
« Il ne faudrait pas se réjouir trop vite. » Pour Thomas Santoni, président de l’association Corsica Palestina, les propos d’Emmanuel Macron, qui a déclaré mardi soir sur France 5 vouloir « aller vers une reconnaissance » d’un État palestinien par la France, doivent être reçus avec beaucoup de réserve. Selon le chef de l’État, cette reconnaissance pourrait intervenir dès le mois de juin à l’occasion d’une conférence aux Nations unies coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Mais cette annonce, si elle marque une inflexion diplomatique, reste au conditionnel. « C’est une déclaration tardive, et il faut rester prudent, car un précédent existe déjà », souligne Thomas Santoni, en référence à un vote similaire sous la présidence de François Hollande qui, rappelle-t-il, « n’a jamais été appliqué ».
Le président de Corsica Palestina insiste également sur la lenteur du processus diplomatique français : « Cela fait des décennies que les militants de la cause palestinienne luttent pour que cette reconnaissance ait enfin lieu. » Si la perspective d’une telle annonce est jugée nécessaire, elle intervient selon lui bien trop tard, alors que la situation humanitaire et politique en Palestine ne cesse de se dégrader.
La reconnaissance évoquée par Emmanuel Macron s’inscrit dans un cadre plus large : celui d’un retour à une solution à deux États, à laquelle plusieurs pays semblent de nouveau prêts à adhérer. L’ancien président François Hollande a d’ailleurs salué l’initiative tout en en soulignant les limites : « C’est purement déclaratoire », a-t-il déclaré mercredi sur RTL. « Ce qui compte, c’est bien sûr qu’un jour il puisse y avoir un État palestinien, mais que le Hamas ne soit pas dans cet État palestinien. »
Thomas Santoni va plus loin. Il rappelle que cette reconnaissance, pour avoir du sens, doit être réciproque. « Quant à la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays qui ne le font pas actuellement, celle-ci peut avoir lieu mais à condition qu'Israël reconnaisse la Palestine », affirme-t-il. Et pour lui, la justice ne peut être dissociée de la diplomatie : « Il y a aujourd'hui une nécessité de reconnaissance du génocide qu’ont subi et subissent les Palestiniens. »
Évoquant la mémoire du procès de Nuremberg, Thomas Santoni estime qu’il faudra « aussi des procès contre les acteurs du génocide palestinien et tous ceux qui l'ont soutenu ». L’impunité, selon lui, ne peut plus durer : « L’impunité de la politique d’extrême droite du gouvernement israélien et de ses alliés impérialistes américains doit cesser immédiatement. »
Dans cette perspective, il insiste sur le rôle central des mobilisations citoyennes : « Cela passera par la justice, et par la résistance que mènent tous les militants de la cause palestinienne et les Palestiniens eux-mêmes. »