne sont souvent des groupes de retraités. Ils représentent d'ailleurs 70% de la clientèle des tours opérateurs durant cette période. C'est aussi le moment où le tourisme d'affaires reprend avec des congrès et des séminaires organisés par les voyagistes. Selon le groupe Ollandini voyages, il semblerait que les travailleurs ne soient pas non plus au rendez-vous, puisqu'il enregistre une baisse de 75% des réservations.

Si les réservations manquent à l'appel, Jean-Marc Ettori, est convaincu que c'est à cause de "la peur de devoir annuler son voyage mais de ne pas être remboursé."  En effet, seuls les séjours compris entre le 1er mars et le 15 septembre peuvent bénéficier d'un avoir de 18 mois en cas d'annulation de la part de l'organisme de vente. "Si le voyageur annule de sa propre initiative, par crainte de la reprise de l'épidémie, alors ce n'est pas valable et il perd tout le voyage.", reprend Jean-Marc Ettori. A cause de cela, les voyagistes ont vu leurs annulations croître et les réservations du printemps reportées à 2021 plutôt que sur l'arrière-saison.

" Le massacre de l’avant-saison"

Les professionnels du tourisme attendaient une belle arrière-saison pour compenser les mois d'avril et mai où les réservations étaient gelées et l'activité à zéro. "Avec les difficultés de l'acheminement aérien nous avons commencé à travailler à partir du 10 juillet", explique Jean-Marc Ettori. Le groupe Ollandini déplore "un massacre économique" puisque les mois d'avril et mai représentent 25% du chiffre d'affaires des tours opérateurs. A cela il faut ajouter que depuis 4 à 5 ans, juin compose à lui seul 20% du CA des voyagistes corses. Le manque à gagner du printemps s'avère donc plus important que prévu même si la fréquentation du mois d'août est semblable à l’an dernier et représente 30% du chiffre d'affaires annuel. 

Dans l'inquiétude de 2021

Si 2020 n'était pas une bonne année, 2021 inquiète Jean-Marc Ettori. L'entrepreneur, craint d'ores et déjà, la suppression des lignes de la filiale d'Air France, Hop. 31 lignes sont concernées en Corse. Hop desservait l'Ile de Beauté depuis de nombreuses villes de province. C'est d'ailleurs de là-bas que viennent la plupart des clients des tours opérateurs insulaires. "Nos groupes ne proviennent pas de Paris. Beaucoup arrivent de Nantes ou Lille. Avec deux fois moins de sièges on se pose la question suivante :  comment remplir nos séjours ?", s'interroge le directeur de Corsicatours.