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Stéphane Canuti, délégué FO centre pénitentiaire de Borgo : "On s'attaque aux plus fragiles pour frapper les esprits"


Livia Santana le Mercredi 29 Juillet 2020 à 19:30

Depuis le début du mois de juillet, les agents du centre pénitentiaire de Borgo ont été visés par de nombreux incendies de voitures et tags injurieux. Ce mardi 28 juillet, deux nouveaux véhicules ont été brûlé devant le domicile d'un agent de la prison à Vescovato. Des actes que condamne le délégué FO centre pénitentiaire de Borgo, Stéphane Canuti.



Centre pénitentiaire de Borgo.
Centre pénitentiaire de Borgo.
Depuis début juillet, huit véhicules d'agents du centre pénitentiaire de Borgo ont été incendiés et un autre vandalisé. Des tags injurieux ont aussi été inscrits sur les murs de la prison ainsi que sur le domicile d'un gardien. Ces actes feraient suite à des fouilles menées en juillet dernier sur des détenus. Celles-ci auraient conduit à la découverte de téléphones portables. Dans les appareils confisqués, des images d'une fête en cellule où l'on voit distinctement de l'alcool et des portables en main. 

 Philippe Canuti, délégué FO centre pénitentiaire de Borgo ne comprend pas cet acharnement sur les agents : " Si on nous en veut pour les fouilles c'est totalement disproportionné. Il y en a tous les jours à la prison, il n'y a rien d'exceptionnel. On sait qu’il y a un grand nombre de portables qui circulent dans l'établissement mais c'est un peu le jeu du chat et de la souris. Quand on trouve des objets prohibés on est obligé de les donner à la direction c'est comme ça." 

Des faits "incompréhensibles" selon les syndicats 

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, trois véhicules appartenant à des surveillants avaient d'abord été incendiées sur le parking de la prison. S'en était suivi un deuxième incendie le 26 juillet dernier, où trois voitures avaient été ciblées cette fois-ci au domicile d'un couple de surveillants à Lucciana. Le lendemain, des tags visant du personnel de la prison étaient inscrits sur la prison. Ils demandaient la démission d'une surveillante, Nadège. Des tags qui ont suscité l'incompréhension du syndicat FO qui affirme : " Rien ne nous fait dire que cette agent aurait provoqué un mécontent. Elle fait son travail tranquillement depuis 3 ans."

Dans la continuité de ces évènement, le mardi 28 juillet, deux véhicules appartenant à un homme préparant les repas au centre pénitentiaire ont été pris pour cible. "On s'attaque aux plus fragiles pour frapper les esprits", déplore Philipe Canuti. Pour lui, les incendies n'étaient pas vraiment visées : "c'est plus facile de s'en prendre à nous qu'au procureur", poursuit-il.

"Une ambiance bon enfant" 

Cet "acharnement" sur le personnel du centre pénitentiaire a "désagréablement surpris" les agents ainsi que le syndicat qui affirme que "Borgo est une prison assez atypique". Loin des centres de détention du continent, Borgo est selon Philippe Canuti un centre où "règne une ambiance bon enfant".  

Le FO pénitentiaire condamne fortement ces actes contre leurs confrères visés et espère que "le calme va s’installer peu à peu".

Dans un communiqué, la ligue des droits de l'Homme s'inquiète de la situation

“La Ligue des droits de l'homme s'inquiète de la situation d'extrême tension qui règne à la prison de Borgo, liée à un climat délétère entre les prisonniers, leurs familles et les personnels pénitentiaires. La réponse n'est ni dans la répression contre les détenus ni dans les exactions contre les personnels et leurs familles. La LDH en appelle aux parlementaires. Elle leur demande d'user en urgence de leur droit de visite dans les prisons et d'informer publiquement les citoyens afin de les éclairer. Par ailleurs, la LDH s'interroge sur les conséquences que pourraient avoir les tensions actuelles sur le rapprochement des prisonniers politiques incarcérés hors de Corse. Elle réaffirme son soutien aux personnes et aux familles demandant ce rapprochement.”