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Peri : L'antenne de la discorde


C.-V. M le Jeudi 15 Octobre 2020 à 11:11

U Culletivu Pà U Cumunu I Peri s'oppose depuis plusieurs semaines déjà à l'installation d'une antenne Free sur le site de San Larenzu Vecchju, site "chargé d'histoire et de sens" pour Jérôme Bisgambiglia et tous les membres du Culletivi. Lundi et mardi tous étaient sur les lieux pour empêcher la pose des éléments de l'antenne. Le porte-parole du U Culletivu Pà U Cumunu I Peri explique comment.



Lundi 12 Octobre
cette maudite antenne est livrée sur site à San Larenzu Vecchju, à Peri, ce jour, vers 14h30. Une partie de son assemblage a été effectuée afin de procéder à un hélitreuillage demain pour son installation sur sa dalle de béton.
Pour notre part, nous étions mobilisés sur le site.

Mardi 13 Octobre
Nous nous opposons à l'hélitreuillage, sans aucune violence, ni verbale, ni physique et en présence de la gendarmerie.
Vers 11 heures l’antenne est chargée et quitte le village. Pour où ?
Aux alentours de 14h30, elle revient, nous nous opposons une nouvelle fois à son installation malgré la présence d’un huissier de justice et de la gendarmerie.
L'antenne est à nouveau chargée et repart à 15 heures.
Free devrait déposer un recours au tribunal et si cette requête n’est pas rejetée, l’antenne pourra être installée, et si nous voulons nous opposer au montage, cette fois, les forces de l’ordre pourront « manu militari » nous y empêcher.


Depuis l’été 2019 cette antenne a emprunté 6 fois la D229 !
Pour rappel ;
J'ai déposé le 15 Juin 2019 devant le Tribunal Administratif de Bastia une requête en annulation de permis de construire. Par Ordonnance du 14 septembre 2020 ma requête a été rejetée.
En effet, aux termes de l’article R. 600-4 du code de l’urbanisme : « Les requêtes dirigées contre une décision relative à l’occupation ou l’utilisation du sol régie par le présent code doivent, à peine d’irrecevabilité́, être accompagnées du titre de propriété́, de la promesse de vente, du bail, du contrat préliminaire mentionné à l’article L. 261-15 du code de la construction et de l’habitation, du contrat de bail, ou de tout autre acte de nature à̀ établir le caractère régulier de l’occupation ou de la détention de son bien par le requérant »
Ainsi les lois récentes limitent-elles les possibilités de recours des villageois contre des permis de construire ou déclarations de travaux. Seuls les voisins proches justifiant d’un droit de propriété ou de jouissance sur un fond voisin se voient reconnaître le droit d’attaquer une telle autorisation.
Je ne possède pas de terrain jouxtant la parcelle sur laquelle il est prévu de construire l'antenne... de ce fait, ma procédure contre la commune de Peri et l’opérateur de téléphonie Free est caduque. Cependant le Tribunal a aussi rejeté les conclusions de la société Free Mobile et de la commune de Peri. Ainsi sont annulées :

La demande de la Commune de Peri à me condamner à lui verser la somme de 3 000 euros. La demande de la société Free Mobile à me condamner à lui verser la somme de 5 000 euros : annulée !
C'est sur ce seul article R. 600-4 du code de l’urbanisme que ma requête a été rejetée, sans qu’aucun de mes arguments ne soient seulement examinés ni retenus.


Pourtant :
- Le permis de construire n’a pas été affiché en Mairie (Peri village)
- Le panneau d’affichage du permis de construire n’a pas été affiché sur site alors que la dalle de béton supportant cette antenne était déjà coulée.
- Les différents panneaux d’affichage posés, par la suite, comportaient des erreurs manifestes. - La lettre du maire, donnant l’autorisation d’électrification, est non datée.
- Le dossier d’électrification est inexistant. (Électrification enterrée ou en aérien ?)
- L’avis favorable du maire est incomplet.
- L'absence de concertation de la municipalité avec la population est entérinée comme est entériné l'impact irrémédiable sur l'environnement et sur notre patrimoine (depuis des temps immémoriaux ce site contient les fondations d'une chapelle dédiée au Saint protecteur du village, datée du Xème siècle au moins et située à une quarantaine de mètres de l’antenne, le chemin de croix emprunté le Vendredi Saint est à quelques mètres et le cimetière communal se trouve a moins de cent mètres...) Cette antenne sera donc érigée sur un site remarquable, malgré l’arrivée de la fibre optique prévue fin décembre 2020, l'enfouissement prévu des réseaux aériens.
Mais la loi c’est la loi. Cette justice ne regarde pas ce qui est juste, ne juge pas une pensée, une position, ne défend pas une culture, l’environnement, un patrimoine.
Elle s'assure seulement que la loi est respectée à la lettre.


De ce fait, nous devons rester dans nos petites boites et regarder si l’intérêt à agir, pour contester des projets immondes, ne rentre pas dans le cadre de cette loi. Or, ici, la loi nous dit que, nous villageois, ne sommes pas directement victimes pour agir !
Quelle est la logique ?
Quelle est la vision à long terme pour la défense de notre environnement ?
Quelle est la place laissée à l'humain, à sa mémoire ?
Le citoyen doit-il absolument être exclu du processus le concernant directement ?
Et, quels sont nos recours devant ce genre de situation ?
Sommes-nous prêts à sacrifier le sacré, la mémoire, l’environnement au nom de la téléphonie ? Sommes-nous prêts à l’effacement de la mémoire face aux intérêts économiques ?

 
C’est en se consacrant un temps à nos racines que l’on puise la force de construire notre avenir. A l’impossible, nul n’est tenu !
En attendant, restons vigilants, forts, soudés et surtout mobilisés.