Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe au maire de Bastia, déléguée à la politique de la Ville, au renouvellement urbain et à la vie de quartiers, entourée des représentantes de la DRUCS (Direction du renouvellement urbain et de la cohésion sociale), de la CAB et de l’Etat.
- Quel a été l’objet de cette réunion avec les acteurs associatifs de la politique de la Ville.
- Nous avons lancé officiellement l’appel à projets lié au dispositif 2015-2020 de la politique de la Ville et ses nouvelles orientations afin que les associations puissent répondre aux exigences de ce contrat. Nous avons donné un sens à l’année 2016 en mettant des priorités sur les axes choisis.
- Pouvez-vous rappeler l’enjeu, pour Bastia, de la politique de la Ville ?
- La politique de la Ville intervient avec des moyens spécifiques dans des zones à forte précarité, à forte tension sociale. Cette zone comporte, à Bastia, plus de 9 000 personnes. C’est énorme ! Quand on compare avec les Jardins de l’Empereur qui est un espace constitué d’un millier de personnes ! Nous travaillons sur une masse qui représente 25% de la population bastiaise. Face à la forte paupérisation, il faut des moyens spécifiques, en plus des dotations normales, pour essayer de faire sortir, de la précarité et des difficultés, les habitants de ces quartiers.
- Par quels types d’actions ?
- L’action s’opère sur trois piliers : le volet urbain avec la restructuration urbaine, l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine), le volet social avec la gestion urbaine de proximité (GUP) et des médiateurs qui, sur le terrain, travaillent à resserrer des liens intergénérationnels, enfin le volet économique. Avec des questions concrètes : comment travailler sur l’insertion de jeunes qui, souvent, n’ont pas d’emploi ? Comment parvenir à ramener vers l’emploi des jeunes qui n’ont pas fait d’études ? … Beaucoup de ces jeunes sont concentrés dans ces zones à forte tension.
- Quelles zones sont concernées ?
- Montesoru, Paese Novu et le Centre ancien avec le quartier du Puntettu. Nous sommes très contents parce que nous avons réussi à mettre, dans ce nouveau dispositif, un zoom particulier sur le quartier Saint Antoine-San Gaetano. Ce n’est pas, aujourd’hui, un quartier prioritaire, mais un quartier de veille, c’est-à-dire que nous surveillons avec attention. Nous n’avons pas de moyens spécifiques sur cette zone, mais nous disposons de toute la logistique de la politique de la Ville pour établir des diagnostics. Nous avons, également, une priorité sur le droit commun. Entre deux projets équivalents, si l’un concerne le quartier Saint Antoine, nous aurons les moyens d’influencer afin que ce dernier soit rendu éligible à un dispositif de l’Etat.
- Quels partenaires interviennent ?
- La Communauté d’agglomération de Bastia (CAB), la Ville, le Conseil départemental et la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Notre but est de sensibiliser certains partenaires qui ne mettent pas assez de moyens sur les actions spécifiques. Chacun des partenaires dit s’investir sur les dotations normales, mais nous souhaitons qu’à hauteur des moyens qu’il peut mobiliser et en fonction des compétences liées aux politiques spécifiques, il puisse, aussi, abonder le travail avec les associations.
- Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Pouvez-vous donner des exemples ?
- Le Conseil départemental intervient sur les personnes âgées ou isolées et sur le handicap. Il serait bon d’avoir des moyens spécifiques sur des actions en direction de ces publics. La CAB intervient sur la petite délinquance, l’économie, le sport et l’environnement. Nous aimerions qu’il y ait, à terme, des crédits spécifiques dans ces domaines-là. Aujourd’hui, l’essentiel de l’effort est supporté par la ville de Bastia et l’Etat, bien au-delà des compétences de l’un et de l’autre.
- En quoi consistent ces appels à projets ?
- C’est un appel en direction des associations qui travaillent dans des domaines quelquefois spécifiques, comme l’aide aux devoirs, la parentalité, le lien social… Chaque année, nous tentons de reproduire des actions qui sont nécessaires, comme l’aide aux devoirs parce qu’il y a toujours de nouveaux jeunes et des familles à soutenir. En même temps, nous avons besoin, chaque année, de trouver de nouvelles pistes, de nouvelles méthodes d’accompagnement pour être plus efficace et augmenter la force de notre action.
