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Procès des soutiens de Colonna : La défense plaide la relaxe


Nicole Mari le Vendredi 12 Avril 2013 à 22:57

Suite et fin du procès en appel des cinq personnes soupçonnées d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale. Ce dernier, absent du procès, s’est manifesté par le biais d’une courte lettre lue à la fin des débats, où il clame de nouveau son innocence. La défense a, collectivement, plaidé la relaxe et s’est attachée à démonter l’accusation « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Le jugement, mis en délibéré, sera rendu le 23 mai prochain.



Procès des soutiens de Colonna : La défense plaide la relaxe
« Je suis innocent ». Ces mots d’Yvan Colonna ont résonné, peut-être, pour la dernière fois, dans l'enceinte d'un tribunal français. Condamné définitivement à la prison à perpétuité, le militant nationaliste a épuisé tous ses recours dans l’hexagone et se tourne, désormais, vers la Cour européenne de justice. Ce procès en appel des cinq personnes, soupçonnées de l'avoir aidé pendant sa cavale, était certainement sa dernière chance de clamer son innocence. Il ne s’en est pas privé. Bien qu’absent à l’audience, il a refusé d’être extrait de sa cellule de la centrale d’Arles pour y assister, il a fait lire, à la fin des débats, par Me José Martini, l’avocat de Marc Simeoni et de Patrizia Gattaceca, une courte lettre adressée au président de la Cour d’appel de Paris. Dans cette missive, il n’oublie pas ceux qui l’ont aidé : « Certains étaient des amis de longue date, d’autres le sont devenus », précise-t-il.
 
Nationaliste, pas terroriste
Auparavant, la défense, dans une belle unanimité, a plaidé la relaxe pour l’ensemble des prévenus. L’enjeu premier était de démonter l’accusation « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Une accusation qui, pour les avocats, ne repose sur rien puisque que l’association de malfaiteurs suppose d’imposer ses vues par l’intimidation ou la terreur. Ils arguent qu’elle ne peut, dans ce cas, être constituée puisque que le seul but des cinq personnes mises en examen était d’aider Yvan Colonna, non de mener une entreprise terroriste. Les prévenus sont « nationalistes, pas terroristes », résume Me Alexandre Albin, l’un des défenseurs, avec Me Eric Barbolosi, d’André Colonna d'Istria.
 
Une manipulation policière
Me José Martini, qui clôt les plaidoiries, s’est attardé sur le cas de Marc Simeoni, le seul à nier les faits qui lui sont reprochés. Dynamitant minutieusement un par un tous les éléments à charge, il donne à la Cour une version et une vision nouvelles. Il avance l’idée que l’empreinte ADN du pouce gauche d’Yvan Colonna, retrouvée sur une boite de pansement au domicile de Marc Simeoni, serait le résultat d’une manipulation. Il rappelle que cette empreinte « a été retrouvée dans un scellé critiqué par l’expert lui-même », que la perquisition chez Marc Simeoni a été effectuée en deux fois, parce un élément pileux attribué au berger de Cargèse avait disparu des scellés et qu'un autre élément pileux attribué à Alain Ferrandi (condamné dans l'assassinat du préfet Erignac, ndlr) y aurait été découvert. Or, ce dernier a été interpellé en mai 1999 et Marc Simeoni n'a loué son logement qu'en octobre 2000.
 
Une autre hypothèse
« Il ne faut pas se contenter des évidences, mais il faut aller au fond des choses. On ne peut pas exclure l’hypothèse d’une manipulation policière », argumente l’avocat bastiais.
Pour étayer sa thèse, Me Martini s’appuie sur la personnalité très controversée du fonctionnaire de police qui a effectué les prélèvements, le fameux commandant Lebbos, à l’époque chef d’enquête à la DNAT (Division nationale antiterroriste). Ce dernier, déjà condamné par la justice pour falsification de documents, avait détourné, en 2003, une commission rogatoire dans l'affaire Érignac à des fins personnelles.
« Je vous soumets une autre hypothèse. A vous de juger », conclut l’ancien bâtonnier.
La Cour rendra son verdict le 23 mai prochain.
N. M.