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Rentrée scolaire : la tenue vestimentaire unique, expérimentée à Bonifacio, garde la cote


le Mardi 2 Septembre 2025 à 16:38

Les vacances, c'est fini ! Ce mardi matin, jour de rentrée des classes, les écoliers bonifaciens ont rangé leur maillot de bain et ressorti la fameuse tenue unique qu’ils ont portée pendant six mois, de janvier à juin, le temps d’une expérimentation amorcée au niveau de l’État. Une expérimentation qui, pour l’heure, est accueillie favorablement par une majorité de parents d’élèves. Elle se poursuivra toute l’année scolaire, mais après ?



La tenue unique ? "C'est joli" apprécie Ange, qui est en CE1, ici aux côtés de sa maman Géraldine.
La tenue unique ? "C'est joli" apprécie Ange, qui est en CE1, ici aux côtés de sa maman Géraldine.
Dur retour à la réalité pour Baptiste, 7 ans. En ce mardi matin, le petit Bonifacien qui rentre en CE1, a tiqué quand il a vu, sortie du placard, la tunique qu’il portait avant les vacances. « Je suis obligé de mettre ça ? » a-t-il demandé à sa maman, Lucie. Évidemment, Lucie n’allait pas lui dire que non, cette expérimentation n’est qu’une simple proposition, que rien n’est imposé… Une maman décide pour son enfant et Baptiste a dû s’exécuter : « Il n’était pas ravi, il a passé l’été dehors à s’habiller en tenue de camouflage... »

En ce jour de rentrée, beaucoup d’écoliers bonifaciens se sont présentés à l’école vêtus de la tenue unique, mais pas tous, loin de là. Pas par rébellion, mais pour des raisons logistiques : durant l’été, des enfants ont grandi, au point de se sentir trop serrés dans les tenues qu’ils portaient avant les vacances. D’autres habits ont pu aussi s’abîmer en huit mois. Enfin tous les écoliers qui entrent en CP n’avaient pas de tenue, puisque l’expérimentation concerne seulement les élèves du primaire. La municipalité a passé une nouvelle commande en renouvellement de stock, mais celle-ci ne sera réceptionnée qu’en octobre. Dans l’attente, « des parents ont trouvé une astuce pour confectionner un polo de leur propre chef, ils ont simplement demandé à la mairie de leur fournir le modèle du logo », rapporte Eric Volto, le directeur de l’école primaire de Bonifacio. 

"J'ai pas le choix, sinon le petit aura la pression..."

Signe que, dans l’ensemble, la tenue unique à l’école suscite l’enthousiasme des parents d’élèves : « Oui, confirme le directeur. J’ai fait un sondage avant la rentrée et les parents se sont dits favorables à 95 %. » « Cette tenue, c’est très bien, comme ça, tous les enfants sont égaux », approuve une maman, rencontrée à la sortie de l’école. « Le matin, on n’a pas à se prendre la tête sur le choix des vêtements », renchérit Fidji. « J’y vois que des avantages résume Lucie. Au-delà de l’égalité renforcée, il y a cette notion d’appartenance à un groupe. »  Géraldine est plus mitigée : « On ne les reconnaît plus, mais le fait de porter les mêmes habits, ça force à une certaine unicité. Une tenue unique, ça peut être surtout bénéfique dans des communes avec des situations sociales assez différentes. » « Moi, ça me gonfle, lâche une maman, qui préfère conserver l’anonymat. On est en 2025, il faut vivre avec son temps, et ça me dérange qu’on mette à mon fils un habit de gendarme. Et l’inégalité est là quand même : y en a toujours qui arrivent à l’école en Porsche et d’autres, en 205… » En dépit de son opposition à la tunique, elle se plie quand même à l’expérimentation : « J’ai pas le choix, sinon le petit, il aura la pression... »

Quid de l'Etat ?

Le directeur de l’école dresse un premier bilan « très positif » : « Quand on a fait des olympiades avec d’autres écoles, les enfants étaient contents d’avoir leur tenue avec logo, comme s’ils formaient une seule et même équipe. Mais sur l’atténuation des différences sociales, je n’ai pas trouvé que c’était très marqué. » Eric Volto souhaiterait qu’il y ait une continuité dans le parcours de l’élève : « Je regrette que ce ne soit pas suivi au collège. Car à ces âges-là, c’est plus important qu’ici. »

Au collège ? « Non, je n’ai pas la main, c’est la Collectivité de Corse », renvoie le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci. S’il se dit pour l’heure « satisfait des retours très positifs que nous avons eus », l’édile bonifacien se demande surtout si cette expérimentation, qui avait été souhaitée par l’État en décembre 2023, le sera toujours à la fin de l’année scolaire, en juin 2026. « Ca avait été voulu par Gabriel Attal à l’époque. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr qu’Elisabeth Borne (l’actuelle ministre de l’Éducation nationale, NDLR) en fasse un élément clé de sa politique éducative... » Dès lors, compte tenu de l’instabilité gouvernementale et budgétaire que connaît la France, « il y a de fortes chances  pour que l’État ne poursuive pas en ce sens », s’attend Jean-Charles Orsucci. Pour cette expérimentation, le budget s’était élevé à 38 000 euros, répartis entre l’Education nationale et la commune. Si défection de l’État il devait y avoir, « on sondera les parents, les enfants et les enseignants à la fin de l’expérimentation, annonce le maire. Et en cas de retours positifs, on se posera la question de poursuivre. »