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À Ajaccio, un rassemblement pour dénoncer les conditions de vie des détenus de la prison


le Lundi 28 Avril 2025 à 18:34

Ce lundi après-midi, des représentants de la LDH, des avocats et des familles de détenus ont répondu à un appel à rassemblement lancé il y a quelques jours par les détenus de la maison d’arrêt d’Ajaccio pour dénoncer leurs conditions de détention dans un établissement surpeuplé et vétuste.



« Derrière ces murs il y’a des êtres humains, pas des rebuts de la société ». Ce lundi, devant la maison d’arrêt d’Ajaccio, André Paccou, de la Ligue des Droits de l’Homme Corsica (LDH), est à son tour venu dénoncer les conditions indignes dans lesquelles y seraient incarcérés les détenus. Alors que la reconstruction de la prison de la cité impériale fait figure de vieux serpent de mer, ces derniers mois les alertes sur son fonctionnement se sont en effet multipliées. Début avril, le personnel pénitentiaire avait notamment exprimé son inquiétude face à la surpopulation de cet établissement datant de la fin du XIXème siècle qui accueille aujourd’hui 77 détenus, alors que sa capacité maximale est en théorie de 50 places. À l’instar Me Marie Colombani, bâtonnier du barreau d’Ajaccio, de Me Jean-François Casalta, et de quelques proches de détenus, la LDH a donc tenue à répondre à un appel à rassemblement lancé en fin de semaine dernière par les détenus de la maison d’arrêt d’Ajaccio. Dans un communiqué, ces derniers demandent « des améliorations immédiates et concrètes de (leurs) conditions de vie », insistant sur le fait que « la prison est une privation de liberté, et non de dignité », et dénoncent notamment « un accès restreint aux douches, limité à des horaires fixes », ainsi que « la suppression de trois heures de promenade journalière ».
 
« Quand on arrive au parloir pour les voir, ils nous racontent les conditions dans lesquelles ils vivent. Ils dorment par terre sur des matelas qu’ils doivent enlever le matin, ils n’ont pas de quoi nettoyer les cellules, les toilettes sont installés directement dans la cellule et ils sont obligés de fabriquer des portes pour avoir un peu d’intimité », déplore dans ce droit fil Vanessa dont deux cousins sont actuellement en détention provisoire à la maison d’arrêt d’Ajaccio depuis le début de l’année, en précisant que les deux hommes vivent à 6 dans une cellule prévue 4. « Mais comme ils ont des enfants tous les deux et leurs femmes sur Ajaccio, ils préfèrent rester là que d’être transférés », souffle la jeune femme. 

Ce lundi après-midi, la LDH, des avocats et des familles de détenus ont répondu à un appel à rassemblement lancé il y a quelques jours par les détenus de la maison d’arrêt d’Ajaccio pour dénoncer leurs conditions de détention dans un établissement surpeuplé et vétuste
Ce lundi après-midi, la LDH, des avocats et des familles de détenus ont répondu à un appel à rassemblement lancé il y a quelques jours par les détenus de la maison d’arrêt d’Ajaccio pour dénoncer leurs conditions de détention dans un établissement surpeuplé et vétuste
« La prison n’est qu’un lieu où on a une privation de la liberté d’aller et venir. Tous les autres droits doivent être garantis, à commencer par le droit à la santé », martèle de son côté André Paccou, en déroulant : « En 2023, il y eu un rapport du contrôleur des lieux de privation de liberté qui a mis en exergue que les conditions vétusté et d’exiguïté de la maison d’arrêt d’Ajaccio portent atteinte aux droits fondamentaux des détenus ». Le représentant régional de la LDH pointe ainsi que « l’exigüité de la prison datant de 1870 » ajoutée à la vétusté des lieux n’est « pas du tout adapté à ce qu’on attend d’une prison ». « Du fait de l’exiguïté des lieux, rapport a relevé qu’il existe des pathologies visuelles qui se développent quand la vision humaine ne peut pas aller assez loin qui se développent chez les détenus », ajoute-t-il en relevant en outre les problèmes de surpopulation et de promiscuité. « On ne peut pas accepter qu’une institution de la République se comporte de telle façon vis-à-vis d’êtres humains », fustige-t-il encore. 
 
Me Marie Colombani, bâtonnier du barreau d’Ajaccio, indique d’ailleurs qu’elle a travaillé sur un rapport sur les conditions de détention à la maison d’arrêt d’Ajaccio. En attendant la communication prochaine de ce document aux autorités, elle l’assure : « les détenus peuvent compter sur le barreau d’Ajaccio ». « Nous sommes vigilants aux conditions d’incarcérations des détenus à la maison d’arrêt d’Ajaccio », appuie-t-elle en notant toutefois que « dénoncer des conditions carcérales difficiles c’est souvent s’exposer à un transfert », alors que les détenus aspirent à rester proches de leurs familles. D’autant plus qu’en cas de fermeture de l’établissement les centres de détention de Borgo et Casabianda ne pourraient pas accueillir l’ensemble des détenus incarcérés à Ajaccio. 
 
 « Il n’y pas 36 solutions », estime pour sa part Me Jean-François Casalta. « Soit on construit des prisons, et je crois que le coche a été loupé en 2008 avec la reconstruction de la prison qui était prévue à Baleone, soit on fait en sorte que la société aille mieux, soit on active les mécanismes d’aménagement de peines », détaille-t-il avant de conclure : « La France est de toutes façons régulièrement condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour des conditions de détention indignes ».