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Nanette Maupertuis : « Le statut particulier de 1982 n’a été que la première étape vers l’obtention de l’autonomie de la Corse »


Nicole Mari le Jeudi 27 Janvier 2022 à 15:11

Après les traditionnels vœux de Pace e Salute, Marie-Antoinette Maupertuis a presqu’entièrement consacré son allocution d’ouverture de la première session de l’année sur le 40ème anniversaire de l’Assemblée de Corse. La présidente de l’Assemblée de Corse revient sur la portée globale de cet évènement historique dont la célébration débutera le 2 mars et culminera en août prochain. Ce sera l’occasion, estime-t-elle, de faire une analyse rétrospective, tout en considérant que le statut particulier de 1982 n’est que la première étape vers l’obtention de l’autonomie de la Corse.



Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. Photo d'archive Michel Luccioni.
Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. Photo d'archive Michel Luccioni.
C’est par les traditionnels vœux de Pace e Salute que la présidente Marie-Antoinette Maupertuis a ouvert, jeudi matin, la première session de l’année de l’Assemblée de Corse. « Per principià sta sessione di Ghjennaghju, vi vogliu pregà auguri di pace è di salute i più sinceri pe u 2022. Pregu chì, st’annata chì principia, sarà di più serena, appaciata è ch’ella sippia quella di a fine di a crisa sanitaria. Spergu chì, in st’Assemblea, u nostru travagliu sia sempre di qualità, degnu di u mandatu chì ci anu dattu i Corsi. E chì a nostra indiatura cuntinueghja à dà a i Corsi a pussibilità di campà megliu, di campà bè, ancu di pettu à e difficultà ochjinche tremende. Capu d’annu, aghju una pinsata particulare di sulidarità incù i Corsi malati, ind’è u bisognu, è tutti quelli chì strazianu. I nostri anziani è i giovanni chi anu suffertu assai di sta crisa di u COVID. Allora, pace, salute è divizia à voi altri è, à tutti i Corsi… ch’elli campessinu in Corsica ò altrò ! », débute-t-elle in lingua nustrale.
 
De nouvelles règles
Une session très particulière qui inaugure le nouveau règlement intérieur adopté en décembre dernier et appliqué pour la première fois en session et qui, explique la présidente Maupertuis, « porte avec lui un certain nombre de changements importants. Certaines des dispositions qu’il entérine désormais, étaient en réalité déjà des pratiques d’usage, relevant de la tradition. D’autres représentent de réelles avancées, en particulier pour la place de l’opposition et la qualité du débat démocratique ». L’une des avancées est la possibilité, comme c’est le cas à l’Assemblée nationale, d’un droit d’appréciation après la réponse du Conseil exécutif à une question orale. « Lors des questions orales, vous avez pu déjà éprouver votre droit d’appréciation de la réponse faite par le Conseil exécutif, pour ceux du moins qui ont tenu les délais impartis pour poser leur question », lance-t-elle aux élus. « Le mode de prise de parole, de discussion autour des motions et le calcul des temps de parole notamment ont fait l’objet d’une refonte inédite que nous éprouverons également tout au long de cette séance. La qualité de nos échanges dépendra, en partie au moins, de la façon dont nous appliquerons ce règlement intérieur ».
 
Un 40ème anniversaire
Des évolutions réglementaires qui, enchaîne-t-elle, grâce à une coïncidence de calendrier, prennent effet l’année même du 40ème anniversaire de l’Assemblée de Corse. En effet, la loi portant statut particulier à la Corse est promulguée le 2 mars 1982. Le 8 août ont lieu les premières élections régionales, l’installation de la première assemblée de Corse aura lieu le 20 août. « 1982 est une date importante de l’histoire contemporaine de la Corse. Une avancée forte si l’on considère, dans une perspective historique, le lent processus politique et institutionnel de la décentralisation à la française. Une étape décisive qui contraste d’ailleurs aujourd’hui avec les timides propositions de la récente loi 3DS. Mais surtout, et avant tout, un événement majeur pour la Corse à travers l’obtention de ce statut particulier de 1982 qui représentait à l’époque une première victoire dans la quête d’autonomie. Et il nous incombe cette année de le commémorer » déclare Nanette Maupertuis. En précisant que, dans cette optique, elle soumettra, pendant cette session, « un rapport relatif à l’organisation de ces 40 ans dont les célébrations débuteront le 2 mars prochain, date de promulgation de la loi, et se poursuivront, avec notamment un cycle de conférences, mais aussi d’autres manifestations dont nous aurons aussi à convenir ensemble. Alors, certes, en fonction de nos spécificités politiques passées et présentes, nous relaterons et interpréterons de manière différente le sens et la portée de cette évolution institutionnelle ». 
 