- Quelles seront les priorités pour l’année 2016 ?
- Nous avons décidé de mettre l’accent sur la propreté et sur le respect. Il nous semble essentiel de travailler sur les valeurs et sur les évènements de l’année 2015 au niveau national et de la fin de l’année en Corse. Nous utiliserons, toute l’année, la terminologie de « propreté » et de « respect » pour sensibiliser les publics concernés et même au-delà. Les associations déclineront à travers cette logique un certain nombre d’opérations. Par exemple, des opérations en faveur du lien intergénérationnel et des déplacements à la demande pour des jeunes en recherche d’emploi, qui n’ont pas de véhicule. Des associations proposent, déjà, ce type de transport dans le cadre de l’insertion professionnelle. On pourrait le généraliser aux personnes âgées qui ont des difficultés pour se rendre chez le médecin ou faire leurs courses. Ces actions de proximité permettent de faire reculer les difficultés rencontrées par les habitants de ces quartiers qui sont de nature structurelle ou passagère.
- Quel est le calendrier prévu ?
- Nous avons lancé l’appel à projets le 14 janvier. Les projets sont à déposer jusqu’au 17 février. Ensuite, un Comité sélectionnera des actions qui seront déclinées en deux ou trois phases durant l’année. Par-dessus cet appel à projets qui s’inscrit dans une étape impérative de la politique de la Ville, nous prendrons des initiatives pour faire de la pédagogie et de la sensibilisation sur la gestion des déchets et le tri sélectif. D’une manière ou d’une autre, nous allons à marche forcée vers une nouvelle manière d’appréhender la politique d’élimination des déchets. Il est important de la voir comme quelque chose de positif, pas seulement comme des ordures à éliminer, mais comme du recyclage à effectuer au maximum pour aller dans le sens du développement durable et de la préservation de l’espace.
- Pensez-vous qu’il est possible de mettre en place rapidement cette pratique du tri sélectif à Bastia ?
- Le tri doit être mis en place de manière rapide à Bastia pour plusieurs raisons. D’abord, nous n’avons plus les moyens financièrement d’augmenter la charge de la fiscalité locale sur les habitants. Ensuite, il faut arrêter de faire croire aux habitants que toute la responsabilité doit porter sur eux. Toute la chaine, de la production à l’élimination, doit être concernée, à proportion de ce chacun peut faire. Nous souhaitons sensibiliser les enfants à la culture du tri pour leur faire acquérir des réflexes que n’ont pas eu leurs parents puisqu’il n’y avait pas de gestion efficace du tri et de la valorisation. Le modèle actuel étant obsolète, il faudra bien, de toute façon, opter rapidement pour des solutions alternatives. Bastia peut devenir une zone d’expérimentation, particulièrement dans des zones encadrées comme les Quartiers Sud ou le Centre ancien. Nous proposerons, dans les mois à-venir, un défi pour les quartiers sur la collecte d’encombrants et une animation autour de l’Art.
- Pourquoi l’Art ?
- Nous pensons qu’il est important de rendre positif toutes les actions menées dans le cadre du traitement et de la valorisation des déchets. Par exemple, nous poserons des bennes dans les quartiers et des grapheurs décoreront l’espace du stockage pour montrer tout ce qu’on peut faire avec des déchets, comment les transformer avec du compost et du recyclage. Nous ferons visiter des déchetteries et des centres d’enfouissement pour faire connaître le circuit opéré par un sac d’ordures qu’on dépose au pied de son immeuble. C’est une façon aussi de faire prendre conscience aux gens que le travail de tri, qu’ils ont fait en amont, a une conséquence positive.
- Ce travail de sensibilisation va-t-il débuter dans les Quartiers Sud ?
- Oui ! Dans ces quartiers existent déjà la logistique, les équipes et le tissu associatif pour nous accompagner et promouvoir ce projet. Ce type d’actions a vocation à être généralisé à l’échelle de la ville, de la même manière que des actions, qui sont initiées en centre-ville, peuvent être déclinées dans les Quartiers Sud. Par exemple, la vision de la culture du centre ville autour du théâtre municipal s’est exportée dans les Quartiers Sud avec le Centre culturel Alb’Oru. Nous essayons de trouver le lien, de créer une symbiose, pour que les habitants du centre-ville fréquentent les Quartiers Sud et que les habitants des Quartiers Sud fréquentent davantage le centre-ville.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous avons lancé officiellement l’appel à projets lié au dispositif 2015-2020 de la politique de la Ville et ses nouvelles orientations afin que les associations puissent répondre aux exigences de ce contrat. Nous avons donné un sens à l’année 2016 en mettant des priorités sur les axes choisis.
