Corse Net Infos - Pure player corse
Corse Net Infos Corse Net Infos

CorseNetInfos


Réforme des retraites : Les enseignants déposent des livres devant l’inspection académique à Bastia


Nicole Mari le Mercredi 22 Janvier 2020 à 18:30

Nouvelle action des enseignants, mercredi midi, à Bastia avec le dépôt symbolique devant les entrées de l’inspection académique de Haute-Corse de vieux manuels rendus obsolètes par les réformes successives. La quarantaine de professeurs de collèges et lycées présents entend protester à la fois contre la réforme des retraites, la réforme du baccalauréat et les conditions de travail qui en découlent. Suite à ce dépôt, une délégation a été reçue par le Directeur académique des services de l'Éducation nationale pendant 1h30. Pour autant, la mobilisation se poursuit.



Réforme des retraites : Les enseignants déposent des livres devant l’inspection académique à Bastia
L’action se veut symbolique à plus d’un titre. En déversant devant les entrées de l’inspection académique de Haute-Corse de vieux manuels rendus obsolètes par les réformes successives et incessantes, le Collectif d’enseignants du 1er et 2nd degré entend protester contre la réforme des retraites, mais pas seulement. Si cette dernière a mis le feu aux poudres, le mécontentement est général et s’étend à la réforme du baccalauréat et aux nouvelles conditions de travail. « En déposant des livres, c’est notre outil de travail que nous avons symboliquement déposé. C’est vraiment un geste symbolique », explique Anaïs Foucault, l’un des quarante professeurs présents à midi devant le siège bastiais. Pour cette jeune professeur de Lettres-Histoire (PLP) au lycée professionnel Jean Nicoli à Bastia, « La réforme du lycée n’a pas été préparée. Le problème vient aussi de sa mise en place. Nous aurions du avoir, dès la rentrée de septembre, des banques de sujets dans lesquelles les professeurs auraient pu piocher pour préparer les élèves. Nous n’avons eu les sujets qu’en décembre, d’où le sentiment de ne pas être prêts. Ensuite, à mon sens, cette réforme n’est pas égalitaire. Chaque lycée propose ses propres sujets, donc le baccalauréat n’est plus national ». Le nouveau bac dit E3C introduit un contrôle continu et ne garde que 4 matières pour le contrôle terminal de fin d’année scolaire, contre une quinzaine dans l’ancienne formule. Les épreuves communes de contrôle continu se tiennent pour la première fois en ce moment un peu partout, entrainant boycotts et bras de fer avec les rectorats. (cf par ailleurs).


Des inquiétudes sur les salaires
Ce dépôt de livres s’inscrit dans la multiplication d’actions tout aussi symboliques menées sur le continent où, à l’appel de l’intersyndicale de l’Education nationale, les enseignants en colère jettent, de Versailles à Avignon, des centaines de livres et de manuels scolaires devant des préfectures, des rectorats ou des permanences d’élus LREM. Malgré les 500 millions d’euros promis par le gouvernement et qui, dès 2021, seront affectés à la revalorisation de leurs salaires, les enseignants ne sont pas sûrs de sortir indemnes de la réforme des retraites. Le fait même d’avoir obtenu cette enveloppe le prouve. Les annonces du ministre Jean-Michel Blanquer sont trop floues et peu sécurisantes. L’inquiétude reste grande et la grogne ne faiblit pas : « Rien n’est clair ! On ne sait pas exactement qui y aura droit. Le gouvernement parle des « entrants ». Cela veut dire que la revalorisation de salaires ne touchera que les futurs professeurs issus des prochains concours ? Ou qu’elle ne concernera que les gens nés après l’année 1975 ou 2000 ou les plus jeunes parce qu’ils seront les plus impactés ? On n’en sait rien ! ». Et de préciser : « Ce n’est pas une augmentation de salaires, mais une revalorisation qui servirait à peine à compenser ce que l’on perdrait avec la réforme des retraites. Elle ne compense pas tout à fait l’écart de salaire qui s’est creusé avec le gel de l’indice depuis des années. En résumé, on ne sait pas ni qui en bénéficiera, ni de combien elle sera, ni quand elle interviendra, ni comment ! », ajoute Anaïs Foucault.

La peur de l’entourloupe
En bref, les enseignants craignent une entourloupe. D’autant que ce cadeau s’accompagne d’une contrepartie déjà en cours à travers la réforme du statut de professeur. « Petit à petit, on nous rajoute de plus en plus de missions. On passe notre temps à faire de l’administratif, à remplir des paperasses. Si on revalorise les salaires, mais on rajoute encore des missions sur la fiche de poste, il faut bien comprendre que tout ce travail supplémentaire met en péril notre fonction première qui est d’enseigner et d’éduquer », poursuit Anaïs Foucault. Sans compter la modification du statut des professeurs de lycées qui leur enlève de fait le statut à vie de fonctionnaire d’Etat. C’est dire si la mobilisation ne faiblit pas. Les jours de grève nationale et les assemblées générales s’enchainent avec des manifestations plus locales : « Dimanche dernier, par exemple, nous avons organisé un point d’information sur le marché de Bastia pour interpeller les élus et la population en distribuant des tracts. Nous participerons à la retraite aux flambeaux prévue de manière nationale, jeudi soir. Nous serons en grève nationale, vendredi. Nous multiplions aussi les assemblées générales pour nous mobiliser en concertation avec nos collègues des collèges et autres lycées de Bastia. L’action de dépôt de livres sera reconduite mercredi prochain », prévient la jeune professeur. Avant de conclure : « Notre mobilisation reste intacte. Nous ne lâcherons pas tant que nous n’aurons pas des réponses plus concrètes à nos inquiétudes ». Affaire à suivre… 
 
N.M.