En 2020, 18 000 personnes vivent dans ces cinq QPV, soit 5 % de la population insulaire, une proportion en hausse par rapport à 2012. Cette part atteint 23 % de la population bastiaise, le quartier Bastia Meridiunale étant le plus peuplé avec 8 403 habitants. À Ajaccio, 8 % des habitants vivent en QPV, contre 10 % à Porto-Vecchio, où Pifano est le moins peuplé avec 1 130 habitants.
Une pauvreté plus concentrée… mais moins qu’ailleurs
« En Corse, 39 % des habitants des QPV vivent sous le seuil de pauvreté, contre 15 % dans les quartiers environnants », souligne l’Insee. Autrement dit, près de quatre personnes sur dix connaissent un niveau de revenu très faible. Les taux varient d’un quartier à l’autre, de 31 % aux Salines-Cannes à 42 % à Bastia Meridiunale.
Pour autant, l’île se distingue par la moindre concentration de la pauvreté dans ces zones sensibles. Seuls 9 % des Corses pauvres vivent dans un QPV (18 % dans les autres régions). Ce phénomène, selon l’Insee, s’explique par une pauvreté plus diffuse, notamment en milieu rural.
Le niveau de vie médian y est de 15 410 euros par an, supérieur à la moyenne des QPV de l’Hexagone (14 700 €) mais nettement en deçà de celui des autres quartiers urbains de l’île (23 830 €). Les ménages monoparentaux, les familles nombreuses et les jeunes y sont également surreprésentés, tout comme les personnes immigrées (17 %).
Des difficultés d’insertion professionnelle
L’emploi constitue un autre indicateur de ces quartiers. Dans les QPV corses, 53 % des adultes en âge de travailler occupent un poste, contre 68 % dans les quartiers voisins. Les femmes y sont particulièrement touchées : « 45 % d’entre elles travaillent, contre 63 % dans les environnements urbains », précise encore l’Institut. Cette situation est liée, selon l'INSEE, à un niveau de diplôme plus bas : 29 % des habitants de QPV détiennent le baccalauréat ou plus, alors que 54 % des résidents extérieurs à ces quartiers atteignent ce niveau. Un jeune de 16 à 25 ans sur quatre n’est ni en formation ni en emploi, soit une proportion plus élevée que dans les autres zones urbaines (un sur cinq).
Un parc social omniprésent
Côté logement, le parc social domine : 76 % des habitants des QPV corses occupent un logement HLM, dix fois plus qu’ailleurs. Cependant, la réalité varie d’un secteur à l’autre : neuf ménages sur dix vivent en HLM à Bastia Meridiunale, contre seulement un sur quatre à Bastia Mezana. Sur Nord rocade, le 100 % social est la norme.
Le bâti est en grande majorité ancien : neuf résidences principales sur dix ont été construites avant 1990, contre sept sur dix dans les quartiers environnants. Une telle ancienneté ne rime pas toujours avec vétusté, certains logements ayant été rénovés ou en cours de l’être. Enfin, 9 % des ménages y souffrent de suroccupation, soit trois points de plus que la moyenne urbaine.
Cette actualisation confirme donc les disparités entre les QPV et le reste des zones urbaines. « La moitié de la population des QPV insulaires vit avec moins de 15 410 euros par an », rappelle l’Insee, évoquant un défi de taille pour les collectivités.