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"Mieux prévenir que guérir". Michel Onfray revient sur les maladies et le deuil qui ont marqué sa vie


Marie-Helene Havard le Mercredi 24 Octobre 2018 à 12:27

Tout au long de ce mois d’octobre, différents événements se sont succédé à Bastia pour récolter des fonds au profit des associations qui œuvrent tout au long de l’année pour combattre le cancer et ses conséquences. Mardi, la conférence de Michel Onfray a clôturé ce mois de mobilisation.



C’est devant une salle comble, au théâtre de Bastia, que Michel Onfray, philosophe et essayiste français, accompagné de Paule Orsoni, également philosophe, a abordé, avec le franc parler qu’on lui connaît, différents sujets qui lui tiennent à cœur.

 

Son discours, ponctué d’anecdotes personnelles et de références à l’actualité, a permis d’aborder, avec plus de légèreté, des thématiques sensibles comme la maladie, la santé, l’euthanasie… le tout en partageant sa vision du monde hédoniste, épicurienne et athée.

 

Il a, lui-même, été confronté à la maladie. Ainsi, il a témoigné de son parcours du combattant, dans le monde médical, suite à un AVC mais aussi au sein de son couple avec le décès de son épouse des suites d’un cancer.

 

Mieux vaut prévenir que guérir
 

Pas question pour Michel Onfray de mâcher ses mots. Il veut faire bouger les lignes. Ainsi, pour lui, il n’y a pas de meilleure médecine que la prévention car en amont de la maladie, il y a la santé ne l’oublions pas ! 

 

La médecine prédictive est aussi un de ses cheval de bataille. Et il rappelle que des chercheurs, experts en génétique, planchent aujourd’hui sur le codage des gènes humains. Objectif : démontrer qu’il y aune interaction entre nos gènes et nos modes de vie…. Et que le stress n’est pas à l’origine de tout !

 

L’histoire de son AVC
 

Très posément, Michel Onfray revient sur cet épisode marquant de février dernier, alors qu’il débarque à la Gare St Lazare à Paris : « je descendais du train et j’ai senti une douleur fulgurante qui me traversait le cerveau. Une impression d’être comme perforé. » Pour lui, aucun doute il fait un AVC. Précédemment, Michel Onfray a survécu à AVC et à un infarctus à l’âge de 28 ans. Il se sait sur la sellette. 

 

Il consulte et interroge dans les jours qui suivent, cinq médecins qui passent à côté du diagnostic. Alors qu’il est sur le plateau de la journaliste Audrey Crespo-Mara et qu’il se plaint de maux de tête et des papillons dans les yeux qui ne le quittent plus, elle va l’inciter à poursuivre sa quête d’explication. Au sortir de l’émission, inquiète pour le philosophe, l’intervieweuse appelle son mari, l’animateur-producteur Thierry Ardisson qui le recommande à un de ses amis médecin. Michel Onfray sera pris en charge et une hospitalisation suivra. L’AVC est avéré !

 

Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre mais il fustige le fait qu’il y ait une médecine à 2 vitesses. Par ses relations et sa ténacité, il a réussi à se sortir de cet accident de la vie. Mais quid de ceux qui sont seuls et qui n’ont pas les moyens de faire entendre leur voix pour se défendre face à un système de santé impersonnel.

 

Pour Michel Onfray, arrêtons de penser la santé sur un registre politique ou de rentabilité. N’oublions pas de respecter la dignité humaine : « A l’hôpital, c’est la santé publique qui doit faire la loi et non pas les économies à réaliser dans tel ou tel service. »

 

La question de l’euthanasie
 

L'euthanasie est un sujet qu'il connait bien pour y avoir été directement confronté avec le cancer de sa compagne.

Michel Onfray ne le cache pas. Pour lui, c’est une pratique qu’il faut légaliser pour pouvoir mourir dans la dignité. « C’est un geste d’humanité et un enjeu de société » explique-t-il. « Il faut légiférer en faveur de l’euthanasie pour ne plus obliger les médecins à faire ce geste en catimini. »

 

Après plusieurs questions du public, Michel Onfray, en guise de conclusion, a fait une parenthèse sur la Révolution Française et notamment sur les Girondins qui pensaient la France à partir des régions. 

 

Michel Onfray plaide pour une décentralisation assumée et réelle. C’est son autre dada ! 

 

« Il y a tant de régions en France qui ont des talents et la Corse fait partie de celles-ci. Il est désespérant que les énergies de province ne puissent vivre qu’à Paris », souligne-t-il.  Son projet ? Mobiliser les citoyens, lassés par le jeu médiatique et politique, et redonner le pouvoir au peuple. Alors, à quand le lancement d’Etats-Généraux pour écouter chacun d’entre nous ?