Sur les bords de l'étang, à Aleria, l’entreprise conchylicole « Étang de Diana », fondée il y a soixante ans, continue de miser sur la qualité artisanale. À sa tête, Jeanne Muraccioli veille à préserver les spécificités gustatives et esthétiques de son produit phare : l’huître E Nustrale di Diana. Une huître corsée, charnue, légèrement iodée, élevée dans un environnement exceptionnel qui mêle richesse écologique et patrimoine multimillénaire. Cette exigence vient d’être récompensée : E Nustrale di Diana a décroché en février dernier la médaille d’or du Concours Général Agricole de Paris, dans la catégorie huîtres. Une distinction qui honore tout un travail d’équipe, comme le souligne la dirigeante : « Confrontée aux meilleurs ostréiculteurs, notre huître a séduit le jury par son goût et son aspect. Ce sont deux critères que nous cultivons avec soin, et cette reconnaissance nationale nous conforte dans notre démarche. »
Chaque bourriche d’huîtres primées est désormais marquée du macaron doré. Une reconnaissance visible pour les consommateurs et un gage de confiance pour la clientèle locale, déjà fidèle. La société produit chaque année environ 70 tonnes d’huîtres. Un volume limité par le choix du travail manuel, assumé comme un parti-pris pour garantir la constance et l’authenticité du produit. « On ne vise pas les gros volumes, mais l’excellence », résume Jeanne Muraccioli.
Un site remarquable, entre tradition et adaptation
Sur l’étang de Diana, les huîtres sont élevées dans des conditions naturelles qui leur confèrent leur singularité. Mais ces conditions évoluent. Le changement climatique, notamment, affecte directement la production. « L’huître supporte une température maximale d’environ 32°C. En été, l’étang monte parfois au-delà. Cela reste supportable pour nos huîtres, mais beaucoup moins pour les moules », explique la conchylicultrice. Résultat : la production de moules a été divisée par deux, faute de résistance à ces hausses de température. « À ce jour, la recherche scientifique n’apporte pas de solution concrète. »
Malgré ces difficultés, la volonté de maintenir une production de qualité reste intacte. La médaille obtenue lors du dernier concours agricole constitue un véritable levier commercial. Elle dope les ventes et rassure les clients. « Pour Pâques, nous espérons une reprise dynamique. Il est important de rappeler que les huîtres ne se dégustent pas seulement à Noël, mais tout au long de l’année. »
Objectif Paris, encore
L’équipe de l’Étang de Diana ne compte pas s’arrêter là. Déjà, Jeanne Muraccioli pense à l’avenir : « Nous retournerons à Paris. Pour prétendre au prix d’excellence, il faut avoir décroché trois fois la médaille d’or. C’est notre objectif. Tous nos efforts vont dans ce sens. »
Attachée à son terroir, fidèle à un mode de production artisanal, l’entreprise revendique une vision engagée : proposer un produit identitaire, à la hauteur des attentes des consommateurs corses et au-delà. L’huître corse continue ainsi de faire son chemin sur les tables, portée par un étang, une équipe, et une volonté de transmission.