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Tennis : Gilles Moretton, le président de la FFT à Lucciana : "en Corse il y a de jeunes talents mais on a du mal à les faire émerger "


Livia Santana le Mardi 15 Février 2022 à 20:52

Elu à la tête de la fédération française de tennis en février 2021, Gilles Moretton est allé à la rencontre de la ligue corse de tennis ce mardi 15 février. Le nouveau président qui a fait du terrain, de la rencontre et de la convivialité ses priorités, revient pour CNI sur le développement du tennis en Corse, l'attractivité de ce sport chez les jeunes mais aussi sur les nombreuses difficultés que la fédération rencontre notamment avec le pass vaccinal pour Roland-Garros.



Philippe Medori, président de la ligue Corse de tennis et Gilles Moretton, président de la fédération française de tennis
Philippe Medori, président de la ligue Corse de tennis et Gilles Moretton, président de la fédération française de tennis
 
- Vous avez bien entamé un tour de France des ligues, c'était important pour vous de vous rendre en Corse aujourd'hui ? 
- Oui, l’objectif c’est d'aller à  la rencontre des clubs. Je considère que je suis un président de terrain et pas de salon. Je suis mieux sur un court de tennis à parler avec les clubs, les dirigeants, les enseignants et avec des jeunes qui veulent savoir comment en habitant en Corse on peut atteindre le haut niveau. Depuis que j’ai été élu on a fait le tour de France des ligues mais aussi créé un conseil national des enseignants, on a réuni un conseil national des présidents de conseils départementaux et établi de nombreux liens et contacts avec le terrain.  

- Vous avez pris la tête de la fédération il y a tout juste un an : vous avez succédez  au Corse Bernard Giudicelli, que comptez-vous faire pour le développement du tennis sur le territoire insulaire ? 
- Il y a déjà eu un travail remarquable, les installations sont très belles. Le président Philippe Medori est très investi. Il y a un projet de club à Lucciana, un autre projet à Ajaccio. Ce que l’on peut faire c’est aider à leur financement pour qu’ils aboutissent. Nous pouvons aussi apporter du soutien sur la détection des jeunes, garder les jeunes le plus longtemps possible dans des conditions d’entraînement optimales. Il y en a des bons ici, de haut niveau, donc il faut pouvoir leur proposer des solutions pour ne pas avoir à les déraciner. Notre position ce n’est pas de ramener tous les bons jeunes à Paris, il vaut mieux trouver des lieux d’entraînement adaptés dans chaque territoire. 
 
- Justement, le tennis est--il, toujours, un sport qui attire les jeunes ? 
Ce qui est étonnant c’est que le tennis a bénéficié du Covid puisque le nombre de licenciés a augmenté de 13%. La Corse est un bon exemple puisque depuis 10 ans c’est la seule ligue qui augmente sont nombre de licenciés alors qu’en métropole il était plutôt en baisse. Le tennis plaît ici, il est pratiqué chez les garçons et les filles de la même façon. En revanche, on a une petite difficulté à les fidéliser. Je pense que c’est l’air du temps qui veut ça. On a tendance à passer vite à autre chose. Mais je pense aussi que l’on doit s’améliorer sur ce plan. 

- Comment ? 
- Avec nos enseignants, les dirigeants des clubs doivent être conscient de cela. Les compensations doivent aussi être financières pour fidéliser les jeunes et les garder. 
 
- Lors de votre élection vous avez parlé de remettre de la convivialité, de l’humain, du plaisir dans les clubs… comment ? 
- En étant ici, sur le terrain. En parlant, échangeant avec les gens, en étant proche d’eux. Ce soir on fera la fête sur le terrain de tennis, je jouerai avec eux. Ensuite on ira boire un coup, manger un morceau. Le tennis c’est pour 99% le lien social, le plaisir de se retrouver, d’être entre amis, de faire un double. Pour 1% c’est la compétition et le haut niveau. 

En Corse, y a-t-il de jeunes talents qui pourraient accéder au haut niveau ? 
- Oui, il y en a dans tous les territoires, seulement on a du mal à les faire émerger mais pas seulement en Corse. C’est que notre système n’est pas bon. Je viens de voir un petit jeune de 8 ans qui a du potentiel, ses parents sont à fond derrière lui, mais à un moment donné il faudra qu’on lui trouve une structure. Il faut identifier les talents, qu’on les fasse progresser avec de bons enseignants qui leur donnent envie, la passion de jouer au tennis. Plus tard, il faudra qu’ils aient un formateur, un coach, un directeur puis une équipe autour de lui.

- Autre problème qui touche aujourd’hui le tennis, la vaccination. Dans une interview accordée à la BBC, Novak Djokovic a déclaré qu’il préférait rater des tournois comme Roland-Garros plutôt que de se faire vacciner, le Français Pierre-Hugues Herbet refuse également. En tant que président de la fédération française de tennis qu’en pensez-vous ?
- Nous appliquerons les mesures gouvernementales. On voit que les mesures changent. Il y a pas très longtemps j’ai lu qu’il était possible qu’on supprime le pass vaccinal en France. Restons prudents, attendons les mesures gouvernementales. Ce que je souhaite c’est qu’ils puissent jouer tous les tournois, participer aux compétitions, que l’on puisse les recevoir à Roland-Garros cette année. Si cela ne change pas, Nadal l’a dit : « les évènements sont plus forts que les joueurs ». A l’Australian Open, Djokovic n’était pas là, cela a donné lieu à un tournois d’exception. Il y a eu un très beau vainqueur.
Mais Il a toujours manqué des joueurs pour des blessures et cela n’a pas changé grand-chose. En tout cas 98% des joueurs ATP sont vaccinés mais j’espère, quand même, que tout le monde sera là pour le spectacle. 

La convivialité,  cheval de bataille de Gilles Moretton
La convivialité, cheval de bataille de Gilles Moretton