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Projet d’un nouvel abattoir à Portivechju : plus qu’une étape à franchir


le Mercredi 21 Février 2024 à 17:19

C’était l’un des points qui bloquaient encore : déterminer qui serait le maître d’ouvrage dans ce projet de construction d’un nouvel abattoir à Portivechju. Le Syndicat mixte des abattoirs corses (SMAC) en est le gestionnaire, mais ses statuts ne l’autorisent pas à porter la maîtrise d’œuvre d’un tel équipement. De son côté, la communauté de communes Sud-Corse a fait savoir qu’elle n’en avait pas les moyens. C’est finalement la Collectivité de Corse qui l’assurera. Le projet pourrait voir le jour en 2028, mais il reste encore un obstacle à contourner.



Au centre, Paul-Jo Caitucoli, président du SMAC, et Jean-Christophe Angelini, maire de Portivechju. Au cours d'une conférence de presse organisée ce mercredi 21 février, le projet du nouvel abattoir porto-vecchiais a été détaillé.
Au centre, Paul-Jo Caitucoli, président du SMAC, et Jean-Christophe Angelini, maire de Portivechju. Au cours d'une conférence de presse organisée ce mercredi 21 février, le projet du nouvel abattoir porto-vecchiais a été détaillé.
Jean-Christophe Angelini tient beaucoup à ce qu’un nouvel abattoir remplace l’actuel, trop petit, vétuste, et qui ne permet pas l’abattage des porcs. Le président de l’intercommunalité Sud-Corse peut mettre deux terrains à disposition pour que le projet voie le jour, mais il avait prévenu qu’il ne pourrait pas en assumer la maîtrise d’œuvre : « Nous sommes une petite communauté de communes et nous n’avons pas les moyens juridiques, techniques et financiers. Nous aurions été la seule de Corse à le faire. »

Ce ne sera pas le cas puisque la Collectivité de Corse a confirmé qu’elle endosserait ce rôle. « A partir du moment où il y a un engagement ferme de l’Etat, avec un financement à 80 % (pour un projet estimé à plus de 4,5 millions d’euros), la Collectivité de Corse est prête pour ce projet », a confirmé Dominique Livrelli, le président de l’Office du développement agricole et rural de la Corse (ODARC). L’Etat, justement, par la voix du sous-préfet Gaël Rousseau, se félicite « d’accompagner ce projet de territoire, mais aussi tous les autres projets d’abattoir en Corse. En matière d’écologie, ce projet porto-vecchiais propose quelque chose de qualitatif. » 

Une mise aux normes qui était indispensable

Car l’actuel abattoir, qui s’étend sur environ 700 mètres carrés, a fait son temps. Construit en 1984, c’est le plus vieux de Corse. « L’abattoir était au bord de la fermeture en 2021, rappelle Paul-Jo Caitucoli, le président du SMAC. On a investi près de 200 000 euros pour le moderniser. Un travail a été fait sur la sécurité dans la bouverie et au niveau de l’hygiène, dans un souci environnemental et pour le bien-être des salariés. » Cette mise aux normes était indispensable pour garder l’abattoir en vie. « Il restera ouvert jusqu’à la création de l’autre », confirme Paul-Jo Caitucoli. 

L’abattoir de Portivechju a traité  317 tonnes de carcasses en 2023, un chiffre en légère baisse par rapport à 2022 (339 tonnes). Il accueille essentiellement des bovins, des ovins et des caprins, au grand dam des vingt à trente éleveurs porcins de l’Extrême-Sud, obligés de se rendre dans la région ajaccienne ou à Ponte-Leccia pour faire abattre leurs bêtes. Il est prévu que le futur abattoir permette l’abattage porcin, mais pour ce faire, il convient de lever un dernier obstacle : obtenir une dérogation de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) pour que le cahier des charges de l’AOP charcuterie corse autorise l’abattage des porcs à moins de 80 mètres d’altitude, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Or, pour une question de raccordement, le futur abattoir de Portivechju doit être construit dans le voisinage immédiat de la station d’épuration, qui ne se situe pas à 80 mètres d’altitude. « Les discussions sont en cours avec l’INAO, précise Philippe Vincensini, le président de l’AOP. On a bon espoir que ça aboutisse rapidement. »

Un atelier de découpe, également ?

Si le projet voit le jour, le conseiller communautaire et administrateur du SMAC, Etienne Cesari, aimerait bien le voir faire une place à un atelier de découpe : « Ainsi, les éleveurs pourraient mieux valoriser leurs produits auprès des restaurateurs. » Pour l’heure, un tel atelier n’est pas prévu dans le projet, pour des raisons financières, mais il pourrait être créé « dans un second temps », espère Paul-Jo Caitucoli.

En parallèle, les travaux de modernisation de la station d’épuration de Capu di Padolu  doivent s'engager prochainement, pour s'achever cet été. Ils vont permettre de supprimer « 98 % des nuisances olfactives actuelles », promet Jean-Christophe Angelini. Le nouvel abattoir, que tous espèrent voir construit à l’horizon 2028, profiterait alors de ce nouvel environnement assaini. Même si, relativise le maire porto-vecchiais, « ça restera un abattoir, pas un salon de thé ! »