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Plan de lutte contre les incivilités à Ajaccio : Le point avec le député-maire Laurent Marcangeli


Jean-François Vinciguerra le Mercredi 8 Juin 2016 à 20:04

En janvier dernier, le plan de lutte contre les incivilités a été présenté à la presse par le député-maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli et le président de la Capa, Jean-Jacques Ferrara, en présence d'élus, notamment François Filoni, délégué à la propreté. Six mois après, si de grandes satisfactions émanent de cette opération, il demeure néanmoins quelques points noirs que le député-maire d’Ajaccio entend faire disparaître au fil des jours et des semaines. En clair, certains ajacciens de quelques quartiers font toujours preuve d’incivisme et ne jouent pas le jeu. Dans ce cas, la municipalité est prête à prendre le taureau par les cornes pour que cette opération devienne un succès total. C’est en tout cas ce qui ressort de notre entretien avec Laurent Marcangeli



Plan de lutte contre les incivilités à Ajaccio : Le point avec le député-maire Laurent Marcangeli
« Nous engageons une guerre sans merci contre l’incivisme et contre les incivilités qui pourrissent la vie des Ajacciens depuis de trop longues années », avait affirmé le Député-maire Laurent Marcangeli lors de la présentation du projet.  
Des dépôts d’ordures anarchiques continuent alors que des horaires ont été mis en place, des encombrants, des cartons déposés à toutes heures alors qu’il suffit d’appeler les services spécifiques, un tri sélectif trop peu pratiqué, des propriétaires de chiens qui laissent tapisser de déjections les rues de la ville sans parler de la circulation et bien d’autres. « Rendez-vous dans quelques jours, et dorénavant, nous sommes tous responsables, tocca à voi ! » avait lancé Jean-Jacques Ferrara, le président de la Capa.
Propreté de la ville  et accroissement du tri, accessibilité des trottoirs et des voies aux piétons, aux parents avec poussette, aux personnes âgées, handicapées ou à mobilité réduite tout en préservant l’activité commerciale
Encourager l’animation nocturne tout en assurant la tranquillité des riverains du cœur de ville en appliquant la réglementation Respect des règles en matière de stationnement et de circulation. Autant de sujets évoqués avec Laurent Marcangeli qui a fait le point quelques mois après le lancement de la campagne de propreté qui semble porter ses fruits comme on peut le constater quotidiennement dans les quartiers.    
Le but d’une action publique est d’apporter des solutions. Eveiller les consciences, sensibiliser encourager mais aussi agir sur les infractions concernant la propreté urbaine. Des moyens, humains et matériels ont été déployés aux quatre coins de la ville et de sa périphérie. Le moins que l’on puisse dire est que les résultats sont probants.  
 
Respecter les objectifs
- Depuis plusieurs mois, la Ville a entrepris une collaboration étroite et renforcée entre ses services, ceux de la CAPA et  de l’Etat. Peut-on dresser un premier bilan ?
Le plan de lutte est entré en action en tout début d’année sous plusieurs formes. Il y avait trop d’incivilités en matière de propreté et d’hygiène que les Ajacciens constataient en permanence. C’est parfois l’action d’individus, de collectivités ou de commerces. Il y avait également la problématique liée à la circulation et ses débordements que l’on constate au quotidien, incivilités également sur les arrêtés d’occupation sur le domaine public, le bruit bien sûr. Nous sommes une île qui doit demeurer festive mais il y a des limites qui ne doivent pas être dépassées. Nous avons reçu ces derniers mois de nombreuses plaintes liées à un certain nombre d’excès dans certains quartiers de la ville très précis. Il ne faut pas oublier l’incivilité quotidienne que l’on constate malheureusement trop souvent : les animaux qui font leurs besoins sur la voie publique. On entre dans un domaine d’incivilité qui concerne la propreté de nos rues et avenues. Ce plan que nous avions décliné avait plusieurs objectifs :
- Renforcer les moyens de la ville afin de faire en sorte que tout ce qui a trait à la propreté nous permette d’être plus performant. Lorsque nous sommes arrivés aux affaires, la ville ne comptait alors qu’une trentaine d’agents dont certains étaient en fin de carrière. Nous avons renforcé les équipes et je pense que les Ajacciennes et les Ajacciens peuvent constater quotidiennement la présence de nos hommes en jaune dans l’ensemble des quartiers. Il n’y a pas de quartier favorisé par rapport aux autres. Nous essayons de faire en sorte que, de Mezzavia au parc Berthault, il y ait une véritable présence sur le terrain.
- De nouveaux horaires ont été mis en place, de manière plus continue sur l’ensemble de la ville. Nous avons considéré qu’il fallait étendre leur présence dans le temps et dans l’espace.
- L’équipement de ces hommes, avec de nouveaux matériaux sont à leur disposition, notamment pour les déjections canines. Les Ajacciens verront bientôt nos agents équipés de manière différente (investissement de 700 000 euros), pour tout ce qui concerne la propreté.
 
