Quelques jours après l’interview d’Alexandre Farina sur Corse Net Infos, dans laquelle il réagissait à sa nomination dans le faux rapport sur les bandes criminelles en Corse diffusé anonymement et largement dans la société insulaire la semaine dernière, Jean-Toussaint Plasenzotti, porte-parole du collectif anti-mafia Massimu Susini, a tenu à répondre aux propos du premier adjoint au maire d’Ajaccio, qu’il juge « mensongers au point de tomber dans la caricature ».
« Ses explications sont complètement ahurissantes, puisqu’il nous prête des déclarations que nous n’avons jamais faites », estime-t-il en faisant référence aux propos de l'élu dans lesquels il affirme ne pas s’être rendu à la manifestation anti-mafia organisée le samedi 15 novembre ayant « détesté ce discours manichéen visant à culpabiliser les élus qui seraient complices de collusion avec une prétendue mafia ». « Il invente le fait que nous aurions dit que les Corses, spécialement les élus, sont des mafieux. C'est une absurdité sans nom : les milliers de Corses qui sont descendus dans la rue, évidemment, ne sont pas des mafieux, et ceux qui n'ont pas assisté à la manifestation ne sont pas des mafieux non plus. Les mafieux, on les voit dans les faits divers, dans les assassinats, dans les procès et dans les condamnations », affirme Jean-Toussaint Plasenzotti.
Si Alexandre Farina, pour expliquer son absence à la manifestation anti-mafia, explique ne pas avoir « la culture des manifestations et des défilés derrière des slogans », il ajoute qu’il se voyait mal « défiler derrière certaines personnalités appelant à ces rassemblements et dont chacun connaît soit le passé, soit l’entourage familial », et parle « d’échec probable des mobilisations et la faible adhésion des Corses ». En réaction, Jean-Toussaint Plasenzotti indique qu’il est « mal venu de la part de M. Farina de faire ce genre d’observations honteuses, d’ailleurs présentes dans le faux rapport, alors qu’on ne lui a jamais fait de remontrances sur son entourage amical pas plus que nous n’avons jamais parlé de la mairie d’Ajaccio ». À propos de la manifestation, il parle d’une « grande manifestation avec plus de 2 000 personnes à Ajaccio » et de « deux manifestations à Ajaccio et à Bastia » six mois plus tard, une chose « qui ne s’est jamais vue en Corse avec autant de soutien ».
« C’est vrai qu'il n'y avait pas toute la Corse, mais aujourd'hui, qui est capable de rassembler autant de gens dans la rue, surtout par rapport à un phénomène de criminalité organisée qui fait peur et qui intimide ? Nous avons progressé en nombre et en qualité des personnes qui ont participé à la manifestation. Dans les trois manifestations, nous avons eu le plaisir de voir venir nous saluer le préfet de Corse, le préfet de Haute-Corse. De très nombreux élus étaient là, le représentant de l’Église de Corse également, et un adjoint de la mairie d’Ajaccio. Pour la première fois, une minute de silence a été faite pour les victimes innocentes à Ajaccio et à Bastia, avec également la présence de familles et de proches de victimes. C'est la première fois que, dans une manifestation, au moment de l’émotion, les gens se rassemblent derrière des banderoles pour rappeler les souvenirs de personnes qui ont été assassinées par le crime organisé. On a de quoi être satisfaits. »
Une action contre la mafia appelée à s’amplifier
Lorsque le premier adjoint au maire d’Ajaccio évoque « une prétendue mafia », le porte-parole du collectif Massimu Susini estime que « l’État dit qu'il y a une mafia, les médias disent qu'il y a une mafia, les Corses disent qu'il y a une mafia, mais M. Farina est hors sol ». « Pourtant, peut-être qu’il est victime de la mafia, parce que le document où il figure est une production mafieuse. » Quant aux propos expliquant que « le combat des collectifs est noble, légitime et respectable. [...] c’est le discours hargneux et suspicieux qu’ils ont choisi qui me déplaît », Jean-Toussaint Plasenzotti indique : « 17 élus assassinés depuis 20 ans, 12 chefs d’entreprise assassinés depuis 10 ans, des centaines de personnes assassinées dont la plupart n'ont pas obtenu justice… On a raison d'être un petit peu suspicieux, puisqu'on voit une longue dérive de la société corse. M. Farina ne semble pas en avoir conscience. Pire, il s’en prend à ceux qui la dénoncent. »
Il indique encore que les collectifs « agissent concrètement ». « Nous sommes des citoyens qui intervenons à visage découvert pour dire ce qui ne va pas, nous dénonçons la réalité de l'emprise mafieuse, et nous faisons aussi des propositions. En six ans, nous avons considérablement fait progresser la prise de conscience de la société corse. Nous avons fait voter des lois, grâce à nos parlementaires, fait un colloque anti-mafia, influencé la création de cours anti-mafia au collège et au lycée. Une commission anti-mafia a vu le jour, un parquet aussi. Ça affole et ça contrarie fortement la mafia, puisqu’elle tente, avec ce faux rapport, de retourner l’opinion publique en portant des attaques ignobles, mensongères et dangereuses tout en impliquant des centaines de personnes innocentes. »
Enfin, Jean-Toussaint Plasenzotti a également tenu à réagir à sa nomination dans le faux rapport envoyé la semaine dernière. « Ce rapport a pour objectif principal d'attaquer les collectifs, parce que les collectifs progressent et permettent une prise de conscience de la société corse qui ne se démonte pas, puisqu'il y a une augmentation des personnes qui interviennent », précise-t-il. Il indique aussi déposer plainte à titre personnel et au nom du collectif Massimu Susini, et invite Alexandre Farina à les rejoindre : « M. Farina serait bien inspiré de soutenir l'action, y compris peut-être en créant un collectif des élus qui sont victimes de pression de la mafia. »
Le porte-parole du collectif assure que la mobilisation se poursuivra. « La question de la mafia est au cœur de l'actualité en Corse. Elle occupe l'État et elle occupe surtout les services de police et de justice, lorsqu'on voit le nombre d'arrestations et de procès qui se terminent par des condamnations assez lourdes. Toutes les instances de la société corse ont pris conscience de ce qui se passait en Corse et répondent de manière assez efficace. Il y a aussi une coordination anti-mafia qui s'est mise en place, elle va progresser, elle va se réaliser. On va donner des pistes pour résister, faire des propositions concrètes. On peut considérer que la société civile a un grand rôle à jouer. »
Après cette mise au point de Jean-Toussaint Plasenzotti, CNI considère désormais que le débat autour de l'interview d'Alexandre Farina est désormais clos.
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