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Suspension de l'abattoir de Portivechju : vers une réouverture en janvier ?


le Mercredi 10 Septembre 2025 à 19:54

Ce mercredi 10 septembre, en préambule du conseil municipal de Portivechju, le maire Jean-Christophe Angelini est revenu sur la fermeture de l’abattoir porto-vecchiais, ordonnée fin août par le préfet, suite aux révélations faites par l’association L214. Le fait que le maire se soit avancé sur une perspective de réouverture « dans le courant du mois de janvier » a agacé le président du Syndicat mixte de l’abattage en Corse (SMAC) et gestionnaire de l’abattoir, Paul-Jo Caïtucoli.



Paul-Jo Caïtucoli et Jean-Christophe Angelini en février 2024, au cours d'une conférence de presse qui s'était tenue devant l'abattoir de Portivechju.
Paul-Jo Caïtucoli et Jean-Christophe Angelini en février 2024, au cours d'une conférence de presse qui s'était tenue devant l'abattoir de Portivechju.
Les révélations de L214 ? « On en a beaucoup parlé. Je ne vais pas, ce soir, commenter plus que ça les termes qui ont été rendus publics », a écarté le maire porto-vecchiais, qui a d’abord tenu à apporter son soutien aux éleveurs de l’Extrême-Sud, « qui ne peuvent être tenus responsables de ce qui a pu être rendu public. » Avant d’ajouter : « Pas davantage les salariés du SMAC ou les agents qui ont eu à intervenir ou à valider un certain nombre de process. » En effet, Jean-Christophe Angelini refuse de pointer toute responsabilité individuelle : « Mettre en cause tel ou tel, ce n’est pas notre façon de fonctionner, et on ne va pas commencer aujourd’hui. »

Le 28 août, la préfecture de Corse annonçait dans un communiqué la fermeture « avec effet immédiat » de l’abattoir porto-vecchiais. Une décision qui, dans les faits, s’est appliquée « depuis le 4 septembre dernier », a précisé Jean-Christophe Angelini. Comme préalable à la levée de cette sanction administrative, l’État enjoignait le SMAC « à réaliser de nouveaux investissements » au sein de l’abattoir, lequel « est obsolète depuis des décennies », convient le maire.

"Ca relève de la gestion du SMAC"

Joint par téléphone ce mercredi soir, Paul-Jo Caïtucoli confirme que des investissements sont lancés : « Il y a eu notamment un appel d’offres pour le piège bovin, qui est en cours de construction sur le Continent. » Sur la forme, le président du SMAC n’a guère apprécié que Jean-Christophe Angelini s’avance sur une date de réouverture de l’abattoir, « vraisemblablement dans le courant du mois de janvier », a annoncé le maire lors du conseil municipal. « Il est fort d’annoncer ça. Ca relève de la gestion du SMAC... », fustige Paul-Jo Caïtucoli, par ailleurs élu Femu a Corsica, formation politique qui entretient des relations tendues avec le PNC de Jean-Christophe Angelini. Paul-Jo Caïtucoli confirme néanmoins l’information donnée par le maire de Portivechju, même si « on risque de rouvrir avant », espère-t-il, sans livrer plus de détails.

Quid du projet de nouvel abattoir ?

Il termine son propos par un tacle adressé à Jean-Christophe Angelini : « J’attends depuis trois ans qu’il nous propose un terrain constructible… Si ça avait été le cas, le nouvel abattoir serait déjà construit, et on l’aurait ouvert il y a un an. »Paul-Jo Caïtucoli fait référence au projet de construction d'un nouvel abattoir à Portivechju. Si l’actuel abattoir est géré par le SMAC, ses murs appartiennent à la municipalité, qui a fait le choix de les confier à la communauté de communes Sud Corse (CCSC), au motif que le projet de nouvel abattoir a vocation à rayonner au-delà des limites de la commune. La CCSC, dont le président n’est autre que Jean-Christophe Angelini, n’aurait pas proposé de terrain pour construire un nouvel abattoir ? Pas du tout, répond Laurence Giraschi, la directrice générale des services de l'intercommunalité : « On a proposé trois ensembles de terrains. Deux sur la zone industrielle du Murtonu (là où se situe l’actuel abattoir) et un autre juste à côté. Il faut savoir que pour construire un nouvel abattoir, il y a une contrainte qui est impossible à lever, c’est d’être à proximité d’une station d’épuration (pour des questions de raccordement). » Selon la DGS, il appartient désormais « à la Collectivité de Corse de déposer le permis ». Cette maîtrise d’ouvrage, la CDC s’était dit prête à l’endosser en février 2024, par la voix du président de l’ODARC, l’Office du développement et agricole de la Corse, Dominique Livrelli : « A partir du moment où il y a un engagement ferme de l’État, avec un financement à 80 % (pour un projet estimé à plus de 4,5 millions d’euros), la Collectivité de Corse est prête pour ce projet. »

Mais depuis, rien n’a bougé. Et la constructibilité des terrains identifiés par la la communauté de communes doit être demandée par la Collectivité de Corse, souligne Laurence Giraschi : « Soit ces terrains sont soumis au RNU (le règlement national d’urbanisme, actuellement en vigueur à Portivechju) et dans ce cas, c’est l’État qui répondra. Soit il faut attendre que le PLU de Portivechju soit voté. » Ce qui n’est pas encore le cas.