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Passoires thermiques : en Corse très peu de logements concernés


Thibaud KEREBEL le Vendredi 13 Janvier 2023 à 18:38

Alors que la loi Climat et résilience prévoit l’interdiction progressive de louer les logements étiquetés G, F et E, à forte consommation énergétique, le problème semble concerner peu de monde en Corse. Entre les bailleurs sociaux et les agences immobilières, les chiffres sont très faibles.



Photo illustration. Michel Luccioni
Photo illustration. Michel Luccioni
En application de la loi Climat, votée en 2021, les logements à forte consommation énergétique (plus de 450 kWh/m²) sont interdits à la location en France depuis le 1er janvier 2023. Dans les années à venir, les performances minimales requises vont encore augmenter, aux horizons 2025, 2028 et 2034. Face à cette situation, comment s’organisent les principaux acteurs du territoire ?

Pour l’Office public de l’habitat corse (OPH2C), bailleur social qui gère près de 3300 logements, cette annonce n’a pas fait l’effet d’un tremblement de terre, loin de là. En effet, sur l’ensemble de son champ d’action, seul un bâtiment de 12 logements n’était pas conforme aux nouvelles normes, soit 0,3 % du parc locatif. « Quand la loi est passée, on avait déjà entrepris les démarches pour cet immeuble », explique Juliette Ponzevera, la présidente. « En fait, on fait des diagnostics énergétiques régulièrement, donc on n’a pas été pris de cours. »

Une gestion particulièrement appréciable, puisque les travaux à entreprendre sont bien souvent très lourds. Isolation des façades, des toits, remplacement des menuiseries extérieures et des volets, remplacement des portes d’entrée… Des investissements importants - entre 30 000 et 50 000 euros par logement d’après Juliette Ponzevera - , qui conduisent à une transformation radicale des performances énergétiques. « Bien souvent, les économies de consommation générées sont de l’ordre de 30 à 80% quand nous réalisons des opérations BBC (Bâtiment Basse Consommation, NDLR). À pratique de chauffe constante, les locataires ont moins de frais et un bien meilleur confort. »

Un risque d'augmentation du marché de la location ?

Du côté des agences immobilières, l’entrée en vigueur de cette interdiction de location n’a pas non plus représenté une grosse remise en question, comme l’explique Delphine Densari, responsable des transactions au sein de l’agence Laforêt de Bastia. « Sur les 150 logements que l’on gère à la location, on n’en a que deux qui ne rentrent pas dans les nouveaux critères. C’est vraiment minime. Donc les propriétaires ont maintenant deux possibilités : soit faire les travaux, soit vendre leur bien. »

De cette option découle toutefois une crainte. Si, pour éviter de mettre en œuvre des travaux très couteux, les propriétaires de logements énergivores décident de les vendre au lieu de les louer - lorsque cette option leur sera rendue impossible - le nombre de biens sur le marché de la location risque donc baisser. Et les prix, eux, pourraient alors augmenter. « C’est une possibilité, mais c’est toujours difficile de se prononcer sur l’avenir », analyse Luc-Vincent Rocchetti, directeur de l’agence STG Immobilier à Ajaccio. « Certes, il y a ce risque, mais en même temps, vu toutes les aides que l’État met en place pour financer les travaux de rénovation énergétique, je pense que même les ménages les plus modestes peuvent être amenés à les réaliser. »

Quoi qu'il en soit, pour le moment, très rares sont les agences qui comptent dans leur catalogue un ou plusieurs logements concernés. Mais ces chiffres (comme ceux des bailleurs sociaux) vont augmenter dans les années à venir, à mesure que les exigences du gouvernement iront à la hausse.