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Pietrosella gère son domaine public maritime : "une forme de lutte contre la privatisation" estime Jean-Baptiste Luccioni


Rémi Di Caro le Samedi 28 Septembre 2019 à 12:13

Alors que cette année encore, on a pu assister à de nouvelles tensions entre Institutions et exploitants de paillote, la commune de Pietrosella (Corse-du-Sud) a su tirer son épingle du jeu, et fait partie des 19 communes de Corse à avoir obtenu la concession de ses plages. Pour son maire, Jean-Baptiste Luccioni, qui a répondu à nos questions, il n'en résulte alors que du positif et une forme de "lutte contre la privatisation du domaine public maritime".



 -  Quel était l’intérêt d’obtenir cette concession ?
- Au niveau de la commune on a souhaité obtenir la concession des plages pour avoir une vision générale de la gestion communale. On a des compétences qu’on peut activer, comme celle de l’aménagement du territoire, et on se doit de proposer, à l’Etat et à la population, une idée de ce que devrait être l’utilisation et la destination de ces espaces. Tout ça dans le soucis d’une gestion démocratique et transparente, qui permet de savoir ce qui se passera sur ces espaces sur une durée de 12 ans, et ainsi prendre conscience de ce qu’on doit faire, ou ne pas faire. C’est une vision qui lie développement économique et préservation de l’environnement.
Vis-à-vis des concessionnaires, l’objectif était aussi de les sécuriser sur une durée plus importante qu’une précédente AOT de 1 an, puisque ils ont désormais une concession sur 6 ans qui leur permet de réaliser des plans de financement et autres engagements. Il faut faire en sorte qu’eux puissent s’investir de façon durable sans avoir, chaque année, une épée de Damoclès au dessus de la tête. 
 
- Quels travaux ont dû être réalisés afin d’obtenir ce « pouvoir de gestion » ?
- Les travaux effectués ont été de 2 ordres. Les premiers, ce sont des travaux liés directement à la concession et aux obligations que l’on a eu. En fait, pour avoir la concession des plages, il a fallu passer au conseil des sites, auprès duquel on s’est engagé à ce que les personnes attributaires des lots ne causent pas de nuisances environnementales, et en particulier sur ce qui est lié à l’assainissement. Donc les premiers travaux ont été d’amener, sur toutes les plages, l’eau, l’électricité, le téléphone et l’assainissement. Ces travaux ont été réalisés avant l’été et nous ont coûtés environ 600 000€.
La seconde partie des travaux réalisés, toujours en cours, ce sont des travaux « d’embellissement », et surtout de préservation du milieu, qu’on a déjà commencé sur les plages du Ruppione ou d’Agosta.. On a aussi entamé des travaux pour que le littoral de la commune soit le plus préservé possible et accessible au plus grand monde. Par exemple, sur la plage d’Agosta on nettoie et enlève les épaves, on préserve les dunes et on empêche les véhicules d’accéder sur le domaine public maritime grâce à certains outils, et notamment la mise en place d’une charte environnementale.

- Alors peut-on considérer ce pouvoir de gestion comme une forme de lutte contre une occupation abusive du domaine politique maritime ?
- L’avantage c’est que pour une durée de 12 ans, et de façon transparente, ça permet d’expliquer à tout le monde ce qui va se faire, avec notamment la mise en place d’une enquête publique d'un mois et plus de 1 600 personnes qui ont téléchargé le dossier. Ça nous permet d’avoir cette vision de l’aménagement mais aussi de réguler une utilisation abusive du domaine public maritime à travers des installations qui seraient non autorisées. Nous avons 12 plages, et seulement 5 qui ont une activité économique. Sur ces 5 plages, nous avons en moyenne 13% de l’espace qui est concédé comme activité économique. La volonté est aussi de rendre au plus grand nombre un espace public libre. 
 
- Justement, on sait que la plage "Mare e Sole" a été un sujet de polémique cette année, êtes-vous d’accord avec le fait qu’il faille sanctuariser cet espace ?
- Cette plage reste un point particulier dans le golfe d’Ajaccio, car c’est quand même un très bel espace et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a été classé en "espace remarquable" dans le cadre de la loi littoral. Sur la plage de "Mare e Sole", nous avons fait des propositions d’activité économique, comme la mise en place d'un kiosque de restauration. Mais lors de l’enquête publique, des remarques ont été faites sur le fait qu’il faille sanctuariser cet espace. La commissaire enquêtrice a pris en charge les remarques, et comme nous ne souhaitions pas faire de « la fausse démocratie », on a simplement entendu les différents avis et nous avons retiré ce projet.
 De façon plus générale, sur la plage de "Mare e Sole", classée dans le PADDUC, on s’inscrit totalement dans cette démarche là, donc nous n’installerons pas d’activités de type engins motorisés, engins de locations, ni matelas ou parasols qui ne sont pas autorisés dans ce cadre-là. 
 
- Pour conclure, si l’on devait faire le bilan économique de la saison estivale 2019 qui s’achève, qu’en est-il ?
- Pour la commune, il est facile puisque l’on connait le chiffre d’affaires potentiel, on connait la redevance que l’on doit payer à l’Etat, et l’emprunt que l’on a contracté pour les différents travaux. C’est un bilan qui s’équilibre et qui permet de faire en sorte que les contribuables de Pietrosella ne soient pas imputés sur leurs impôts de cette activité nouvelle.
Au niveau de l’activité économique des personnes qui ont exploité, c’est une saison qui a mis un peu de temps à démarrer mais qui s’est bien prolongée jusqu’à fin septembre, et d’ailleurs la plupart des aménagements sont encore ouverts aujourd’hui. Globalement, chacun était plutôt satisfait de cet été, notamment grâce à un bon mois de septembre.