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Signature d'un partenariat entre la Corse et l'Euskadi. Gilles Simeoni : « Nous avons vocation à nous enrichir mutuellement »


Laurent Hérin le Mardi 13 Avril 2021 à 19:59

Ce mardi 13 avril à Bastia, le chef du Gouvernement basque et le président du conseil exécutif de Corse ont procédé à la signature d’un mémorandum de coopération entre l’Euskadi et la Corse. Une manière de concrétiser les liens d’amitié et de solidarité qui unissent depuis plusieurs décennies ces deux régions en quête d’autonomie.



Nanette Maupertuis, Gilles Simeoni et Jean-Baptiste Calendini en visio conférence avec le Chef du Gouvernement Basque
Nanette Maupertuis, Gilles Simeoni et Jean-Baptiste Calendini en visio conférence avec le Chef du Gouvernement Basque
Le Chef de gouvernement de la Communauté Autonome du Pays Basque, Iñigo Urkullu, et le Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, ont procédé ce mardi 13 avril, en visioconférence depuis l’Hôtel de la Collectivité de Corse de Bastia, à la signature officielle d’un mémorandum de coopération entre l’Euskadi et la Corse.
 
Emancipation et démocratie
Après les présentations d’usage, Gilles Simeoni précise qu’il aurait été particulièrement honoré d’accueillir le chef du gouvernement basque. La crise sanitaire étant passé par là, « ce n’est que partie remise. L’invitation reste ouverte et nous espérons vous recevoir et vous voir très bientôt » affirme le président de l’Exécutif  qui enchaîne : « Le contexte sanitaire, économique et social fera d’ailleurs partie très certainement des champs de coopération et de travail commun que nous explorerons ensemble. »
Il rappelle que ce rendez-vous s’inscrit dans une relation historique entre les deux peuples « qui partagent beaucoup. Comme des moments de lutte, d’engagements mais aussi d’inquiétudes. Des peuples qui ont toujours affirmé leur identité et leurs convictions. » Gilles Simeoni insiste : « Il existe un chemin à tracer pour conduire les sociétés corses et basques vers l’émancipation et la démocratie. Nous voulons inscrire cette relation dans la durée. »
 
En distanciel
Si le Lehendakari* n’a pu venir sur l’île, le président du Conseil exécutif se souvient de l’accueil chaleureux qu’il a reçu quand il s’est rendu au pays basque en septembre 2019 : « Cette signature est la concrétisation des discussion que nous avons alors initié. Je me souviens de ces moments de partage, de ces moments chargés d’émotion ». Il insiste sur le travail qui a été fait depuis, notamment sur l’aspect technique de ce mémorandum pour mieux border le champ de cette coopération. Il salue d’ailleurs cette mission réalisée par les équipes basques et corses, parties prenantes de cet accord. A ces côtés, Nanette Maupertuis, une des artisanes de ce mémorandum précise : « Même si elle est virtuelle, cette signature est bien réelle ! »
 
Pierre angulaire
Gilles Simeoni insiste sur l’importance de cet accord : « Ce mémorandum est une pierre, une fondation, un socle sur lequel les élus de la Corse pourront s’appuyer. Les relations pourront se développer, se renforcer et rayonner. Nous avons vocation à nous enrichir mutuellement. C’est la vertu principale de cet accord. » Il ne manque d’ailleurs pas de féliciter Iñigo Urkullu pour sa récente réélection à la tête du gouvernement. Et il conclue son intervention par ces mots : « Nous notons que vous avez derrière vous le drapeau corse. Ici, nous avons choisi de mettre le chêne de Guernica au côté de Pasquale Paoli. On vous attend très bientôt pour venir planter un chêne. »
 
Signature
Le Chef du Gouvernement Basque prend alors la parole : « Je tiens à saluer affectueusement Marie Antoinette Maupertuis et Jean Baptiste Calendini qui sont à vos côtés. Je vous souhaite tous mes vœux de réussite pour l’élection à venir. Nous partageons la même philosophie et la même politique. J’espère effectivement venir très bientôt en Corse planter cet arbre. C’est un engagement que j’ai pris. »
Iñigo Urkullu et Gilles Siméoni signent alors le fameux document, dans les deux langues, qui engage la Corse et le pays basque sur les cinq prochaines années. « Nous voulons travailler ensemble, créer des synergies. Il fallait donc se projeter sur du long terme » précise Gilles Simeoni avant de conclure : « Mais des objectifs seront fixés chaque année et viendront compléter cette convention cadre. Nous sommes enfin prêts à relevés les défis de demain tout en préservant nos racines. »
 


* Le président du gouvernement basque (en espagnol : Presidente del Gobierno Vasco, en basque : Eusko Jaurlaritzako lehendakaria), habituellement désigné comme lehendakari, est le chef du gouvernement de la communauté autonome espagnole du Pays basque


Trois axes
Cet accord entre les deux régions repose sur trois axes privilégiés que détaille le président du Conseil Exécutif : « En premier, les affaires européennes. Nous devons nous adresser à nos états de rattachement mais aussi à l’UE pour faire entendre notre voix. Et dire que nos peuples, même s’ils sont sans état, doivent trouver leur place dans la construction européenne. Nous sommes partisan de cette Europe.
En deux, la politique linguistique. Nous admirons les efforts associatifs, citoyens, politiques et institutionnels qui ont été menés pendant des décennies. Vous êtes d’ailleurs en avance sur nous dans ce domaine. Nous sommes attachés à notre langue et nous avons beaucoup à apprendre de ce que vous avez fait jusqu’à présent.
Enfin, en trois, la diaspora. De par son histoire, le peuple basque a vu nombre de ses enfants quitter son territoire. Quatre millions de personnes d’origine basque vivent dans le monde. Votre volonté politique a été de créer des conditions, depuis 25 ans, pour que ces personnes soient pleinement intégrées. Votre exemple nous inspire nous, “petit peuple de Méditerranée”. On a vu des dizaines et des centaines de milliers des nôtres partir vivre ailleurs. Des liens subsistent. La ressource humaine est un atout essentiel. »