Revenir sur une année d’engagement militant du courant indépendantiste. C’est l’objectif affiché par Nazione à l’approche des prochaines Ghjurnate internaziunale di Corti. À l’occasion d’une conférence de presse organisée ce lundi matin à Bastia, les militants ont présenté le programme de la 43e édition, qui se tiendra les 2 et 3 août prochains sur le site de la citadelle de Corte. L’occasion pour eux de revenir sur les actions menées cette année, alors que l’édition précédente s’était clôturée sur un appel à la mobilisation. “Cet appel s'est concrétisé par un certain nombre d'actions de terrain”, a rappelé Petru Antone Tomasi, porte-parole du mouvement. Parmi elles : des mobilisations “contre la colonisation du peuplement et la décorsisation des emplois”, notamment à travers les actions qui ont ciblé Leroy Merlin et France Travail, mais aussi “contre la spéculation immobilière” avec “l’action Erbalunga”, et “contre la dépossession de nos ressources naturelles”, en particulier autour du “projet d’extraction de nickel à Nonza et Albu”.
L’édition 2025 doit permettre de “prolonger cette action”, avec l’organisation d’un débat consacré à “la lutte du peuple corse pour le droit à la terre”. Prévu le samedi 2 août, il réunira “des maires issus du mouvement national ainsi que des représentants du monde agricole”. “Il s'agira d'échanger sur les différents moyens à mobiliser pour faire barrage efficacement à la spéculation immobilière, à la colonisation de peuplement et plus largement aux logiques de marchandisation de notre terre”, détaille Petru Antone Tomasi.
Un refus clair de l’accord de Beauvau
Au-delà des actions de terrain, Nazione maintient une ligne politique ferme sur la question institutionnelle. À l’automne dernier, le mouvement avait présenté devant l’Assemblée de Corse une proposition visant à inscrire l’île sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser de l’ONU. Malgré le rejet de cette démarche, Nazione entend maintenir cette orientation. “Cette démarche se structure et se poursuit”, affirme Petru Antone Tomasi.
Dans le même temps, le mouvement réaffirme son opposition totale à l’accord dit de Beauvau, un texte qui, selon ses militants, nie l’existence même du peuple corse et empêche toute avancée significative. “Ce projet d'accord ne confère pas de droits à un peuple, pas même à une communauté. Il est un projet de statut adapté à une population qui n'a ni droit, ni existence. On voit bien qu'on est sur un texte qui est absolument opposé aux intérêts de la Corse, puisqu'il vient figer dans le marbre constitutionnel pour des décennies un statut qui ne résoudra rien, et qui va permettre de continuer la colonisation du peuplement, la dépossession foncière et immobilière, et qui va, finalement, continuer à accentuer la diminution du peuple corse sur sa terre”, dénonce le porte-parole de Nazione.
Nazione fait également le parallèle entre ce processus et le projet d’accord signé le 12 juillet dernier à Bougival entre l’État français et des représentants kanaks. Un texte qui évoque la création d’un État de Nouvelle-Calédonie, la reconnaissance d’une nationalité calédonienne et le transfert de compétences régaliennes. “Lorsqu’on met en miroir les accords de Beauvau et de Bougival, on démontre qu’il est possible de parler d’État, de nationalité, de lois fondamentales lorsqu’on modifie la Constitution, mais que l'État français et ceux qui ont signé l'accord ont accepté de poser des lignes rouges politiques qui nient les droits du peuple corse. L'accord de Beauvau est à des années-lumière de ce qui a été négocié par les kanaks, et nous redisons notre hostilité à cet accord”, lance Petru Antone Tomasi.
Une ambition locale nourrie par des exemples européens
Nazione affiche aussi une ambition politique à l’échelle locale. Le mouvement s’appuie sur l’expérience d’autres régions indépendantistes d’Europe pour nourrir sa réflexion sur le rôle des municipalités dans le combat pour l’indépendance. Lors des prochaines Ghjurnate internaziunale di Corti, plusieurs élus et responsables indépendantistes issus du Pays Basque, de Catalogne et de Sardaigne seront présents. Parmi eux, Salvador Coll, maire de Cornellà de Terri et président de l’association des municipalités pour l’indépendance, mais aussi Gabriele Littera, maire de Serramanna et président de l'association des élus municipaux indépendantistes sardes et Elena Beloki, élue du mouvement basque Euskal Herria Bildu.
Tous partageront leur expérience lors d’un débat consacré à “l’enjeu du combat municipal au service de l’objectif d’indépendance”. “Il y a la nécessité d'une participation sur des bases politiques claires qui correspondent à ce qu'a développé Nazione ces derniers mois, et ceci va se concrétiser localement dans les mois à venir”, explique Petru Antone Tomasi. “Nous souhaitons nourrir notre réflexion avec un certain nombre d'expériences internationales, notamment du côté de la Catalogne, où on a la démonstration qu'on peut être indépendantiste catalan et avoir une stratégie qui est cohérente à l'échelle locale. C’est aussi le cas au Pays Basque et en Sardaigne, et ça viendra nourrir notre débat et nourrir notre stratégie pour les mois à venir.”
Le programme
Samedi 2 août
10h30 : ouverture des ghjurnate et de la foire artisanale
11h : conférence de presse d’ouverture en présence des délégations internationales
12h : animation musicale
15h : front international de décolonisation - défense internationale du droit des peuples, en finir avec le colonialisme
17h30 : droit à la terre, spéculation, colonisation de peuplement - débat sur le foncier en présence de maires du mouvement national et de représentants du monde agricole
21h : soirée culturelle avec I Voci di a Gravona
Dimanche 3 août
11h : table ronde sur les problématiques sanitaires - “CHU, organisation de la santé : quel modèle pour une Corse souveraine ?”
12h30 : animation musicale avec les élèves de Spartimusica
15h : di manu è di voce - chants, dessins, street art et pop art
16h : l’enjeu du combat municipal au service de l’objectif d’indépendance - regards sur les expériences catalane, basque et sarde
17h : Corsica - Kanaky : deux nations sous domination française à décoloniser - évolution statutaire, répression d’État, reconnaissance internationale
18h : meeting de Nazione
21h : soirée culturelle avec L’Intrecciu / L’Arcusgi
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