- Pouvez-vous rappeler l’enjeu, pour Bastia, de la politique de la Ville ?
- La politique de la Ville intervient avec des moyens spécifiques dans des zones à forte précarité, à forte tension sociale. Cette zone comporte, à Bastia, plus de 9 000 personnes. C’est énorme ! Quand on compare avec les Jardins de l’Empereur qui est un espace constitué d’un millier de personnes ! Nous travaillons sur une masse qui représente 25% de la population bastiaise. Face à la forte paupérisation, il faut des moyens spécifiques, en plus des dotations normales, pour essayer de faire sortir, de la précarité et des difficultés, les habitants de ces quartiers.
- Par quels types d’actions ?
- L’action s’opère sur trois piliers : le volet urbain avec la restructuration urbaine, l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine), le volet social avec la gestion urbaine de proximité (GUP) et des médiateurs qui, sur le terrain, travaillent à resserrer des liens intergénérationnels, enfin le volet économique. Avec des questions concrètes : comment travailler sur l’insertion de jeunes qui, souvent, n’ont pas d’emploi ? Comment parvenir à ramener vers l’emploi des jeunes qui n’ont pas fait d’études ? … Beaucoup de ces jeunes sont concentrés dans ces zones à forte tension.
- Quelles zones sont concernées ?
- Montesoru, Paese Novu et le Centre ancien avec le quartier du Puntettu. Nous sommes très contents parce que nous avons réussi à mettre, dans ce nouveau dispositif, un zoom particulier sur le quartier Saint Antoine-San Gaetano. Ce n’est pas, aujourd’hui, un quartier prioritaire, mais un quartier de veille, c’est-à-dire que nous surveillons avec attention. Nous n’avons pas de moyens spécifiques sur cette zone, mais nous disposons de toute la logistique de la politique de la Ville pour établir des diagnostics. Nous avons, également, une priorité sur le droit commun. Entre deux projets équivalents, si l’un concerne le quartier Saint Antoine, nous aurons les moyens d’influencer afin que ce dernier soit rendu éligible à un dispositif de l’Etat.
- Quels partenaires interviennent ?
- La Communauté d’agglomération de Bastia (CAB), la Ville, le Conseil départemental et la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Notre but est de sensibiliser certains partenaires qui ne mettent pas assez de moyens sur les actions spécifiques. Chacun des partenaires dit s’investir sur les dotations normales, mais nous souhaitons qu’à hauteur des moyens qu’il peut mobiliser et en fonction des compétences liées aux politiques spécifiques, il puisse, aussi, abonder le travail avec les associations.
- Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Pouvez-vous donner des exemples ?
- Le Conseil départemental intervient sur les personnes âgées ou isolées et sur le handicap. Il serait bon d’avoir des moyens spécifiques sur des actions en direction de ces publics. La CAB intervient sur la petite délinquance, l’économie, le sport et l’environnement. Nous aimerions qu’il y ait, à terme, des crédits spécifiques dans ces domaines-là. Aujourd’hui, l’essentiel de l’effort est supporté par la ville de Bastia et l’Etat, bien au-delà des compétences de l’un et de l’autre.
- En quoi consistent ces appels à projets ?
- C’est un appel en direction des associations qui travaillent dans des domaines quelquefois spécifiques, comme l’aide aux devoirs, la parentalité, le lien social… Chaque année, nous tentons de reproduire des actions qui sont nécessaires, comme l’aide aux devoirs parce qu’il y a toujours de nouveaux jeunes et des familles à soutenir. En même temps, nous avons besoin, chaque année, de trouver de nouvelles pistes, de nouvelles méthodes d’accompagnement pour être plus efficace et augmenter la force de notre action.
- Quelles seront les priorités pour l’année 2016 ?
