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Tortues marines : ce qu’il faut faire (et surtout ne pas faire) si vous en croisez une sur une plage corse


Léana Serve le Lundi 30 Juin 2025 à 10:51

Avec l’arrivée de l’été, les tortues marines entament leur saison de reproduction. En Corse, si aucune ponte n’a encore été signalée cette année, le phénomène gagne du terrain depuis quelques années. Pour éviter de perturber ces animaux protégés, l’association Cari appelle à la vigilance : repérer une tortue ou un nid ne suffit pas, encore faut-il adopter les bons gestes.



L'un des nids en 2024 / Crédit : Cari
L'un des nids en 2024 / Crédit : Cari

Avec l’arrivée de l’été, les tortues marines entament leur saison de reproduction. Si aucune ponte n’a encore été recensée en Corse en 2025, ces événements autrefois inexistants sur l’île tendent à se multiplier. En 2023, cinq nids avaient été identifiés sur les plages du Cap Corse et du golfe d’Ajaccio. L’année précédente, une ponte avait été confirmée en plaine orientale, tandis qu’une tentative observée dans le golfe d’Ajaccio s’était révélée infructueuse.

Ces cas restent rares. Et peut-être sous-estimés. « On a 1 000 kilomètres de côte, c’est énorme », souligne Cathy Cesarini, présidente de l’association Cari (Cétacés Association Recherche Insulaire). « On fonctionne avec des bénévoles, mais il n’y en a pas beaucoup qui parcourent la plage tous les matins et tous les soirs pour repérer des tortues. »

La détection des pontes repose souvent sur des promeneurs, présents sur la plage la nuit. « Il y a deux ans, les tortues ont pondu devant des paillotes, raconte Cathy Cesarini. On a eu aussi des jeunes qui rentraient d’une soirée et qui ont entendu un chien aboyer. En s’approchant pour voir ce qu’il se passait, ils ont trouvé une tortue sur le sable. C’est complètement du hasard. » Un hasard renforcé par les particularités biologiques des tortues. « Elles vont revenir dans leur zone de naissance, mais c’est une zone qui peut s’étendre sur plus de 70 kilomètres », explique la présidente de l’association Cari. « L’autre problème, c’est qu’elles reviennent quand elles sont matures sexuellement, c’est-à-dire à peu près une trentaine d’années. Mais en trente ans, le littoral a complètement changé. Ce n’est pas gagné de travailler avec ces animaux-là. »

Reconnaître les traces d’une ponte
La seule fois où une tortue sort de l’eau, c’est pour pondre. Cathy Cesarini décrit ce comportement : « Elle se déplace avec ses pattes de gauche à droite, et ça crée des traces qui ressemblent à une roue de tracteur. Quand elle trouve l’endroit qui lui convient, elle creuse, elle pond, et elle recouvre ses œufs avec du sable. Les empreintes ressemblent à un fer à cheval, avec un trou en haut et une bosse sur le côté. Si quelqu’un repère des traces qui peuvent ressembler à ça, alors ça peut éventuellement être une trace laissée par le passage d’une tortue. »

L’association alerte aussi sur les mauvais réflexes. « Ça peut paraître idiot, mais il ne faut surtout pas toucher les tortues, notamment pour les prendre en photo en posant la main dessus, et il ne faut pas utiliser de source lumineuse », insiste Cathy Cesarini. « Les tortues sont dérangées par les flashs et les vibrations dans le sol. Si quelqu’un commence à piétiner ou à courir autour d’elles, elles vont être dérangées et partir. » Même principe pour les bébés. « On ne les touche pas, et on n’utilise pas de lumière. Quand les bébés sortent du sable, ils se dirigent instinctivement vers la zone lumineuse, donc la Lune qui se reflète sur l’eau. Mais s’il y a d’autres sources lumineuses comme des flashs de téléphone, ils vont être perturbés. »

Ne pas « les aider » à rejoindre la mer

Certains gestes, pourtant bien intentionnés, sont à proscrire. « Ça part d’un bon sentiment, les gens ont l’impression de les aider, mais c’est tout le contraire », met en garde Cathy Cesarini. « Un tortillon avance très vite, se débat, se retourne quand il arrive devant un galet. Dès qu’il arrive au niveau des premières vagues, ça le retourne aussi. Mais le fait de se battre comme ça pour arriver à la mer développe sa musculature. Dans l’œuf, il était recourbé, comme un fœtus, et il faut que tout se déploie pour qu’il puisse nager, c’est très important. Si vous l’amenez directement à l’eau, vous le condamnez à une mort certaine. » L’association Cari appelle donc à la vigilance. Et à la retenue. « Il y a un vrai manque de connaissances », déplore Cathy Cesarini. « La première chose à préciser, c’est que si on voit une tortue hors de l’eau, sur le sable, c’est forcément une femme qui vient pondre. Quelqu’un m’a déjà dit qu’il avait tenté cinq fois de remettre une tortue à l’eau, parce qu’il était inquiet de la voir sur le sable, alors qu’elle venait juste pondre. »

En cas de découverte d’une tortue, d’un nid ou de traces suspectes, il est recommandé de ne pas s’approcher. « Il faut absolument nous contacter via notre page Facebook », conclut-elle. « On s’occupera ensuite de baliser et de protéger la zone, pour éviter que des promeneurs s’approchent du nid, même par inadvertance. »