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Réforme Blanquer : les professeurs de Corse lancent un cri d'alarme


Livia Santana le Jeudi 19 Décembre 2019 à 09:21

Ce mercredi 18 décembre, les professeurs de corse se sont réunis pour dénoncer la réforme des lycées qui menacerait selon eux la filière.



Les professeurs de Corse poussent un cri d'alarme suite à la réforme du Lycée.
Les professeurs de Corse poussent un cri d'alarme suite à la réforme du Lycée.
Alors que l'Exécutif prône un renforcement de la langue corse, les enseignants de la discipline se battent pour la sauvegarde de celle-ci. Ce mercredi 18 décembre, une dizaine de professeur de corse se sont réunis pour tirer la sonnette d'alarme.

Mise en place en 2019, la réforme Blanquer a totalement réorganisé l'enseignement au lycée. Aujourd'hui, les élèves de seconde, première et terminale peuvent prendre le Corse en deuxième langue, option ou spécialité.
La spécialité langue régionale est une nouveauté, auparavant l'enseignement approfondi du Corse n'était possible qu'en classe de terminale littéraire. Cependant, depuis son instauration, seulement 47 élèves ont pris. Sur les 865.000 élèves de première en France, 87 élèves sont inscrits dans cette spécialité.
Un chiffre dérisoire que Jean-Charles Adami, professeur de Corse au lycée du Fangu ne manque pas de souligner "Avec la réforme les élèves doivent choisir trois spécialités, la langue corse est une possibilité. Elle représente 4 heures par semaine en première et 6 heures en terminale. Un élève voulant faire des études scientifiques ne va pas prendre notre enseignement. Cette nouvelle réforme nous met en concurrence avec les autres matières."

Vers une dévalorisation de la langue ?
Avec la réforme des lycées, les enseignants craignent de voir leur poste disparaitre. Stéphane Pergola, professeur de corse au lycée privé Jeanne D'Arc s'inquiète : "Avec la nouvelle réforme j'ai perdu deux tiers de mes effectifs de la seconde à la première. De 30 élèves ils sont passés à 10. L'année prochaine qu'est-ce que ça sera 5 élèves ? Il y aura un moment où l'on fermera la filière..." 

Une baisse des effectifs qui s'explique, selon eux, par la dévalorisation de la langue. En effet, la langue corse prise en option représente une plage horaire de trois heures par semaine et un coefficient 1 au bac, soit 0,3% de la note finale. Selon Ghjiseppu Turchini, président de l'Association des enseignants de et en langue et culture corse (AILCC) "cette réforme n'incite pas les lycéens à prendre le Corse. Les langues mortes comme le latin ou le grec représentent également trois heures par semaine mais ont un coefficient 3 au baccalauréat." 

Julie Benetti : "Le Corse en spécialité est accessible à tout le monde"

La rectrice de l'académie de Corse Julie Benetti, défend cette réforme du Gouvernement. Elle explique : "A présent, le Corse en spécialité est accessible à tout le monde. La réforme l'a rendu plus accessible. Pour l'enseignement optionnel les professeurs pensaient que le faible coefficient allait dissuader les élèves de la prendre mais ce n'est pas le cas. Les chiffres sont stables et même en augmentation. L'année dernière il y avait 167 élèves de première en option aujourd'hui 180. C'est une plaisanterie, aucun poste ne sera supprimé. On ne peut pas tirer de conclusions de la réforme maintenant c'est trop tôt. Notre objectif est bien d'avoir de parfaits locuteurs à la sortie du cursus."


Dans les prochaines semaines, les professeurs de Corse vont demanderune rencontre avec la rectrice, les députés et une réunion du comité académique de la langue corse qui ne s'est plus réuni, selon eux, depuis quatre ans.