Corse Net Infos - Pure player corse

Pierre-Antoine Villanova (Corsica Linea) : "il n’y aura aucune casse sociale"


le Mercredi 15 Janvier 2020 à 17:05

Rien de neuf sur le front de la grève de l'intersyndicale STC-CFTC de La Méridionale. Trois des navires de la compagnie de la Corsica Linea sont toujours stoppés à Marseille. Une situation à laquelle s’ajoute désormais la paralysie du port de Marseille, dans le cadre de la lutte engagée contre la réforme des retraites par les marins et personnels portuaires CGT, et qui a obligé la compagnie maritime à annuler ses traversées jusqu’au 17 janvier. Corsica Linea est ainsi contrainte, et forcée, de faire le dos rond. Comme on pouvait se l’imaginer, voilà qui n’est pas particulièrement apprécié par les dirigeants de la compagnie aux bateaux rouges, à l’image de Pierre-Antoine Villanova, son directeur général. Dans un entretien à CNI, celui-ci n’a pas mâché ses mots à l’égard du groupe STEF, l’actionnaire principal de La Méridionale, qu’il accuse de se complaire sciemment dans une position « dogmatique ».



Pierre-Antoine Villanova, directeur-général de Corsica Linea
Pierre-Antoine Villanova, directeur-général de Corsica Linea
Pierre-Antoine Villanova débute son entretien par un double constat.
"Le port de Marseille est affecté depuis une semaine par deux conflits sociaux. Il y a tout d'abord celui des dockers, lié à la réforme des retraites. Néanmoins, dans le cadre du service minimum,  les dockers rendent les navires accessibles aux passagers et  à 35 semi-remorques, direction les ports principaux en Corse. Il y a ensuite celui des marins de La Méridionale dont nous partageons plusieurs points de leurs revendications initiales, notamment l'arrêt du recours  de leur direction contre Corsica Linea. Malheureusement, le service minimum qui aurait pu être assuré par les dockers n’a pu être effectif du fait du blocage de nos navires par les marins de La Méridionale », ajoute, amer, le directeur général de Corsica Linea.
Pour lui, "c'est la première fois que l'on assiste à cela.  Même du temps de feu la SNCM, aucun marin en grève n'a jamais bloqué le navire d'un confrère. Et je trouve cela pour le moins regrettable."

"Position dogmatique"
Pierre-Antoine Villanova liste, ensuite, les griefs - et ils ne manquent pas - contre le Groupe Stef, principal actionnaire de La Méridionale.
Dans la ligne de mire du directeur général de Corsica Linea ?
Le management de la compagnie.
"Ce management n'a pas de visée. Pour lui, en Corse, rien ne doit changer. Il prône le statu-quo et demeure dans une position dogmatique, fondée sur une seule question : celle de savoir si La Méridionale  desservira Bastia, ou pas. ".
"Pour notre part, nous avons réduit le coût de la délégation de service public et nous avons amélioré la qualité de ce même service."
Mais par-delà ces politiques opposées, le directeur général de Corsica Linea a du mal à admettre les attaques. "J'encaisse  difficilement les attaques dont font l’objet notre outil naval et encore plus difficilement celles visant nos équipes -  dirigeants et salariés. "

"Préserver l'emploi navigant"
Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui il faut avancer.
Comment ?
"Nous devons désormais envisager comment répondre au prochain appel d'offres. Pour notre part nous voulons avoir à nos côtés le meilleur partenaire, afin de présenter la meilleure offre sur les plans sociétal, environnemental et financier et assurer ainsi une desserte fiable de la Corse pour les années à venir » précise Pierre-Antoine Villanova qui, à l'occasion, ne manque pas de souligner que Corsica Linea n'entend guère sacrifier des emplois dans le cadre d'un éventuel rapprochement.  
" Les options auxquelles nous réfléchissons sont toutes destinées à préserver l’emploi navigant. Pour notre part, nous  employions 810 marins en 2016. Nous en avons 980 aujourd'hui. Et il ne s'agit pas de marins low-cost. Ceux qui suivront seront de la même veine. La solution de La Méridionale et la nôtre sont équivalentes en termes d’emploi : il n’y aura donc aucune casse sociale pour les marins actuellement en grève. "
Et à ceux qui reprochent à Corsica Linea une volonté d'hégémonie ou de monopole, Pierre-Antoine Villanova répond d'une seule phrase : "Nous voulons simplement développer une belle  compagnie. Une compagnie capable d'assurer le service public avec 5 navires sur la Corse et 3 autres à destination de l'Afrique du Nord avec des perspectives de croissance. Et, surtout, une compagnie en mesure de satisfaire aux obligations de l'Assemblée de Corse et aux contraintes européennes, l'objectif premier étant de satisfaire au prochain appel d'offres du mois de février".


"Pourquoi jeter de l'huile sur le feu ?"
Quant à savoir si un réel rapprochement s'était opéré entre La Méridionale et Corsica Linea, ainsi que le laissait entendre un communiqué de La Méridionale diffusé mardi soir- les dirigeants s'étaient rencontrés dans la journée à Marseille - Pierre-Antoine Villanova a été formel : "je suis effaré par le contenu de ce communiqué. Il ne reflète en rien la teneur de nos échanges. Pourquoi vouloir ainsi  jeter de l'huile sur le feu dans une période où la Corse n'en a pas besoin? Nous ne poursuivons qu’un seul objectif : construire une desserte fiable et pérenne de la Corse et développer l’emploi maritime insulaire"