Chaque 15 août, de Bastia à Bonifacio, les cloches sonnent pour l’Assunta Gloriosa. La grand-messe et la procession qui l’accompagne rassemblent croyants et curieux, dans un mélange de ferveur religieuse et de tradition populaire. En Corse, la figure de la Vierge Marie dépasse le cadre spirituel pour devenir un symbole identitaire et communautaire. « On peut considérer qu’au regard des sources archéologiques, les premières manifestations liées au culte marial se situent aux alentours du VIe siècle », explique Stéphane Marchetti, historien spécialiste de l’époque moderne. « Dès cette période, les premiers monuments religieux apparaissent, souvent liés à l’Assomption. On ne construit pas un lieu de culte du jour au lendemain : cela signifie que la dévotion était déjà bien ancrée auparavant. »
Aujourd’hui, la Corse compte 126 lieux de culte dédiés à la Vierge, dont 70 portent le nom de Santa Maria. Un chiffre qui illustre la force de cette tradition. « Le culte et le bâti vont de pair, et chaque village a, d’une manière ou d’une autre, son histoire avec Marie », poursuit l’historien.
La date du 15 août correspond à l’Assomption, croyance chrétienne selon laquelle Marie, mère de Jésus, est montée au ciel à la fin de sa vie terrestre. « On parle d’Assomption dans la tradition occidentale et de Dormition dans la tradition orientale », précise Stéphane Marchetti. « Dans les deux cas, l’idée est la même : Marie est entrée dans la gloire de Dieu. »
La symbolique mariale est omniprésente dans l’art religieux insulaire. Les couleurs bleu et blanc évoquent à la fois la pureté et le ciel, tandis que l’image du manteau de la Vierge illustre sa protection. « Le manteau enveloppant, c’est l’idée d’une mère protectrice vers laquelle on se tourne en ultime recours. Cela a un écho particulier en Corse, où la dimension humaine et bienveillante de Marie est très forte », note l’historien. Le lien avec la Vierge ne se limite pas à la foi : il touche à l’affectif. « L’Assunta Gloriosa est vue comme la mère céleste. Ses qualités rappellent celles d’une mère terrestre : protection, bienveillance, humilité. On la prie beaucoup, même parfois en dehors de tout cadre religieux formel », insiste Stéphane Marchetti.
Le 15 août est aussi un moment de tradition vivante. Après la messe solennelle, la statue de la Vierge est portée en procession dans les rues. Selon les villages, cette procession se déroule en journée ou en soirée. Les porteurs de la statue sont souvent désignés pour leur engagement religieux, mais autrefois, la ferveur pouvait aller plus loin. « Dans certains villages, on organisait des enchères pour savoir qui aurait l’honneur de porter l’Assunta », raconte l’historien. « Celui qui offrait le plus haut montant gagnait ce privilège, preuve de l’attachement et de l’importance accordés à ce rôle. »
Autour de cette fête circule aussi une expression populaire : a rinfriscata di Santa Maria. Selon la croyance, une fraîcheur arrive après le 15 août, marquant la fin des grosses chaleurs estivales, ou apportant un apaisement intérieur lié à la dévotion. « Est-ce un phénomène climatique ou spirituel ? Les deux interprétations coexistent », conclut Stéphane Marchetti.
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