- Nous avons décidé de mettre l’accent sur la propreté et sur le respect. Il nous semble essentiel de travailler sur les valeurs et sur les évènements de l’année 2015 au niveau national et de la fin de l’année en Corse. Nous utiliserons, toute l’année, la terminologie de « propreté » et de « respect » pour sensibiliser les publics concernés et même au-delà. Les associations déclineront à travers cette logique un certain nombre d’opérations. Par exemple, des opérations en faveur du lien intergénérationnel et des déplacements à la demande pour des jeunes en recherche d’emploi, qui n’ont pas de véhicule. Des associations proposent, déjà, ce type de transport dans le cadre de l’insertion professionnelle. On pourrait le généraliser aux personnes âgées qui ont des difficultés pour se rendre chez le médecin ou faire leurs courses. Ces actions de proximité permettent de faire reculer les difficultés rencontrées par les habitants de ces quartiers qui sont de nature structurelle ou passagère.
- Quel est le calendrier prévu ?
- Nous avons lancé l’appel à projets le 14 janvier. Les projets sont à déposer jusqu’au 17 février. Ensuite, un Comité sélectionnera des actions qui seront déclinées en deux ou trois phases durant l’année. Par-dessus cet appel à projets qui s’inscrit dans une étape impérative de la politique de la Ville, nous prendrons des initiatives pour faire de la pédagogie et de la sensibilisation sur la gestion des déchets et le tri sélectif. D’une manière ou d’une autre, nous allons à marche forcée vers une nouvelle manière d’appréhender la politique d’élimination des déchets. Il est important de la voir comme quelque chose de positif, pas seulement comme des ordures à éliminer, mais comme du recyclage à effectuer au maximum pour aller dans le sens du développement durable et de la préservation de l’espace.
- Pensez-vous qu’il est possible de mettre en place rapidement cette pratique du tri sélectif à Bastia ?
- Le tri doit être mis en place de manière rapide à Bastia pour plusieurs raisons. D’abord, nous n’avons plus les moyens financièrement d’augmenter la charge de la fiscalité locale sur les habitants. Ensuite, il faut arrêter de faire croire aux habitants que toute la responsabilité doit porter sur eux. Toute la chaine, de la production à l’élimination, doit être concernée, à proportion de ce chacun peut faire. Nous souhaitons sensibiliser les enfants à la culture du tri pour leur faire acquérir des réflexes que n’ont pas eu leurs parents puisqu’il n’y avait pas de gestion efficace du tri et de la valorisation. Le modèle actuel étant obsolète, il faudra bien, de toute façon, opter rapidement pour des solutions alternatives. Bastia peut devenir une zone d’expérimentation, particulièrement dans des zones encadrées comme les Quartiers Sud ou le Centre ancien. Nous proposerons, dans les mois à-venir, un défi pour les quartiers sur la collecte d’encombrants et une animation autour de l’Art.
- Pourquoi l’Art ?
- Nous pensons qu’il est important de rendre positif toutes les actions menées dans le cadre du traitement et de la valorisation des déchets. Par exemple, nous poserons des bennes dans les quartiers et des grapheurs décoreront l’espace du stockage pour montrer tout ce qu’on peut faire avec des déchets, comment les transformer avec du compost et du recyclage. Nous ferons visiter des déchetteries et des centres d’enfouissement pour faire connaître le circuit opéré par un sac d’ordures qu’on dépose au pied de son immeuble. C’est une façon aussi de faire prendre conscience aux gens que le travail de tri, qu’ils ont fait en amont, a une conséquence positive.
- Ce travail de sensibilisation va-t-il débuter dans les Quartiers Sud ?
- Oui ! Dans ces quartiers existent déjà la logistique, les équipes et le tissu associatif pour nous accompagner et promouvoir ce projet. Ce type d’actions a vocation à être généralisé à l’échelle de la ville, de la même manière que des actions, qui sont initiées en centre-ville, peuvent être déclinées dans les Quartiers Sud. Par exemple, la vision de la culture du centre ville autour du théâtre municipal s’est exportée dans les Quartiers Sud avec le Centre culturel Alb’Oru. Nous essayons de trouver le lien, de créer une symbiose, pour que les habitants du centre-ville fréquentent les Quartiers Sud et que les habitants des Quartiers Sud fréquentent davantage le centre-ville.
Propos recueillis par Nicole MARI.