Il était le plus vieux prisonnier de France. Joseph-Thomas Recco, dit « Tommy » Recco, est décédé le 20 novembre dernier à l’âge de 91 ans, après avoir passé 62 ans derrière les barreaux. Tueur en série et braqueur originaire de Propriano, il avait été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat de son parrain en 1960, et le meurtre de trois caissières à Béziers en décembre 1979 et de trois autres personnes, dont une fillette de 11 ans, à Carqueiranne en janvier 1980. Des meurtres qui auraient pu lui valoir la peine de mort sans l'intervention d'Aurèle Mannarini, expert en balistique.
À l’époque, il est « attaché au cabinet de Me Paul Lombard à Marseille ». « Il a très souvent fait appel à moi quand il y avait un crime par arme à feu. Il m’a appelé pour plusieurs procès, dont celui-là », se remémore l’expert. Déjà condamné à mort en 1962 pour le meurtre de son parrain, Tommy Recco avait finalement été gracié par Charles de Gaulle, alors Président de la République, transformant sa condamnation à mort en réclusion criminelle à perpétuité. Libéré en 1977, il recommence ses actes criminels, commettant deux triples meurtres en l’espace d’un mois. C’est dans ce contexte que Me Paul Lombard fait appel à Aurèle Mannarini. « Un premier rapport d’expertise avait été fait par le professeur Ceccaldi, directeur du laboratoire scientifique et criminalistique de Paris, et l'avocat de Tommy Recco m’a mandaté pour effectuer une contre expertise. »
Selon l’expert, « tout le monde était convaincu que c’était lui qui avait tué ». « Il est évident que je n’ai pas été mandaté pour dire si c’était lui ou non. Je ne rentre pas dans les convictions : je ne rentre que dans un travail technique, sans être du côté des parties civiles ou de la défense. » Dans son rapport, l’expert en balistique démontre « qu’il n’y a aucune preuve matérielle qui permette de dire que c’est lui qui a tiré ». « Je ne dis pas que ce n’est pas lui, je montre simplement qu’on n’a aucun indice matériel pour pouvoir dire que c'est lui qui a tiré ou non. L’expertise avait démontré que l’arme utilisée était de calibre 9mm, mais ma contre expertise a indiqué qu’on ne pouvait pas déterminer exactement quelle arme 9mm avait été utilisée. C’était la confusion. »
L’expertise d'Aurèle Mannarini permet finalement de relancer l’instruction au mois de novembre 1980. « Le 11 novembre, Me Paul Lombard m’a appelé, entouré de ses deux assesseurs, et il m’a demandé ce que j’en pensais », raconte l’expert. « Je lui ai dit que je pouvais relancer l’instruction, et il m’a dit que je les sauvais. À ce moment-là, je n’ai pas compris pourquoi il me disait ça. Je l’ai compris plus tard. » En permettant à l’instruction d’être relancée durant plusieurs mois, Aurèle Mannarini permet à Tommy Recco d’échapper à la peine de mort, abolie par la loi du 9 octobre 1981, votée sous l'impulsion du ministre de la Justice Robert Badinter. « Étant donné qu’il avait déjà été gracié par le général de Gaulle, il aurait été guillotiné, c’est sûr. »
Tommy Recco est finalement condamné en 1983 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 18 ans pour ces deux triples meurtres. Pour l’ancien expert en balistique, cet épisode « reste quand même intéressant dans la mesure où il a échappé à la peine de mort ». « Et d’ailleurs, il n’y a pas eu de bataille d’experts. Ma contre expertise a été acceptée, et il a finalement été condamné à perpétuité. »
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