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Privé des aides gouvernementales, le cri de détresse d’un jeune entrepreneur ajaccien


Julia Sereni le Mercredi 17 Février 2021 à 16:53

Touché par les mesures de fermeture des galeries marchandes, Pierre Giacometti, à la tête de la boutique « Kraft » située dans le centre commercial Géant Casino à Ajaccio, se retrouve dans une situation plus que précaire. Son entreprise étant trop récente pour rentrer dans les critères d’indemnisation, il ne perçoit aucune aide de l’État et accumule les dettes.



Pierre Giacometti dans sa boutique "Kraft" à Ajaccio.
Pierre Giacometti dans sa boutique "Kraft" à Ajaccio.
Derrière son comptoir où trônent les cinq lettres de son enseigne, Pierre Giacometti garde le sourire. Pourtant, l’inquiétude est grande pour ce jeune chef d’entreprise ajaccien.

Son magasin, « Kraft », un concept-store de décoration d’intérieur et de cadeaux « de dernière minute », a ouvert le 24 octobre dernier… pour fermer trois jours plus tard, le 27, en raison du deuxième confinement. S’il a pu lever le rideau en décembre et janvier, depuis le 3 février, il a de nouveau été contraint de le baisser.

Un calvaire pour le jeune entrepreneur, installé trop récemment pour pouvoir prétendre aux aides gouvernementales : « Je n’ai droit à rien. Je suis la seule société de Corse à n’avoir aucune aide, ni le chômage partiel, ni les 10 000 euros » explique Pierre Giacometti. En effet, pour y être éligible, une entreprise doit avoir débuté son activité avant le 30 septembre 2020, ce qui n'est donc pas le cas de « Kraft ».

Un fossé juridique

Plongé dans une situation kafkaïenne, Pierre Giacometti, qui a investi près de 300 000 euros dans son projet, se retrouve criblé de dettes. Et sans l’ombre d’une solution. Pourtant, le jeune homme n’a pas ménagé ses efforts : « Je me suis tourné vers la collectivité de Corse. J’ai échangé avec Gilles Simeoni et Jean-Christophe Angelini. Ils ont tout essayé mais pour l’instant le dossier est au point mort. Je suis dans un fossé juridique » déplore le commerçant pour qui une partie du salut pourrait venir du groupe CORIN, qui gère les loyers. « Je leur demande au moins de m’aider pour les loyers de février et des mois suivants qui seront fermés. Pour cette nouvelle fermeture, le groupe ne peut pas m’aider ».
 
À la complexité administrative de la situation s’ajoute aujourd'hui un sentiment d’injustice : « Je vois le parking de Leroy Merlin, juste en face, plein à craquer. Je le vis mal. Je ne comprends pas pourquoi le préfet a fermé la galerie de Géant qui est en dessous des 20 000 mètres carrés. C’est incohérent » estime Pierre Giacometti.

« Je ne dors pas la nuit, je suis épuisé »

De quoi perdre le sourire, lui dont les proches louaient la joie de vivre. Le débit du jeune homme s’accélère : « Tout cela impacte ma vie privée. Heureusement que mes parents m’aident. J’ai dû mettre le remboursement de mon prêt immobilier en pause. Pour ce qui est de l'entreprise, je n'ai que des dettes. Je ne dors pas la nuit, je suis épuisé » lâche Pierre Giacometti.
 
Lorsqu’il envisageait sa reconversion professionnelle, ce n’était certainement pas cela que cet ancien community manager du feuilleton « Plus belle la vie » imaginait. Pourtant, il dit ne rien regretter. « Le concept marche très bien, je m’en veux simplement de l’avoir lancé à ce moment-là. Mais je ne pouvais pas savoir… » conclut amèrement le commerçant.