Corse Net Infos - Pure player corse

Parc Naturel marin : Le président Gilles Simeoni défend l’emploi local auprès de Nicolas Hulot


Nicole Mari le Jeudi 11 Janvier 2018 à 23:21

Les présidents des Parcs naturels marins, dont le président du Parc naturel marin du Cap Corse et des Agriates, Gilles Simeoni, ont été reçus, jeudi après-midi, par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. Un entretien pour demander, d’une seule et même voix, le respect des prérogatives des Parcs, notamment en matière d’avis conforme, - prérogative majeure qui leur a été conférée par décret et récemment retirée -, et le renforcement des moyens financiers et humains pour faire fonctionner ces structures. Le président Simeoni, accompagné par la directrice déléguée, Maddy Cancemi, en a profité pour présenter sa motion sur l'emploi local, validée à Canari l’an dernier, et approuvée par l’ensemble des parcs marins français.



Le président du Parc naturel marin du Cap Corse et des Agriates, Gilles Simeoni, et les présidents des parcs marins français, reçus par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot.
Le président du Parc naturel marin du Cap Corse et des Agriates, Gilles Simeoni, et les présidents des parcs marins français, reçus par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot.
Les présidents des Parcs naturels marins sont fort remontés. Ils l’ont dit d’une même voix, jeudi, à Paris, au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qu’ils ont rencontré à leur demande et à qui ils ont porté un message commun. Leur préoccupation est double. La première est la décision prise en novembre dernier par l’Etat de supprimer les avis conformes. « Les parcs marins, qui sont des instances décentralisées dotées d’un Conseil de gestion regroupant tous les acteurs du territoire, ont, de par la loi, la possibilité de donner des avis conformes concernant les grands projets mis en œuvre sur leur territoire. Ces avis lient l’Etat, notamment sur les projets d’aménagement qui ont un impact sur les activités du Parc », explique Gilles Simeoni. Ce droit, conféré aux parcs marins, par décret, leur a été, brutalement, retiré par le gouvernement, suite à l’affaire du projet de parc éolien offshore du Tréport en Normandie. Le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale a donné, fin octobre, un avis négatif à ce projet de grande ampleur, situé dans son périmètre au large des côtes de Seine-Maritime. L’implantation de ce projet, mis en œuvre par la multinationale Engie, s'y superpose à la zone d'activité des pêcheurs et au gisement d’amandes de mer.
 
Un casus belli
Le gouvernement, furieux de l'avis du parc normand, fait modifier le décret et retire aux Parcs la possibilité de donner des avis conformes. Il remplace ces derniers par une procédure de simplification administrative, désignant la nouvelle Agence française pour la biodiversité (AFB) comme service instructeur des dossiers. Face à la levée de boucliers du Parc et des pêcheurs normands, soutenus par le Comité national des pêches et de nombreux élus, l'AFB, dépendant du ministère de l’Ecologie, qui devait statuer fin novembre, reporte sa décision sine die. Le président du parc normand, Dominique Godefroy, menace de démissionner. Ses collègues lui emboîtent le pas. Pour les présidents des Parcs marins, la modification du décret est un casus belli ! Ils montent tous au créneau. « La possibilité de rendre des avis conformes est une prérogative majeure pour les parcs marins. La retirer, serait vider les Conseils de gestion de leur substance et les priver de leur pouvoir, puisque la décision serait prise, non plus par les acteurs locaux, mais par Paris. C’est l’antithèse de la politique de décentralisation initiale, les parcs marins ne seraient plus alors que des coquilles vides », commente Gilles Simeoni.
 
La défense de l’emploi local
Second point de la discussion avec Nicolas Hulot : la question des moyens matériels et humains. « Le gouvernement fait des annonces sur la biodiversité et l’utilité des parcs marins, mais, avec les restrictions budgétaires, ne nous donne pas les moyens de fonctionner. J’en ai profité pour faire une incise particulière à la Corse en présentant notre motion sur l’emploi local », poursuit-il. Une motion, votée à l’unanimité par le Conseil de gestion en juin dernier à Canari, après une polémique sur les recrutements. Le Parc marin du Cap Corse dispose de dix personnels : cinq sont mis à disposition par l’Office de l’environnement, et cinq dépendent de l’AFB qui opère des recrutements nationaux. Or, Ségolène Royal, du temps de son ministère, avait accepté d’ouvrir ces postes aux fonctionnaires territoriaux corses. La récusation de l’accord par l’AFB avait déclenché l’adoption à l’unanimité d’une motion réclamant que « les principes de transparence, d’équité et de valorisation de compétences locales concernant tous les recrutements au sein de l’institution, soient mis en œuvre, y compris pour les postes financés par l’AFB », que « les critères de connaissance du milieu marin local, de sa langue et de sa culture soient effectivement pris en compte dans tous les recrutements à intervenir », et d’être « associé ou consulté pour les recrutements en cours à intervenir sur les postes financés par l’AFB ».
 
Une motion validée
« J’avais, au préalable, présenté cette motion aux présidents des autres parcs marins qui l’ont validée en son principe, notamment ceux de Mayotte et de Martinique qui se retrouvent confrontés à la même problématique et à des fonctionnaires qui ne connaissent rien au milieu local », indique Gilles Simeoni. « Sur la question de l’avis conforme, Nicolas Hulot a indiqué qu’il donnera sa réponse dans les trois semaines. Sur le second point, il a décidé de confier une mission au Conseil économique pour le développement durable afin de voir comment renforcer les moyens matériels et financiers et prendre en compte le recrutement local ». Une grande satisfaction pour le président de l’Exécutif corse qui poursuit inlassablement son patient travail de lobbying et qui, là comme hier avec les présidents de région, réussit à rallier à sa cause ses homologues français. Le ministre, pour sa part, s’est montré, comme à son habitude, globalement ouvert et compréhensif, mais, sur ce dossier sensible, il se retrouve, encore une fois, sur la sellette, pris entre le marteau et l’enclume. D’autant que les présidents des parcs marins ne sont pas disposés à baisser la garde.
 
N.M.