L’Aïd el-Kébir, plus grande fête du calendrier musulman, sera célébrée ce vendredi 6 juin. Comme chaque année, elle s’accompagne en Corse de mesures de contrôle renforcées. En Haute-Corse, un arrêté préfectoral publié le 21 mai interdit le transport non réglementé d’animaux vivants. Objectif : prévenir les dérives en matière d’abattage et rappeler les obligations sanitaires en vigueur.
En Haute-Corse, le préfet a pris le 21 mai un arrêté interdisant le transport d’animaux sans autorisation préalable, notamment dans des véhicules non adaptés. Une mesure répétée chaque année, conforme aux instructions nationales. « Cet arrêté vise à rappeler les règles élémentaires de transport des animaux et à éviter les dérives », explique Pierre Havet, directeur adjoint de la direction départementale de la protection des populations. « Tout déplacement doit être déclaré, avec les bons de transport et les notifications de mouvement. Les contrôles routiers seront renforcés durant cette période. »
En parallèle, les services de l’État rappellent que l’abattage rituel ne peut être réalisé que dans des abattoirs agréés. Chaque année, environ 600 moutons y sont abattus en Haute-Corse, dans un cadre sanitaire contrôlé. Mais ce chiffre reste faible, au regard des quelque 42 000 musulmans vivant sur l’île,
Miloud Mesghati, responsable régional du culte musulman. le dit sans détour : il comprend les contraintes imposées par l’État. Et les approuve. « Il faut respecter la loi. Le respect de la loi, c’est le plus important pour moi. Il faut aller à l’abattoir, qu’il soit mobile ou fixe. Il y a des vétérinaires pour vérifier que l’animal est sain, qu’il n’a pas de maladie. Il faut respecter la religion, et la loi, les deux en même temps. »
Le représentant musulman admet que le respect de ce cadre légal est parfois difficile, en raison du manque d’infrastructures adaptées en Corse. « Depuis 2003, je demande des abattoirs mobiles ou supplémentaires. En Corse-du-Sud, nous avons fait une demande. Il y en a à Porto-Vecchio, à Cuttoli aussi. Mais ce n’est pas encore suffisant. »
Un manque criant de bétail et de structures locales
L’autre problème est structurel. « Il n’y a pas assez d’élevage en Corse. Pas assez de moutons, pas assez de veaux, pas assez de poulets. C’est dommage. On fait venir des animaux du continent, voire de Roumanie ou d’Espagne. Mais parfois, ils sont malades. Et c’est à cause de cela que la préfecture prend des arrêtés. Il faut les comprendre. » Pour Miloud Mesghati, la solution passe par le développement local. « Je lance un appel aux Corses : faisons travailler notre île. Si on avait plus d’éleveurs, plus d’abattoirs, on ne dépendrait pas de l’extérieur. Et on éviterait aussi les risques sanitaires. »
Chaque année, des abattages illicites sont constatés, en dehors des structures agréées. Les services vétérinaires ne sont pas en mesure d’en évaluer précisément l’ampleur, mais des procès-verbaux sont dressés régulièrement, indiquent les services de l'Etat. Miloud Mesghati insiste : « Il faut aller à l’abattoir. Il ne faut pas jeter la peau ou le sang dans la nature. Il y a des règles, il faut les respecter. C’est ça aussi, être croyant. »