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Pénurie d'enseignants, langue corse : à la veille de la rentrée, le recteur veut rassurer


Julia Sereni le Jeudi 1 Septembre 2022 à 17:00

À la veille de la rentrée scolaire, ce jeudi 1er septembre, le recteur de Corse Jean-Philippe Agresti a réaffirmé la « mobilisation forte des équipes » pour cette nouvelle année. Si l’île n’est pour l’heure pas touchée par la pénurie d’enseignants qui frappe le pays, une autre problématique est sur la table : celle de la langue corse.



Le recteur de Corse Jean-Philippe Agresti. Photo Michel Luccioni
Le recteur de Corse Jean-Philippe Agresti. Photo Michel Luccioni
C’est dans les locaux de l’EREA, établissement régional d'enseignement adapté d’Ajaccio, route des Sanguinaires, que le recteur de Corse Jean-Philippe Agresti a convié l’ensemble des autorités académiques, à la veille de la rentrée scolaire. Ce vendredi 2 septembre, 47 350 élèves retrouveront les bancs des établissements scolaires insulaires. À leurs côtés, 3 871 enseignants et 5 030 personnels. « Nous avons une mobilisation forte des équipes pour que tout se passe au mieux », assure-t-il d’emblée.

La Corse loin de la pénurie d’enseignants

Pourtant, ces derniers jours, on voit poindre un certain nombre d’inquiétudes, du côté des parents d’élèves comme du corps professoral, et jusqu’aux plus hautes autorités de l’État. Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a lui-même reconnu un « contexte de tension inédite » pour sa première rentrée. En cause : plus de 4 000 postes d’enseignants non pourvus aux concours cette année. Une pénurie qui menace lourdement le bon déroulement cette année scolaire.
 
La Corse serait épargnée par le phénomène. Le recteur l’assure, « il n’y a pas de déficit structurel d’enseignants ». Et d’enfoncer le clou : « Tous nos concours ont trouvé preneurs dans le premier comme dans le second degré, nous avons un vivier de contractuels qui est large et que nous arrivons à mobiliser ». Avec une différence dans l’académie entre le premier degré, « moins de 1% de contractuels », et le second, « environ 10% ».

Un vivier de remplaçants « solide »

Chiffres à l’appui, Jean-Philippe Agresti affirme que le vivier est « solidement constitué : sur 230 contractuels mobilisés dans le second degré, il n’y a que 6 nouveaux, tous les autres ont déjà travaillé avec nous ». L’académie compte par ailleurs « 140 titulaires remplaçants ». Se défendant de « mettre la poussière sous le tapis », le recteur annonce une rentrée « normale », même s’il concède des « difficultés » dans certaines disciplines, comme en lettres, en mathématiques, ou encore dans les filières professionnelles, notamment dans les zones les plus rurales.
 
Le message est clair pour le recteur en cette rentrée, et il tient en un verbe, « rassurer ». « Rassurer parents et familles sur notre capacité à accueillir les enfants, rassurer sur le niveau de nos enseignants et rassurer sur le niveau de nos élèves. » C’est « un verre à moitié plein » que Jean-Philippe Agresti préfère voir en cette nouvelle année scolaire, concernant la pénurie d'enseignants donc, mais pas seulement.

Langue corse : « La volonté est là »

Sur la langue corse, autre point d’inquiétude des parents et des enseignants, le recteur se veut, là encore, optimiste. « La volonté de faire un travail important est là », martèle Jean-Philippe Agresti. « Nous avons un plan de formation qui fonctionne dans le premier degré depuis six ans et un plan de formation dans le second degré mis en place à la rentrée dernière », rappelle-t-il. Dans le premier degré, ce sont « 350 personnels » d’ores-et-déjà formés, dans le second degré, « 12 établissements sont concernés » pour une trentaine de professeurs de disciplines non linguistiques.
 
Pour l’avenir, le recteur évoque les « grandes possibilités juridiques » offertes par une circulaire prise par ses soins en mars dernier, suite à des directives nationales. À la clé, l’opportunité de « construire des projets en lien avec la langue corse ».

Travailler le « sens pédagogique »

À ces moyens « juridiques, financiers et humains » déjà disponibles, Jean-Philippe Agresti voit dans la généralisation du dispositif « L’école du futur », annoncée au niveau national, une occasion de promouvoir la langue corse. « Je suis prêt à jouer ce rôle de facilitateur et de médiateur entre le projet pédagogique porté par les équipes et les moyens supplémentaires nationaux basés sur le volontariat », indique-t-il.
 
Enfin, le conseil académique de la langue corse, recomposé suite aux dernières élections, devra permettre d’aborder « toutes les grandes questions de la langue corse et notamment les points d’amélioration ». Parmi ces derniers, la nécessité, pour le recteur, de « travailler sur le sens de l’inscription de la langue corse dans les projets pédagogiques ». Avec, par ailleurs, une attention soutenue sur deux années charnières : « le passage du CM2 au collège et de la troisième au lycée ». Reste à savoir si ces dernières annonces produiront l'effet escompté sur les enseignants comme sur les parents d'élèves.