Corse Net Infos - Pure player corse

Pietra-di-Verde : Après une reconversion professionnelle, Pierre-Ange Orsini rejoint "La Compagnie des déboucheurs"


Jeanne le Samedi 6 Août 2022 à 14:48

Les rêves d’enfant deviennent parfois réalité, pour peu qu’on ait le courage de quitter le chemin tout tracé qu’on suivait depuis des années ! L’histoire de Pierre-Ange Orsini est là pour nous le rappeler. Enfant de Pietra-di-Verde, il a fait le choix du retour après 45 ans d’absence, opérant une reconversion à 180 degrés et créant son entreprise dans le cadre d’une franchise.



 

« J’ai été élevé à Pietra-di-Verde, par mes parents et ma grand-mère maternelle. J’allais à l’école du village. Je suis quelqu’un de Pietra au plus profond de moi, quelqu’un de la terre des châtaigniers ! », analyse-t-il aujourd’hui. Quand le travail de son père conduit la famille à déménager sur le continent alors qu’il n’a que huit ans, la vie change. Certes, Pierre-Ange revient tous les étés pour les vacances. Mais il n’a qu’une envie : rentrer en Corse pour y travailler. « Mes parents s’y opposaient. Ils m’ont dit : fait des études ! » De fil en aiguille, Pierre-Ange se lance dans la finance et la gestion de patrimoine : « Je créais des produits financiers pour l’assurance-vie, dans le privé. Je gérais des contrats à plusieurs dizaines de millions d’euros, au quotidien, pour de grandes familles ». Ses revenus lui permettent de plus fréquents séjours au village. Mais il n’est pas satisfait pour autant : « Quand je quittais la Corse, je n’avais qu’un seul rêve : qu’il y ait une grève à Poretta pour ne pas repartir ! J’en avais mal au ventre une semaine avant… » Pendant les confinements liés au COVID, il séjourne plusieurs mois à Pietra, en télétravail. C’est le bonheur ! « Un jour, j’ai décidé de prendre les choses en main. Parce qu’un Corse, ça s’absente, ça ne s’exile pas ! Je me retrouvais justement célibataire. Il y a des moments pour tout : je me suis dit “C’est le bon moment !” ». La décision du retour est prise.

 

Une question de philosophie…et de canalisations bouchées !

Mais quelle activité professionnelle exercer ? « J’avais beaucoup d’amis dans la franchise. Je me suis renseigné. Avec une franchise, je pouvais continuer dans mon secteur précédent. Mais les banques d’affaires, les grosses fortunes, j’en avais fait le tour : c’est superficiel. Je suis quelqu’un de très manuel : j’avais envie de faire quelque chose de mes mains. J’étais intéressé par la plomberie : mais je ne suis pas plombier… ».

 

Il trouve finalement une franchise en pleine croissance, dans un domaine apparenté. « Une vieille profession remplacée après par les plombiers » le débouchage de canalisations. « C’est la philosophie de cette entreprise, La Compagnie des déboucheurs, qui m’a plu ! Elle avait été créée par deux jeunes entrepreneurs à la suite d’un problème de bouchage : un plombier était intervenu, il avait facturé sa prestation mais n’avait pas trouvé la solution. Il avait tenté de déboucher à l’acide chlorhydrique ! Une catastrophe ! ».  La Compagnie des déboucheurs opte, elle, pour une technique naturelle, sans produits chimiques, avec des caméras qui permettent d’inspecter les canalisations et, pour déboucher, des buses adaptées sur des tuyaux haute-pression, à 300 bars… 

« Je suis allé les voir avec un plan de développement commercial, un plan financier et un plan de communication. Ils ont vu ma motivation ! Et que j’étais bien organisé dans ma tête. Ça leur a plu ! ». D’autant que la franchise cherchejustement à s’implanter en Corse. Et que c’est précisément à un Corse que l’entreprise entend confier cette missionUn accord est trouvé. Pierre-Ange qui reçoit tout l’appui de sa fille de dix-sept ans, se lance dans l’aventure début juillet 2022, après quinze jours de formation

 

Un travail d’équipe !

« Je suis sur une micro-niche, explique-t-il. Je ne concurrence pas les plombiers : je fais le travail qu’ils ne font plus ». Pierre-Ange a prospecté une cinquantaine de plombiers et travaillent déjà avec certains. « Quand ils ont besoin de moi, ils m’appellent. Et je renvois mes clients vers eux si des travaux de plomberie sont nécessaires. C’est un travail d’équipe. C’est le plus important : sans équipe, on n’est rien ! » Cet ancien rugbyman de haut niveau sait de quoi il parle ! 

L’équipe, c’est aussi ce que lui apporte le contexte de la franchise : « Il y a des gens qui s’occupent de la communication, du marketing Et nous avons créé un groupe WhatsApp entre chefs d’entreprise de la franchise. Je suis seul sur le terrain, mais il y a une force de frappe de 100 personnes derrière. C’est une grande famille ! » Outre les anniversaires qu’ils se souhaitent mutuellement, c’est aussi la possibilité, par cet outil, d’une véritable entraide technique, en cas de problème. 

 

Le sens du service client

« Nous avons une image décalée. Le 4X4 avec lequel je sillonne les routes de Haute-Corse est rose et bleu : c’est plutôt original. J’ai créé une page Facebook où j’ai pris le surnom de Cap’tain Prisuttu. Lorsqu’il y a une intervention amusante, ou quelque chose de particulier, je le mets sur la page… » L’humour n’est pas une entrave au professionnalisme :  « J’ai fait un premier mois très positif. Je ne pensais pas être à ce chiffre-là… Et mon comptable non plus ! Je fais deux ou trois interventions par jour. Évidemment, je travaille : y compris samedi et dimanche, quand on m’appelle ! Mais c’est une grande satisfaction quand je vois les gens qui me contactent parce qu’ils ont des problèmes,tellement soulagés après l’intervention ! Je repars parfois avec des tomates, des oignons, des bouteilles de vin… comme on sait faire chez nous ! » 

Pierre-Ange espère bien élargir son activité à la Corse-du-Sud dès l’an prochain. « Je veux créer des emplois. Mon objectif, c’est d’embaucher jusqu’à quatre Corses pour rayonner sur toute l’île. J’en ai déjà un en vue… Et pas besoin de leur demander de diplôme : il suffit qu’ils aient le permis B et qu’ils soient motivés. Si on n’a pas peur de travaillerqu’on veut rendre service aux gens, s’amuser, voir du pays… et être bien payé… C’est un travail où on est totalement autonome ! ». 

 

Alors, ce retour au pays ? « Il ne faut pas avoir de regret dans la vie. J’ai quitté mon costume sur mesure. Maintenant, je suis en short et en T-shirt… et je suis le plus heureux des hommes ! »


Pierre-Ange Orsini
Pierre-Ange Orsini