Un évènement historique
La présidente Maupertuis en profite pour revenir sur la portée globale de cet évènement historique : « Il est un fait que personne ne démentira : le peuple corse s’était, à l’époque, fortement investi dans la joute électorale avec 17 listes présentées et une participation à près de 70 %. Dès sa création, la légitimité de notre Assemblée fut donc reconnue par le peuple. Elle s’est fait le témoin, le symbole de la vivacité du débat politique en Corse et de l’attachement démocratique de notre peuple qui place aujourd’hui en elle, ses espoirs et ses aspirations ». Et plus spécifiquement sur le sens de cet anniversaire pour les Nationalistes dont elle fait partie : « Pour la famille nationaliste, dans toute sa diversité, majoritairement représentée aujourd’hui dans cet hémicycle, il aura fallu près de cinquante années de luttes politiques, de travail démocratique, mais aussi de batailles électorales pour passer de la revendication politique d’un statut particulier à l’exercice du pouvoir à l’échelle territoriale. Mais à l’aune de ces célébrations, je ne veux pas que l’on oublie tous ceux qui ont fait vivre, chacun à leur manière et à la position qui était la leur à l’époque, cette institution si singulière dans le contexte français, mais finalement assez peu novatrice comparativement à ce qui pouvait exister dans d’autres régions européennes ».
 
Du statut à l’autonomie
Pour Nanette Maupertuis, cet anniversaire sera aussi l’occasion, « de rappeler les grandes figures politiques de notre île, qui se sont succédées dans les travées de l’Assemblée de Corse, mais aussi de celles qui ont eu la responsabilité de proposer, de rédiger ou de faire progresser le statut particulier. Celles qui ont dû, per forza ò per amore, l’appliquer ! Ce sera bien sûr, l’occasion d’une importante analyse rétrospective qui éclairera, j’en suis convaincue, les débats actuels et à venir sur l’autonomie, notamment au sein de la Commission des compétences législatives et réglementaires et pour l’évolution statutaire de la Corse de notre Assemblée ». Ce sera aussi, poursuit-elle « l’occasion de célébrer l’engagement des agents, notamment des secrétariats généraux de l’Assemblée et du Conseil exécutif dont certains sont la mémoire vivante de ce parlement ». Ce sera, enfin, « une opportunité de rapprocher les Corses de l’institution. Leur faire découvrir ou redécouvrir les spécificités de notre Assemblée, de ses organes consultatifs tels que l’Assemblea di a Giuventù ou le CESEC, de son patrimoine bâti auquel elle est attachée et de tout ce qui en fait la richesse ». 
 
Une première étape
L’idée, pour la présidente de l’Assemblée de Corse, est « de faire de la pédagogie auprès des plus jeunes et les encourager à s’impliquer toujours davantage dans la vie publique, politique et sociale de notre île. Permettre à tous les Corses de comprendre le rôle que joue notre institution dans le quotidien de chacun. Nous devons rappeler et montrer que l’Assemblée est un lieu de débats démocratiques, mais plus que cela. Que le statut particulier de 1982, malgré ses limites a été la première étape vers l’obtention des statuts suivants, l’avènement d’un Conseil exécutif il y a 30 ans en 1992 et de diverses compétences associées, mais aussi des évolutions encore à venir et un jour, je l’espère, de notre autonomie ».
 
N.M.