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Pour protester contre le maintien du statut de DPS d’Alessandri et Ferrandi, l’Assemblée de Corse lève la séance


Nicole Mari le Mardi 22 Décembre 2020 à 17:04

Après l’annonce du rejet par le Premier Ministre, Jean Castex, de la demande de levée du statut de Détenu particulièrement surveillé (DPS) de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi, condamnés à perpétuité dans l’Affaire Erignac, l’Assemblée de Corse stoppe ses travaux en signe de colère et de protestation. Estimant qu’il ne pouvait continuer à siéger comme si de rien n’était, le groupe Femu a Corsica demande une suspension de séance. Les Nationalistes décident, in fine, de stopper les travaux et de ne faire passer que les dossiers nécessitant un déblocage de crédit avant le 31 décembre. Sans débat.



Pour protester contre le maintien du statut de DPS d’Alessandri et Ferrandi, l’Assemblée de Corse lève la séance
« Ce qui vient de se passer n’est pas rien ! On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé ! ». La demande de suspension de séance est venue, mardi matin, de Hyacinthe Vanni. Le président du groupe Femu a Corsica et vice-président de l’Assemblée de Corse est sous le choc, comme tous ses condisciples dans l’hémicycle, à l’annonce du maintien du statut de DPS pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Après les réactions à chaud du président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, du président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, qui expriment leur colère et leur consternation, et celles des présidents des groupes de l’opposition qui s’y associent, il prend la parole pour dire que la séance ne peut pas continuer et demande une suspension qui est automatiquement accordée. Le président de l’Exécutif faisant valoir que des dossiers contenant des demandes de crédits doivent impérativement être votés avant le 31 décembre, il est convenu que la session reprendrait à 14 heures. Elle ne reprendra finalement à 15h20, après un long débat en coulisses, et pour une petite demi-heure.
 
Un mouvement solennel
« Un certain nombre de collègues ont estimé que notre Assemblée ne pouvait pas reprendre ces travaux comme si de rien n’était et, donc, qu’il convenait de mettre immédiatement un terme à cette session », annonce, dès la reprise, le président Talamoni. « Il se trouve qu’il y a, parmi la dizaine de rapports que présente le Conseil exécutif, a peu près la moitié qui doivent être votés avant la fin de l’année, des rapports qui ne peuvent pas être votés en Commission permanente pour des raisons juridiques. On ne peut les voter qu’à l’occasion de cette réunion de l’Assemblée de Corse. La question est complexe, compte tenu du problème juridique que nous rencontrons », confirme-t-il. « Après discussion avec l’ensemble des groupes, nous proposons de ne faire passer aujourd’hui que les rapports qui doivent être impérativement votés avant la fin de l’année. Nous le faisons sans débat. Cela veut dire que l’ensemble des groupes, qui vont confirmer leur position, s’engagent à ne pas intervenir par solidarité avec ce mouvement que nous voulons solennel. Ensuite, nous levons la séance ». La proposition faite conjointement avec le président de l’Exécutif, le président de l’Assemblée de Corse demande aux groupes de donner publiquement leur position sur « cette démarche collective qui vise à montrer que notre Assemblée ne saurait accepter la situation qui est faite à la Corse à partir de la décision dont nous avons longuement parlé ce matin ».
 
L’unanimité nationaliste
Le président Simeoni valide : « Après un débat, l’accord est quasi-unanime. L’esprit est, donc, bien acté que nous ne pouvons pas reprendre et continuer nos travaux, eu égard à ce qu’il s’est passé ce matin. Ne passent que les dossiers qui doivent impérativement l’être avant le 31 décembre, notamment pour des raisons tenant au bon fonctionnement de l’institution. Sur la base de ces critères, le Conseil exécutif a écarté un certain nombre de dossiers qui seront renvoyés à la prochaine session. Les dossiers retenus seront présentés très rapidement ». Les huit motions, qui devaient être examinées, sont, de la même façon, toutes renvoyées à la session de janvier. A sa suite, les trois groupes nationalistes acquiescent, sobrement et en peu de mots, ces modalités. « La situation est vraiment gravissime et inacceptable. L’urgence nous oblige à rester pour quelques rapports, nous partageons la position présentée », résume Anne Tomasi, élue du groupe PNC.
 
Le désaccord de la droite
L’opposition est plus mitigée. Seul, le groupe LREM Anda per Dumane y adhère complètement : « On regrette cette décision qui a été prise par le Premier ministre. Au-delà de la sphère régionale, c’est, pour tout le pays, une atteinte à la démocratie. Notre groupe s’associe à cette proposition. Nous ne ferons aucune intervention sur les rapports », indique Marie-Hélène Padovani. Les deux groupes de droite expriment leur désaccord sur l’arrêt de la session : « Nous ne partageons pas cette analyse. Pour notre part, nous nous sommes situés à la hauteur des enjeux compassionnels ce matin et nous pensions qu’il était de notre devoir de faire fonctionner  jusqu’au bout l’Assemblée délibérante, c’est-à-dire l’intégralité des rapports du Conseil exécutif et l’intégralité des débats que nous aurions pu avoir à l’occasion de l’examen des motions. Ce faisant, sans compromettre la poursuite des travaux par défaut de quorum et puisqu’il n’y aura pas de débat, nous allons discrètement nous retirer », déclare le président du groupe Per L’Avvene, Jean-Martin Mondoloni. Un avis à moitié partagé par Valérie Bozzi, présidente du groupe La Corse dans la République : « Nous aussi, nous pensions que nous pourrions terminer cette session. Le moment de compassion passée, nous aurions pu terminer nos travaux. Nous sommes d’accord pour ne pas intervenir sur les dossiers sélectionnés ». Les dossiers urgents sont expédiés en moins d’une demi-heure. Sans commentaire. La séance est, ensuite, immédiatement levée.
 
N.M.