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Nanette Maupertuis : « L’autonomie n’est pas un fétiche, mais permettra d’augmenter le bien-être des Corses »


Nicole Mari le Jeudi 28 Juillet 2022 à 16:10

La présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, a consacré l’essentiel de son allocution d’ouverture de la dernière session de l’été au cycle de discussions sur l’avenir de la Corse et sur l’autonomie, qui a débuté la semaine dernière à Paris. Elle a salué le bon état d’esprit et le bon niveau politique de la délégation insulaire, ainsi que l’écoute et la volonté affichée de Paris. Et réaffirmer que l’autonomie n’est ni un fétiche, ni un concept magique, mais un degré fort de décentralisation qui permettra d’augmenter le bien-être des Corses. Et appelle tous les élus à construire ensemble un nouveau statut.



Nanette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Nanette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
« Per st’ultima sessione di l’annata, ci ritruvemu torna in una situazione abbastanza particulare postu chì a settimana scorsa, una delegazione d’eletti Corsi incuntrava in Parigi à u ministru di l’internu Gerald Darmanin. Eramu, a sapete tutti, prudenti di pettu à u ciculu di discussione chì s’appre incù u guvernu. Eranu raprisentati l’eletti di a Corsica in a so diversità per raprisintà a Corsica è i Corsi ». C’est sans surprise que la présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, a réservé sa traditionnelle allocution d’ouverture de la dernière session avant la trêve estivale au cycle de discussions sur l’avenir de la Corse qui, après maints reports, a débuté le 21 juillet à Paris avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin. « Un cycle s’est ouvert donc la semaine dernière, et les services de l’Etat, à Paris comme en Corse, semblent à minima dans une phase d’écoute », commente-t-elle d’emblée. Une séquence dédiée au rendu de ces échanges suivra l’après-midi même dans l’hémicycle.
 
Ne rien oublier !
Comme elle l’avait fait à l’issue de ce premier rendez-vous parisien, la présidente Maupertuis tient à « saluer le bon état d’esprit qui a prévalu au cours de cette rencontre. La réunion m’a semblé être dans le droit fil de la consultation publique qui s’était tenue le 16 mars dernier dans le salon vert. Une réunion moins cathartique qu’au mois de mars, où l’émotion avait prévalu ». Une allusion à la séance plénière à la Collectivité de Corse où le ministre avait tenté d’apaiser l’explosion de colère suscitée par l’agression mortelle d’Yvan Colonna, le 2 mars à la centrale d’Arles. Gérald Darmanin, qui avait au préalable lâché le mot « autonomie » pour éteindre l’incendie, avait longuement écouté les élus, les acteurs économiques et sociaux, les syndicats étudiants et les associations de prisonniers. « Ce fut à Paris une réunion plus politique, tournée vers l’avenir à court, moyen et long terme, ce temps de travail s’est ouvert sur une communication relative au rapport de l’Inspection générale de la justice sur l’assassinat d’Yvan Colonna qui sera remis à la Première Ministre ce jour. Nous serons évidemment vigilants sur le contenu de ce rapport et ne cesserons pas d’exiger la vérité sur les circonstances de cette tragédie. Personne non plus n’a oublié que deux hommes, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont encore en prison et peuvent bénéficier de la liberté conditionnelle. Les événements de mars ont eu lieu il y a quatre mois, c’est loin et à la fois c’est hier. On ne doit rien oublier de ce passé », estime la présidente.
 
Ni fétiche, ni magie !
Nanette Maupertuis se félicite que cette première réunion à l’Hôtel de Noirmoutier ait permis d’établir « une méthode et un calendrier resserré, mais néanmoins réaliste ». Et surtout, que « le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre, ne semblait pas se dédire, ni sur sa volonté d’aborder tous les sujets, ni sur la question de l’évolution institutionnelle que nous savons indispensable pour la Corse et les Corses. Gerald Darmanin a réaffirmé être ouvert à une discussion sur l’autonomie de plein droit et de plein exercice. L’évolution institutionnelle de la Corse sera donc évoquée à chacun des rendez-vous à venir entre la délégation d’élus de la Corse et le gouvernement, par le prisme des huit thématiques qui concernent le quotidien des Corses, mais qui ont également trait à leur culture, leur langue, leur identité et leur volonté d’être et de faire ». Elle martèle, encore une fois, que « l’autonomie n’est ni un fétiche, ni de la pensée magique ou un concept flou. Il s’agit d’un degré fort de décentralisation législative et fiscale qui doit permettre d’augmenter significativement le niveau de bien-être du peuple corse ». Elle réaffirme aussi, « qu’il n’y a pas, d’un côté, des Nationalistes hors sol qui souhaitent obtenir l’autonomie comme un totem, et de l’autre, ceux qui se préoccupent des vrais problèmes de la vie des Corses. Non ! Ce que j’ai vu à Paris, c’est l’ensemble des élus de la Corse qui se préoccupe des intérêts matériels et moraux de notre peuple ». Et de préciser qu’il s’agit bien, pour « des élus qui cherchent à construire les meilleures institutions pour le bien-être de leur peuple » de régler les problèmes du quotidien par « une autonomie, au plus près des enjeux de notre île qui nous permet ensemble d’améliorer la qualité de vie, la santé, la liberté d’entreprendre, le revenu, le pouvoir d’achat, l’épanouissement social ou encore la défense de l’environnement et de notre culture ».
 
Travailler ensemble
Afin d’étayer cette réalité socio-économique et politique qui, reconnaît la présidente de l’Assemblée de Corse, suscite de nombreuses interrogations, elle présentera, pendant cette session, une première contribution avec « des réflexions techniques qui rythmeront et enrichiront les négociations avec l’Etat ». Pour elle, la réunion de Paris « nous a conforté dans l’idée que nous devons tous travailler ensemble, comme nous l’avons déjà fait avec le rapport Mastor et les auditions de la Commission des compétences législatives et règlementaires, présidée par Romain Colonna, pour construire un statut qui soit en adéquation avec les besoins et les aspirations des Corses ». Elle revient sur la visite, il y a quelques jours, dans l’île du Président Bertin de la Vallée d’Aoste « pour évoquer le statut de son territoire qui est autonome depuis plus d’un demi-siècle, ainsi que le contexte ayant permis sa mise en œuvre. Il a évoqué longuement les mécanismes et les aspect techniques et politiques de gouvernance du Conseil du Val d’Aoste. Je tiens à le remercier chaleureusement pour son soutien, ses conseils et ses enseignements précieux. Nous ne manquerons pas de le solliciter à nouveau, comme nous solliciterons d’autres présidents de régions autonomes au cours du long processus qui s’est enclenché le 21 juillet dernier ». Nanette Maupertuis en profite pour conclure sur l’Europe, en abordant la candidature de Bastia comme capitale européenne de la culture en 2028 et le soutien apporté par de nombreuses personnalités européennes dont certaines, comme le député Younous Omarjee, étaient, cette semaine, à Bastia. « A candidatura à u label di capitale aurupea di a cultura hà ricevutu u sustegnu francu è chjaru di numerose persunalità, di a CRPM, di u deputatu Younous Omarjee è u cunsiglieru di u primu ministru serbu Radulovic -chi ghjè statu incaricatu di a candidatura di Novi Sad-. Ghjera un mumentu di spartera è d’appertura magnificu è vi possu assicurà ch’eri, c’era veramentu un populu corsu carcu à prughjetti, à brame è à talenti affiancu à l’astri populi aurupei in a corte di u museu di Bastia ! ».