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Territoriales - “Corsica terra di primura” : un courant d'idées, ni libéral, ni nationaliste, qui veut avoir sa place à l'Assemblée de Corse


La rédaction le Vendredi 18 Juin 2021 à 09:19

Bonifacio-San Martino di Lota.
Jean-Charles Orsucci - Marie-Hélène Padovani.
Les deux localités et leurs maires respectifs sont des alliés de longue date. Ils étaient colistiers en 2010. Ils se sont retrouvés en 2015. Puis en 2017. Les voici plus proches que jamais à la faveur de l'élection territoriale de ces dimanches 20 et 27 juin. Aux antipodes géographiquement, ils sont sur la même longueur d'onde politiquement. Et prêts, avec l'ensemble de leurs colistiers présents ce jeudi soir à la salle des fêtes de Pietranera, à San Martino di Lota, à poursuivre leur parcours politique sur les bancs de l'assemblée de Corse



C'est la jeunesse de Marie Luccioni qui a donné le ton de la soirée. La jeune engagée sur la liste "Corsica terra di primura, Corse terre de progrès" se dit de contribuer au mieux être des jeunes et des habitants de l'île. Elle a aussi rappelé qu'à l'occasion de cette consultation il était important comme au Taekwondo, dont elle est une adepte, "de s'imposer dès le premier round."


Jean-François Paoli secrétaire général du Parti radical de Corse, accompagné par son président Emile Zuccarelli aux côtés duquel se tenaient  Jean Zuccarelli, François Orlandi et Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella, a pris, ensuite, le relais pour lire un message de Hélène Salge, candidate et en position éligible sur la liste Orsucci selon laquelle cette élection "pourrait constituer le point de départ de la refondation de la gauche à Bastia, boudé par la majorité territoriale nationaliste". Mais l'essentiel du propos a consisté à rappeler l'importance de se manifester massivement et de voter pour Corsica terra di primura "dès le premier tour pour gagner après".


Severin Medori, maire de Linguizzetta, n'a pas manqué, pour sa part, de déplorer la "cassure brutale" qui s'était produite entre la collectivité unique, qui a succédé aux deux départements, et les élus. "Ajaccio est loin. Les "politiques" encore plus loin. A la CdC le déficit et les embauches flambent et la chambre des territoires de Bastia, c'est fait pour amuser la galerie". Pour lui il est indispensable de redonner leur place aux élus, "place qu'ils n'auraient jamais du perdre".


Marie-Hélène Padovani, maire de San Martino di Lota, qui a rappelé les liens politiques qui la liaient à Jean-Charles Orsucci depuis 2010, a dit son intention de faire parler davantage son cœur plutôt que de parler politique.
Mais bien vite la première magistrate de la commune a fustigé l'attitude du chef de file du PCF qui, tracts à l'appui, n'a qu'un seul adversaire dans cette élection : "Jean-Charles Orsucci et la liste qu'il conduit. De nôtre côté, par-delà nos différences et nos sensibilités, nous n'avons qu'un seul adversaire : le Front National" a t-elle lancé.
Et si dans la foulée elle ne s'est pas privée de critiquer les diverses majorités qui se sont succédées à l'assemblée de Corse pour le "peu de cas fait à l'état du réseau routier du Nord de Bastia et du Cap Corse". Bonne joueuse elle a, cependant, admis que la majorité sortante avait obtenu une réussite "marquante" dans le dossier des transports. Et que pour la circonstance Jean-Charles Orsucci et ses colistiers avaient tenu le rôle d'une "opposition constructive et pragmatique".

Jean-Charles Orsucci, le rocardien autonomiste, qui s'est, lui aussi, félicité du rassemblement opéré par la liste qu'il mène, a, pour sa part, pris pour cible les offices et agences de la CDC qui concourent à l'inflation des emplois, fustigé ce Padduc qui empêche, par exemple, un jeune bonifacien de construire une maison de 100 m2 à 500 m du port mais qui va l'obliger à vivre dans une HLM, cité les ennemis du président de l'Exécutif (Jean-Guy Talamoni, Jean-Christophe Angelini) et décoché également des flèches à destination d'Agnes Simonpietri, présidente de l'office de l'Environnement de 2015 à 2017 dont on hérite, selon lui, aujourd'hui les effets de la présidence sur le dossier des déchets.

Le déficit accumulé par la collectivité de Corse n'a pas davantage trouvé grâce dans le propos de Jean-Charles Orsucci qui ne s'est pas privé non plus de montrer du doigt ces emprunts utilisés en fonctionnement. Le chef de file de "Corse terre de progrès"  qui a dit et répété que "Corsica terra di primera"  était "un courant  d'idées, ni libéral, ni nationaliste, qui devait siéger dans l'hémicycle de l'assemblée de Corse", a confirmé le soutien de LREM et dit son attachement à la République et à la France. A la gauche de Jaurès, Mendes-France, Mitterrand, Jospin. Attachement aussi à Emmanuel Macron qu'il soutiendra dans un an. S'il a regretté, comme beaucoup, certaines décisions, il en a salué d'autres. Comme "l'effort de protection sociale exceptionnel" accompli par le pays au cours des deux dernières années. "France n'est pas un gros mot, c'est un grand mot, c'est un grand pays. Aujourd'hui je suis fier d'être entendu par le Premier ministre, comme cela a été récemment le cas pour "Inseme" et pour la langue, et par le président de la République".


Au terme de son intervention, agrémentée de quelques points principaux du programme, Jean-Charles Orsucci qui n'a pas davantage omis de souligner que sa liste était la seule à avoir "clairement affirmé son opposition à l'extrême droite", a dit son espoir dans ce premier tour pour être, à l'issue de la consultation "dans la locomotive de la future assemblée ou bien dans un wagon exigeant". Pour, sans doute, mieux impulser sa politique pour la Corse. Ou faire entendre la voix de sa différence au sein de la future assemblée.

Et sur ce plan, il en est conscient, ce premier tour sera déterminant.
C'est le message qu'il a voulu, encore une fois, faire passer avec ses compagnons de campagne ce jeudi soir à Pietranera. Avec le grand espoir d'être, bien sûr, entendu.