Le porte à porte, un succès
Avec la CAPA qui est partie prenante dans ce projet, il a été procédé au lancement de nouvelles méthodes de collecte dans le centre-ville. Quels résultats obtenez-vous après quelques mois de pratique ? 
La collecte remporte un énorme succès. Le centre ville n’est plus jonché de détritus de toutes sortes, de conteneurs remplis à ras-bords toute la journée, qui donnent une image plutôt négative. Il faut que les Ajacciens comprennent que nous avons fait le centre-ville parce qu’il était nécessaire de commencer notre expérimentation dans cette partie d’Ajaccio en raison de la présence des restaurants et des commerces. Ce sont de grands producteurs de déchets et nous avons été obligés de leur faire comprendre qu’il fallait jouer le jeu dans la mesure où depuis février dernier, au départ, certains ne le jouait pas. Nous avons été obligés de sanctionner. Il y a eu le volet prévention puis celui sanction. Aujourd’hui, cela nous a permis - sans gloriole aucune, je tiens à le préciser -  de multiplier le nombre d’amendes et ce malgré toutes les mises en garde du monde, malgré tout la bonne volonté, les campagnes de presse et le reste, certains ne voulaient pas adhérer à ce projet. On ne pouvait aller que dans le sens de la sanction.
Avec les nouvelles méthodes de la police municipale relatives aux amendes électroniques pour les stationnements gênants et autres incivilités routières, nous n’avons pas hésité à envoyer nos agents sur le terrain pour ouvrir les sacs poubelles déposées en dehors des heures classiques et nous continuerons de le faire. Nous ne sommes pas des fanatiques de la sanction mais il y a des limites à ne pas dépasser. Et ça marche. Toute action négative entraine une réaction de la part de la ville par le biais de sa police municipale ou du maire. »
 
- Les « hommes en jaune » comme vous les appelez occupent le terrain. On les voit partout, à toutes heures. Force est de reconnaître que la ville est nettement plus propre. Croyez-vous à une réelle prise de conscience ? 
Oui, je le crois. Nous avons décidé de frapper assez fort en début d’année parce que précisément, on voulait faire prendre conscience aux Ajacciens que c’était l’affaire de la municipalité d’organiser la propreté en ville. Nous assumons cette responsabilité mais cette une affaire collective. J’appelle les Ajacciennes et les Ajacciens à être fiers de leur ville. Etre fier, c’est la respecter, afin qu’elle soit propre. J’en appelle à cette sorte de patriotisme de l’Ajaccien qui doit se dire « ma ville est belle, je veux qu’elle soit propre, et pour qu’elle soit propre, je suis un des maillons de la chaîne. »

Montée en puissance des sanctions

Les rues désormais propres
Les rues désormais propres
- Des satisfactions quand même ?
C’est vrai, on en tire beaucoup de satisfaction de cette opération, mais je vous assure que nous nous remettons en questions continuellement. C’est sur une période longue et nous continuerons de la sorte. Tant que je suis le maire, les mêmes efforts seront répétés, nous ferons en sorte de poursuivre dans cette voie. Dès la fin de l’été, nous allons étendre la collecte « porte à porte » qui porte ses fruits, de l’étendre jusqu’à la rue maréchal Ornano qui est une rue commerçant. Plusieurs quartiers nous en font la demande, des copropriétés, des associations de quartiers qui se manifestent régulièrement, tous aimeraient que l’on décentralise cette collecte vers les quartiers résidentiels. C’est à l’étude et nous en reparlerons très bientôt. Nous espérons faire en sorte que les conteneurs qui, il faut l’avouer, ne sont pas très beaux d’un point de vue visuel, cessent d’être présents dans nos rues.
Je voudrais dire combien je suis satisfait sur un point bien précis, suite à des comportements dans certains endroits de la ville. Il y a des zones qui ne sont pas du tout respectées et cela pose un certain nombre de problèmes. Quoi qu’on fasse dans certains de ces sites, il y a toujours des gens qui salissent et cela n’est pas acceptable. Il n’y a pas de fatalité. Je vous rappelle qu’il y a quelques semaines, en passant devant un endroit connu où se trouvent plusieurs institutions et autres entreprises, Saintt Joseph pour ne pas le nommer, il existait une décharge à ciel ouvert, carrément sur un parking bien connu. Nous avons pris nos responsabilités et sommes allés voir les commerçants, les habitants, nous nous sommes montrés un peu menaçants. Depuis quelques temps, c’est propre, impeccable. Ces lieux sont devenus des places de stationnement. Aujourd’hui, je suis très en colère lorsque je vois que le travail des agents de la ville n’est pas respecté dans certains quartiers et cela, toujours aux mêmes endroits. Dans les mois à venir, il va y avoir une montée en puissance des sanctions. Je préviens les Ajacciennes et les Ajacciens qui ne sont pas respectueux du travail effectué, nous ne reculerons pas sur ces objectifs importants de la propreté et du cadre de vie à Ajaccio.
 
- Les opérations coup de nettoyage ont marqué les esprits ?
- C’est l’une des plus belles satisfactions que je retire de ces campagnes de propreté. Elles ont permis de créer la cohésion au niveau des services, les gens sont partis en équipes et la tâche à relever était rude. C’est une très bonne chose pour la bonne marche de nos activités.
Deuxième motif de satisfaction, la popularité des agents dans les quartiers sur les différentes opérations. On a même vu des gens applaudir nos hommes en jaune, les remercier… La valorisation du travail est quelque chose d’important, de motivant. L’exemple du quai des torpilleurs est une réussite totale. Des agents en vacances sont venus aider leurs collègues sur le terrain par solidarité et mieux encore, des habitants de la ville sont venus prêter main forte aux agents, cela grâce à la politique de la ville de François Filoni qui avait lancé la mobilisation sur les réseaux sociaux. Les gens sont venus à notre appel.  Voilà ce que j’appelle une grosse prise de conscience. Nous allons continuer de la sorte… »  
Propos recueillis par J.F.V. 

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