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Saveriu Luciani : "Il faudra au moins 15 jours pour réalimenter les agriculteurs entre San Ghjulianu et la Plaine de Tagliu"


Nicole Mari le Lundi 29 Octobre 2018 à 17:17

Alors que la tempête Adrian menace de causer d’autres dégâts sur les canalisations d’eau, le président de l’Office d’équipement hydraulique de la Corse (OEHC) et conseiller exécutif, Saveriu Luciani, s’est rendu, avec son équipe, à Santa Lucia di Moriani pour faire le point ce matin sur les conséquences des intempéries des 16 et 17 octobre derniers et rencontrer les agriculteurs. Des grosses canalisations ont été détruites ou endommagées entre I Fulelli et l’INRA de San Ghjulianu. Saveriu Luciani explique, à Corse Net Infos, qu’il faudra une quinzaine de jours de travail pour rétablir l’eau de San Ghjulianu à Ficaretu.



Autour du Président de l’OEHC, Saveriu Luciani, Thomas Cipriani du Service exploitation, et Stéphane Accorsi, plusieurs membres du Conseil d’administration de l’OEHC, notamment Paola Mosca, conseillère territoriale, Ange Maestrini et Simon-Pierre Fazi, et des agriculteurs de la zone, Mr Crestini, Mr Brunini et les frères Grandi.
Autour du Président de l’OEHC, Saveriu Luciani, Thomas Cipriani du Service exploitation, et Stéphane Accorsi, plusieurs membres du Conseil d’administration de l’OEHC, notamment Paola Mosca, conseillère territoriale, Ange Maestrini et Simon-Pierre Fazi, et des agriculteurs de la zone, Mr Crestini, Mr Brunini et les frères Grandi.
- Pourquoi avez-vous rencontré les agriculteurs ?
- Nous avons fait un point sur le terrain, ce matin, avec les services de l’OEHC, notamment sur les deux sites concernés : San Ghjulianu et le passage sur le Fiumaltu. À Santa Lucia di Moriani, nous avons tenu à rencontrer des agriculteurs de la microrégion qui n’ont momentanément plus accès à la ressource en eau pour prendre connaissance de leur situation particulière. Notre objectif reste, bien évidemment, d’évoquer avec eux les solutions possibles sur le court terme, et d’évaluer les problématiques liées au contexte, notamment pour les filières devant utiliser l’eau brute durant cette période.
 
- Quel est le bilan en Plaine Orientale, dix jours après les intempéries ?
- La façade Est de l’île a connu un épisode pluviométrique de forte intensité les 16 et 17 octobre, notamment dans la région Alisgiani-Castagniccia, avec des intensités pluviométriques qui ont dépassé 225 mm en 5 heures. Ces précipitations ont endommagé des ouvrages de la Concession hydraulique gérée par l’OEHC. Durant cet épisode, le barrage de l’Alisgiani avait fait l’objet d’une surveillance particulière. Il a, d’ailleurs, rapidement atteint son niveau de retenue normale, soit 10,5 millions de m3 dès l’après-midi du 16 octobre. Si aucun désordre particulier n’a été décelé sur le barrage et ses abords immédiats, deux incidents majeurs se sont produits sur les ouvrages de transfert et de distribution d’eau brute du Nord de la Plaine Orientale.
 
- A quel niveau ?
- D’abord, la traversée sous fluviale de diamètre 800 mm du Fium’Altu a été emportée. Elle se situe au coin droit du pont routier de la RT10, entre Penta-di-Casinca et Tagliu-Isulacciu.
Ensuite, l’adducteur aérien, posé en encorbellement d’un ancien ouvrage d’art de la voie ferrée à San Ghjulianu et sur un bras du lit majeur d’un affluent de l’Alisgiani, appelé Le Bussu, a été sévèrement endommagé. La canalisation en béton armé d’un diamètre de 800 mm s’est rompue. Ces deux ruptures de conduites ont eu pour conséquence : une interruption de la desserte en eau brute dans une large zone située entre I Fulelli et l’INRA de San Ghjulianu. Bien entendu, toutes les informations relatives aux incidents ont été publiées en temps et en heure sur les sites de la CDC.
 
- Avez-vous commencé les réparations ?
- Le processus est bien engagé! Après évaluation des dommages occasionnés, les services ont, d’ores et déjà, commandé les fournitures appropriées, d’ailleurs en partie en cours d’acheminement. Il s’agit notamment de plus de 200 mètres linéaires de conduites en fonte ductile de 800 mm. Nous devons gérer deux chantiers de réparation distincts. Le plus complexe reste celui de la traversée du Fium’Altu qui est conditionné par une décrue complète de ce cours d’eau. En revanche, le chantier de San Ghjulianu devrait pouvoir se réaliser en une quinzaine de jours, sous réserve de bonnes conditions climatiques, de vérifications techniques et de travaux préparatoires conformes. Le délai prévisionnel, qui intègre les approvisionnements, les travaux d’approche et la pose des nouveaux circuits hydrauliques, est, pour l’heure, estimé à environ 15 jours pour San Ghjulianu et à environ 60 jours pour le Fium’Altu. Le montant des travaux de réparations est important puisqu’il s’élèverait à plus de 300 000 €.
 
- Qu’avez-vous dit aux agriculteurs ?
- Plusieurs irriguent les cultures sous serres et risquent de perdre une partie de leur production. J’ai tenu à les rassurer sur notre volonté d’aller vite, tout en leur disant qu’aucune solution alternative de desserte en eau brute n’était a priori mobilisable pour cette zone San Ghjulianu - Ficaretu, pendant la durée des travaux. Au-delà du fait que je venais leur apporter notre soutien et celui de la CDC, ma visite se voulait très claire quant à notre volonté de réaliser ces travaux au plus vite. Ils ne devraient donc pas excéder une quinzaine de jours.
 
- Craignez-vous cette nouvelle tempête Adrian ? On parle déjà de nouveaux dégâts. Qu’en est-il ?
- Je n’étonnerai personne en vous disant que tous les secteurs de l’OEHC sont fort logiquement en alerte, surtout dans les secteurs où sont implantés nos ouvrages de stockages. Dans la zone de l’Alisgiani, très sensible depuis la semaine dernière, la vigilance reste de mise, d’autant que le barrage est plein. Il ne peut plus servir d’écrêteur de crue en cas de nouvelles précipitations importantes. Ailleurs, même si le niveau des barrages est exceptionnel à cette époque de l’année - 73% contre 18% en 2017 et 31% en 2016 -, nous ne devrions pas connaître de mauvaise surprise. Pour autant, au regard des conditions météorologiques actuelles, on ne peut raisonnablement s’exonérer de contrôles réguliers et systématiques de l’ensemble de nos installations.
 
Propos recueillis par Nicole MARI