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Site préhistorique de Tavera : état de délabrement inquiétant de la statue-menhir


Philippe Peraut le Vendredi 2 Août 2019 à 22:41

Henri Franceschi, président de la Communauté de Communes de la Gravona et Franck Leandri, directeur régional des Affaires Culturelles se sont rendus sur le site d’I Casteddi, à Tavera, qui révèle depuis les fouilles effectuées, d’importants renseignements sur l’habitation et les méthodes de travail de la période du bronze et de fer. Les fouilles ont été menées par Hélène Paolini-Saez et son équipe du Laboratoire Régional d’Archéologie. Fortement détériorée, la statue-menhir, l’une des plus remarquables de l’île, devrait faire l’objet de mesures de protection…



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Après cinq années de fouilles, le site de « I Casteddi », situé en contrebas de Tavera, sans doute l’un des sites les plus importants de la région, a livré ses premiers mystères au public. L’équipe du Laboratoire Régional d’Archéologie, conduit par Hélène Paolini-Saez a beaucoup travaillé, depuis cinq ans sur un lieu qui révèle des habitations de l’âge de bronze et du fer, des vestiges (céramiques, perles, pointes de flèche) et sur lesquels ont été, chose fréquente en Corse, bâties des fortifications médiévales. « C’est un lieu très important au niveau archéologique, souligne Hélène Paolini-Saez, il nous révèle des renseignements sur la vie à cette époque, les habitations (méthodes employés), et les méthodes de travail. Il sera important, à court terme, d’établir le lien entre ce site et les autres découverts dans la région. »


Un état de délabrement inquiétant de la statue-menhir
Malheureusement, si les fouilles se sont achevées (elles devraient reprendre d’ici un an, le temps de travailler sur toutes ces découvertes), la présence, mercredi, d’Henri Franceschi, Président de l’intercommunalité  et de Franck Leandri, responsable de la DRAC concernaient l’état de délabrement de la statue menhir qui surplombe « I Casteddi ». « Son état général est très préoccupant, rajoute la présidente du LRA, on a trouvé des gravures faites par des gens irresponsables et à cela s’ajoute la dégradation due à l’érosion et aux lichens qui s’y développent. »
Cette statue, qui serait l’une des plus remarquables en Corse, a été identifiée en 1961 par Pierre Lamotte lors de prospection effectuées dans la vallée. Découverte allongée, elle a été redressée et légèrement déplacée de son lieu initial. Propriété, en 2010, de la Communauté de Communes de la Haute-Vallée de la Gravona, elle a été, depuis quatre années, classées au titre des monuments historiques. « C’est un vestige remarquable de la préhistoire insulaire, assure Franck Leandri, Directeur de la DRAC, vu son état de dégradation qui interpelle tout le monde, nous réfléchissons à une manière de la conserver et surtout de la protéger afin qu’elle ne se dégrade pas plus. »

D’autres mystères à révéler
D’une hauteur de plus de deux mètres, la statue-menhir offre une multitude de détails sculptées qui disparaissent peu à peu (oreilles, nez, bouche fermée, épaules, yeux…). Les gravures de croisillon ont, d’ores et déjà disparues. « C’est l’une des silhouettes les plus anatomiques de l’île, poursuit Franck Leandri, elle a encore bien des choses à nous révéler et a été façonnée par les mains des personnes qui vivaient ici et dont nous avons retrouvé l’existence… »
Une découverte d’autant plus fascinante que le site s’étale sur plusieurs hectares. Sur les hauteurs, alors que des vestiges d’habitations préhistoriques ont été découverts lors des fouilles, c’est un casteddu du Moyen-Âge qui a été révélé. Les fouilles vont s’interrompre pour une année, le temps pour les archéologues d’étudier les vestiges mis au jour. Le travail de fouilles devraient ensuite reprendre pour que le site nous dévoile d’autres mystères…

(Photos Michel Luccioni)